Sécheresse : les agriculteurs de Bourgogne-Franche-Comté dénoncent un désengagement de l'Etat

Des agriculteurs de la région et ceux du Grand Est particulièrement touchés par la sécheresse estivale appellent le gouvernement et Stéphane Travert ministre de l'agriculture à "apporter des réponses concrètes" aux exploitations fragilisées.

Ils trouvent le temps long. Et le silence des pouvoirs publics assourdissant. Des agriculteurs du Grand Est et de Bourgogne-Franche-Comté ont appelé ce mercredi 19 septembre dans un communiqué à la "mobilisation", dénonçant le "désengagement de l'Etat" et "l'absence de réponse du ministre de l'Agriculture".

  
"Si cette sécheresse est unique par son ampleur, elle est surtout unique par l'absence de réponse du ministre de l'Agriculture"
, dénonce le communiqué, estimant que "l'État s'est dégagé, en grande partie, des dispositifs calamités, pour les faire porter soit par l'Europe (...) soit par les agriculteurs eux-mêmes".


Que demandent les agriculteurs ? 


Les syndicats demandent "des réponses concrètes" pour "éviter une catastrophe économique" pour les éleveurs et cultivateurs affectés, listant une série de mesures à prendre selon eux à court terme au niveau européen, national ou local.
    
Le ministre de l'Agriculture avait déjà confirmé en août qu'un certain nombre de dispositifs nationaux seraient activés, comme le dégrèvement de la taxe sur le foncier non bâti (TFNB) pour les parcelles touchées par la sécheresse et report de paiement des cotisations sociales auprès des caisses de la Mutualité sociale agricole (MSA).

Les agriculteurs sollicitent aussi des aides au transport pour la paille et le fourrage, la mise en place accélérée de la procédure des calamités ou encore, au niveau européen, une hausse à 90% des avances sur les paiements directs des aides PAC (Politique agricole commune) contre 70 % annoncés en août par la Commission européenne.

Les syndicats agricoles demandent par ailleurs "des moyens spécifiques pour s'adapter au changement climatique", notamment des aides "au stockage du fourrage et du grain, pour les réserves en eau" ou encore "la sélection de nouvelles variétés plus résistantes".


Les agriculteurs de Haute-Saône ont du faire venir de la paille

    
En Haute-Saône, par exemple, les agriculteurs ont du faire venir 1000 tonnes de paille pour assurer la litière de leur bête. 1000 autres tonnes seront rapidement nécéssaires. Va se poser rapidement la question du fourrage pour nourrir les bêtes, certaines exploitations ont déjà puisé dans leurs réserves. 
 

En Bourgogne Franche-Comté, les précipitations font cruellement défaut depuis la mi-juin. Aucune pluie n'est annoncée encore cette semaine. Les pouvoirs publics ont déclenché le niveau crise pour restreindre en Haute-Saône et dans une partie du département du Doubs l'usage de l'eau. 
 


 
Le communiqué de la FRSEA et des Jeunes Agriculteurs
Face au silence et à l’indifférence, les départements du Grand Est et de la Bourgogne Franche-Comté, les plus touchés par la sécheresse, lancent un appel à la mobilisation pour faire face à cette crise. Si cette sécheresse est unique par son ampleur, elle est surtout unique par l’absence de réponse du Ministre de l’agriculture.
Désengagement de l’État en laissant de nombreux trous dans la raquette
Depuis plusieurs années, l’État s’est dégagé, en grande partie, des dispositifs calamités, pour les faire porter soit par l’Europe (assurance récolte) soit par les agriculteurs eux-mêmes (fonds calamités, assurances,…). Oui, mais faut-il pourtant qu’il s’en lave les mains, alors que de nombreux systèmes ne sont pas bien couverts ? Aujourd’hui, avec cette sécheresse sournoise qui a commencé en juin pour aller jusqu’en septembre, la première préoccupation des éleveurs, c’est l’affouragement des animaux et la nécessité d’avoir assez d’aliments pour tenir jusqu’au printemps prochain.
La sécheresse a d’abord touché les prairies, avec des pertes économiques importantes pour les éleveurs obligés d’utiliser leurs stocks début juillet pour alimenter leurs animaux. Mais elle a poursuivi ses effets destructeurs pour les cultures de printemps avec des demi-récoltes pour le maïs ou le soja. Pas d’accalmie fin août ; la sécheresse a poursuivi son travail de sape avec les nouveaux semis de colza incapables de lever faute d’une pluviométrie suffisante.
Des pays comme l’Allemagne ont mis en oeuvre des plans d’urgence avec 340 millions dans la balance. 15 pays ont déjà obtenu, auprès de Bruxelles, des dérogations pour les surfaces d’intérêt écologique. Seule la France a demandé à ses agriculteurs d’effectuer des dépenses inutiles en semant malgré la canicule.
Après la mobilisation dans tous les départements, les visites de terrain et l’écoute des préfets, des parlementaires, des administrations, des représentants des collectivités,… il faut maintenant éviter une catastrophe économique. Tous les niveaux de décisions sont concernés pour apporter des réponses concrètes aux agriculteurs fragilisés par cet aléa.
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