Sécurité routière : après la fronde contre la limitation à 80 km/h, des élus hésitent à revenir aux 90 km/h

La loi va permettre de revenir aux 90 km/h sur les routes limitées à 80 km/h. La décision dépendra des conseils départementaux. Lequels hésitent. Le point en Côte d'Or, dans la Nièvre,  en Haute-Saône, dans le Jura et le Territoire de Belfort.

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La loi d'orientation des mobilités, qui permettra de déroger localement aux 80 km/h, est attendue dans les prochaines semaines. Le texte va permettre de repasser à 90 km/h une partie des routes secondaires à double sens, sans séparateur central. Depuis le 1er juillet 2018, la limitation de vitesse y avait été abaissée à 80 km/h. La mesure avait déclenché une fronde d'automobilistes, de motards et d'élus.

Vingt-cinq départements, dont la Côte-d'Or et la Haute-Saône, ont annoncé leur intention de repasser une partie des routes à 90 km/h, selon un recensement réalisé par l'AFP auprès de 87 départements de France métropolitaine.
 

Risque juridique


Mais une majorité de chefs d'exécutifs locaux, y compris de fervents pro-90 km/h, se montre méfiante et attend de voir les modalités qui seront fixées par la loi. Pour beaucoup, l'assouplissement, permis par le gouvernement en réponse à la crise des gilets jaunes, est une mascarade, un  piège grossier : "Renvoyer cette décision aux présidents des départements en leur laissant la responsabilité d'assumer un changement de vitesse autorisée, alors que la décision initiale a été prise sans eux, paraît vraiment très insidieux", estime-t-on au conseil départemental de l'Aude.


"Ce sont des décisions qui sont lourdes et qu'il faut assumer en conscience", avait prévenu Edouard Philippe en janvier dernier, en annonçant des chiffres à la baisse de la mortalité routière (3.488 tués en 2018) après six mois de 80 km/h.

En juin, le comité des experts du conseil national de sécurité routière avait préconisé  de ne pas repasser à 90 km/h sur des tronçons de moins de dix kilomètres, qui comportent des arrêts de transports en commun ou sont fréquentés par des engins agricoles.

Bien que purement indicatifs, ces éléments  cristallisent les craintes. Certains chefs de département (Territoire-de-Belfort, Alpes-Maritimes, Yvelines ) disent avoir renoncé en voyant ces critères.
 

En menaçant les présidents de département de recours en justice de la part de victimes de la route, le gouvernement met clairement la pression sur les exécutifs départementaux, 


s'indigne le président du conseil départemental de de Côte-d'Or, François Sauvadet.  Cet opposant aux 80 km/h relèvera la limitation de vitesse mais a revu ses ambitions à la baisse : "J'avais initialement annoncé que 80% à 90% du réseau départemental pourraient repasser à 90 km/h. Les nouvelles règles, définies unilatéralement par le gouvernement, m'en empêcheront. Néanmoins, tous les axes structurants repasseront à 90 km/h", assure-t-il.
 

Coût trop élevé pour certains départements


Dans certains départements désireux de revenir à 90 km/h (Jura, Aveyron, Dordogne ), on attend de voir le contenu de la loi d'orientation des mobilités  pour décider du kilométrage de routes qui sera finalement concerné.

1.000 kilomètres de routes, susceptibles de repasser à 90 km/h,  nécessiteront la pose d'environ 780 panneaux, soit un montant de 333.000 euros. Dans certains départements, comme la Nièvre, ce coût est jugé dissuasif.
 



    

 
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