La SNCF a annoncé la fermeture de 17 guichets dans la région Bourgogne-Franche-Comté d’ici 2025. A l’heure où la mobilité est devenue un enjeu majeur, les villes de Seurre et Louhans sont directement impactées par cette mesure.
Une double pression qui ne laisse pas beaucoup d’illusions à Frédéric Bouchet : "Je peux opposer mon veto, mais encore faut-il savoir ce qu’il va se passer derrière (…) Petit à petit, la personne qui s’occupe du guichet verra ses horaires diminuer et on n’aura plus que quelques heures de guichets par semaine."
Face à cette menace, deux associations se sont créées à Louhans : SOS TER de la Bresse et Collectif Bressan "Vive les services publics". Elles regroupent à elles deux une quarantaine de personnes avec comme objectif la défense du service public et le maintien de la mobilité des habitants.
La ville de Seurre en Côte-d’Or a connu la même mésaventure comme l’explique son maire Alain Becquet : "On avait cinq jours d’ouverture, et il y a deux ans le guichet a fermé complètement. D’un emploi à 35 heures, il n’y a plus rien."
A l’époque, les élus n’avaient pas encore le droit d’opposer leur veto. Mais de nombreuses manifestations ont été organisées pour dénoncer la perte du guichet SNCF.
Reportage Sylvain Bouillot et Damien Rabeisen
Avec : Frédéric Bouchet, maire de Louhans-Châteaurenaud (DVD)
Pierre Jaillet, association SOS TER de Bresse
Louis Sénéchaut, collectif Bressan "Vive les services publics !"
Alain Becquet, maire de Seurre (SE)
Quid des usagers qui ne maîtrisent pas Internet ?
Dans la plupart des cas, les habitants se posent beaucoup de questions sur les conséquences de cette fermeture sur les emplois et la mobilité. "Ça va être un service en moins pour des gens qui en ont besoin", selon Louis Sénéchaut, membre du collectif Bressan.
La SNCF mise sur la dématérialisation des supports, car la majorité des billets sont désormais achetés sur Internet. Mais quid des usagers, souvent âgés, qui ne maîtrisent pas Internet ou ne possèdent pas de téléphone portable ?
"J’ai un téléphone portable mais je m’en sers très rarement. Tout le monde n’est pas à l’aise avec Internet, au moins 28% de la population ne se sert pas de ces solutions dites 'modernes'", dit Pierre Jaillet, membre de SOS Ter de la Bresse.
Sans guichets de gare et sans présence physique, ces habitants se retrouvent démunis et freinés dans leurs déplacements, malgré l’installation de bornes automatiques. Car, ces dernières "ne sont pas simples et ne marchent pas tout le temps", témoigne Alain Becquet.
Le numérique, on aura du mal à y échapper
S’adapter à la fermeture des guichets de gare qui ne dégagent plus de profits, tout en assurant la mobilité des habitants sans Internet, c’est toute la complexité de la situation. "Le numérique, on aura du mal à y échapper", reconnaît le maire de Louhans.Pour répondre à ce défi, il a un projet. Frédéric Boucher veut réaménager la gare louhannaise en médiathèque où les agents pourraient assurer la vente des billets. Mais, pour le maire de Seurre, la solution se trouve ailleurs. Un point de vente de billets SNCF avait été installé à la maison de la presse. Mais, l’expérience a échoué.
C’est pourquoi Alain Becquet a sollicité la SNCF et la région pour la mise en place d’un nouveau point de vente physique, qui serait installé dans le bureau de poste. Celui-ci deviendrait une sorte de "maison des services publiques" où les usagers trouveraient à qui parler pour les accompagner dans leur achat.
Une demande a été faite à la Région et à la société ferroviaire, mais pour l’instant la commune de Seurre n’a toujours pas eu de réponse.