La sculpture destinée à l’origine à orner le portail de la cathédrale St-Lazare d’Autun est exposée au musée du Louvre jusqu’au 23 janvier 2017. Cette pièce que certains surnomment « La Joconde de pierre » est visible dans la salle réservée à la sculpture médiévale bourguignonne.
La « Tentation d’Eve » est l’une des pièces maîtresses des collections permanentes du musée Rolin d’Autun. Réalisée au XIIème siècle, elle représente Eve dans une position inhabituelle au moment où elle succombe à la tentation. Elle est considérée comme une œuvre majeure de la statuaire médiévale. Elle a été classé monument historique en 1935.
L’œuvre sera au centre d’une exposition du 23 juin au 15 octobre 2017 au musée Rolin : « Eve ou la folle tentation ».
La tentation d'Eve, bas-relief de la cathédrale d'Autun, tout juste restauré, est à voir au musée du Louvre, à Paris. Une oeuvre majeure de l'art roman dont l'histoire nous est retracée par Pierre Wilpart, Fanny Borius, Anthony Borlot et Mathieu Benito avec Brigitte Maurice-Chabard, conservatrice et directrice du musée Rolin d'Autun; Pierre-Yves Le Pogam, conservateur du département des sculptures du musée du Louvre
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©France 3 Bourgogne
C’est une icône dotée d’une extraordinaire force suggestive
Voici ce qu’ Annamaria Ducci, historienne de l'art, Pise dit de la sculpture : « Ève y est figurée d’une façon complexe, comme l’indiquent sa posture inusuelle et la gestuelle de ses mains : probablement tournée vers un Adam perdu, elle cueille, derrière elle, le fruit défendu à l’arbre où le serpent est encore enlacé, alors que sa main droite se replie sur sa joue. Ce fragment isolé est devenu une icône dotée d’une extraordinaire force suggestive, qui suscite encore aujourd’hui une « sympathie » immédiate chez le spectateur. Au travers d’importantes innovations formelles et iconographiques, le sculpteur a su créer une image unique, à l’interprétation complexe ; en témoignent les lectures très variées que cette sculpture a inspirées pendant presque deux siècles – stylistique, allégorico-religieuse, historico-sociale. L’Ève d’Autun témoigne en effet de la problématique propre à l’exégèse de l’imagerie médiévale, dont le sens est par définition multiple : physique, allégorique, moral, spirituel. »
La sculpture s’est refait une beauté récemment
Pour être à la hauteur de l’événement qu’est son exposition au musée du Louvre, la « Tentation d’Eve » a fait l’objet récemment d’une restauration, réalisée avec des fonds collectés notamment grâce à un financement participatif. 30.000 euros environ ont été nécessaire à cette restauration qui a commencé par une séance photo : le but était d’évaluer les altérations et, pour les spécialistes, d’étudier les traces d’outils et la mise en œuvre du linteau au sein du portail. Une micro-abrasion « un gommage en quelque sorte) puis un nettoyage minutieux lui ont redonné son éclat. Sa main gauche a été replacée, les deux blocs qui la composent ont été réaligné et la polychromie originale restituée par des supports graphiques et numériques.
Une histoire mouvementée
Sculptée vers 1130 par l’artiste Gislebertus, la « Tentation d’Eve » était positionnée sur le linteau du portail latéral de la cathédrale d'Autun. Eve faisait face à Adam. Mais en 1766, une partie du portail est démolie. Adam, Eve, le diable… tout disparait. Ca n’est qu’un siècle plus tard qu’elle est retrouvée dans un pan de mur d’une maison autunoise.
Comme l’expliquaient les responsables du musée Rolin lors du lancement de la campagne de financement participatif, « l’architecte Jean Roidot-Houdaille fait l’acquisition du linteau, et à sa mort en 1910, ses héritiers le revendent à la Société Eduenne (une société savante autunoise). Mais la Belle reste très convoitée : le Louvre la veut, un amateur américain aussi. Finalement l’œuvre regagne les collections de la Société Eduenne en 1935 au sein de l’hôtel Rolin, futur musée Rolin. »