Des milliers de femmes ont été "exposées" à la Depakine, un médicament antiépileptique nocif pour les fœtus. Conséquence : de très nombreux enfants souffrent aujourd’hui de diverses affections. C’est le cas d’une fratrie en Saône-et-Loire.
Pourquoi parle-t-on de scandale de la Depakine ?
Entre 2007 et 2014, 14 000 femmes enceintes ont été "exposées" à la Depakine, un antiépileptique qui contient du valproate de sodium. Cette substance fait courir un risque élevé (de l'ordre de 10%) de malformations congénitales, mais aussi un risque accru d'autisme et de retards intellectuels et/ou de la marche, pouvant atteindre jusqu'à 40% des enfants exposés.Marine Martin : "Ce n'est qu'en 2010 qu'on voit apparaître sur la boîte la dangerosité du produit. On a menti délibérément." #Depakine
— France Inter (@franceinter) 25 août 2016
Les malformations sont connues depuis les années 1980 : elles portent principalement sur le coeur, les reins, les membres, la colonne vertébrale (spina bifida) et incluent des becs de lièvre.
Quant aux risques neuro-développementaux, ils ont commencé à émerger au milieu des années 1990. Mais, il a fallu attendre 2006 pour que le médicament (indispensable chez certains patients ne répondant pas aux autres antiépileptiques) soit déconseillé en cas de grossesse. Et ce n’est qu’en novembre 2014 qu’un arbitrage européen a permis de répertorier l'ensemble des risques.
J’en veux au laboratoire Sanofi car il savait et il n’a rien fait
Combien de familles sont-elles touchées en Bourgogne ?
En Bourgogne, une trentaine de familles sont concernées par le scandale de la Depakine.A Laizé, en Saône-et-Loire, les trois enfants d’une même fratrie subissent les conséquences de ce traitement. Julie, Lucie et Axel souffrent de séquelles physiques et mentales.
"Je me disais que je n’avais pas de chance, mais je n’ai jamais pensé que cela pouvait être dû au médicament", explique leur mère.
Agnès Janaud s’était renseignée avant ses grossesses et on lui avait parlé effectivement d’éventuelles malformations du fœtus. "Je me disais que le risque équivalait à celui d’avoir un enfant trisomique par exemple. Pour moi, ce n’était pas un risque énorme", dit-elle.
"Aujourd’hui, j’en veux au laboratoire Sanofi car il savait et il n’a rien fait. Je voudrais qu’ils reconnaissent leurs torts", déclare Agnès.
Le reportage d’Elsa Bezin, Damien Rabeisen et Maxime Ozel
Une trentaine de familles de Bourgogne sont concernées par le scandale de la Depakine, ce médicament antiépileptique qui présente des risques élevés pour la santé des fœtus. A Laizé, en Saône-et-Loire, les trois enfants d’une même fratrie subissent les conséquences de ce traitement. Leur mère, Agnès Janaud, a décidé de témoigner.
Combien de victimes de la Depakine y a-t-il au total ?
Une étude menée sur cette substance a été présentée mercredi 24 août 2016 à l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant (Apesac) qui alerte depuis 2011 sur les dangers du valproate.Dans cette étude, l'agence du médicament ANSM relève que 8 701 enfants sont nés vivants entre 2007 et 2014 après avoir été exposés in utero au valproate. Elle ne précise pas en revanche le nombre d'enfants atteints par des troubles qui va faire l'objet du second volet de l'étude qui devrait être rendu public à la fin de l'année ou au début de l'an prochain.
"Les chiffres confirment l'intuition de l'Apesac, il y a beaucoup de victimes, vraisemblablement des dizaines de milliers de victimes", estime Me Charles Joseph-Oudin, le principal avocat des victimes.