Le siège européen de Google, Google Ireland, a été condamné par la cour d'appel de Dijon le 19 juillet. Le géant américain doit révéler les identités de deux personnes accusées d'avoir émis des faux avis sur une maison d'hôtes à Étrigny en Saône-et-Loire. L'affaire est loin d'être terminée.
Raoul Salama, propriétaire du Château de Balleure, se réveille et s’empresse de lire ses mails. Au matin du 20 juillet, il reçoit un nouvel avis sur sa maison d'hôtes. Mais c’est un faux avis. Encore une fois. "C’est agaçant, je n’ai pas hésité à lui répondre cette fois-ci !" s’exclame le châtelain.
Ces faux avis négatifs lui font une mauvaise publicité. Il saisit la justice en 2018 et depuis, c’est un combat que Raoul Salama mène tous les jours. Le 19 juillet, au tribunal judiciaire de Dijon, la cour d’appel a condamné Google Ireland à révéler les identités de deux personnes accusées d'avoir émis des faux avis sur sa maison d'hôtes. Le combat continue.
Une fonctionnalité trompeuse
Derrière ces avis illicites, se cache une fonctionnalité de Google. Elle peut fausser la note globale d'un établissement à l'image de la maison d’hôte de Raoul Salama. Cette fonction se nomme le "push". Elle sollicite les utilisateurs de Google Maps pour donner leur avis passant à proximité d'un restaurant ou d'un hébergement.
"Le problème avec cette fonctionnalité, c’est quand les personnes reçoivent ce push, ils ne veulent qu’une chose : la supprimer. Donc ils effacent cette notification, ou ils mettent une note au hasard. Alors qu’ils n’ont même pas profité des services", témoigne Raoul Salama.
La société américaine ne respecte pas l’article 111-17 du Code de la consommation. Il impose que la date de publication de chaque avis soit mentionnée. Or, ce n’est pas le cas sur certains avis du château de Balleure. Elle ne respecte pas non plus une directive européenne nommée "Omnibus". Elle relève qu’il est interdit "d'affirmer que des avis sur un produit sont diffusés par des consommateurs qui ont effectivement utilisé ou acheté le produit sans avoir pris les mesures nécessaires pour le vérifier".
Une étoile manquante, un chiffre d'affaire en moins
"Ces faux avis ne sont pas sans conséquences", affirme l'avocat de Raoul Salama, maître Gilles Grammont. Il ajoute : "Son établissement est un établissement offrant des prestations haut de gamme, les clients veulent de la qualité."
Une-demi étoile en moins sur la note est dramatique. Cela représente un manque à gagner estimé à 30%
Raoul SalamaPropriétaire du château de Balleure
Cela se confirme sur le terrain. Beaucoup de ses clients ne recherchent que des établissements notés 10 sur 10. "Une-demi étoile en moins sur la note est donc dramatique. Cela représente aussi un manque à gagner estimé à 30 %. Mon combat dure depuis quatre ans, donc le calcul est rapide", précise Raoul Samola.
L'affaire est loin d'être terminée. Le propriétaire compte maintenant poursuivre Google sur le fond. "Il attend le retrait de ces avis illicites et une indemnisation en dommages et intérêts", ajoute son avocat.
Raoul Samola veut aussi faire bouger les choses et pas uniquement pour lui : "Il y a des millions de personnes qui sont dans mon cas, il faut que cela change."