Les attentats sanglants commis à Paris le 13 novembre 2015 risquent d'entraîner un "repli sur soi" d'une partie de la population, estime la psychologue clinicienne Michèle Vitry, qui a longtemps été en charge de cellules d'urgence.
Nuit de chaos. Des coups de feu, des cris, des sirènes...
Le monde est bleu blanc rouge. solidarité, partage, union... ils ne gagneront pas.
— julia Livage (@LivageJulia) 14 Novembre 2015
Ces attentats ont visé des lieux fréquentés par un large public, quelle est la différence avec les attentats de janvier dont les objectifs étaient plus ciblés ?
"Cela déclenche un climat d'insécurité qui est plus grand, parce que justement les lieux touchés sont larges. Tout le monde peut être visé. Cela peut entraîner chez beaucoup de gens une espèce de repli sur soi. Il va forcément y avoir un temps où ça va être difficile (pour le public) de se rendre dans une salle de concert, ça ne va pas se faire tout seul.C'est normal d'avoir peur. Cette peur, comment faire pour la transformer en quelque chose d'autre?
Est-ce que les gens vont descendre dans la rue, comme quand il y a eu cette manifestation après Charlie Hebdo? Ce n'est pas sûr du tout. Comment aider à mobiliser les gens pour pouvoir en parler, faire quelque chose, éviter ce repli sur soi, cet isolement ? Il s'agit de transformer quelque chose de négatif en quelque chose de mobile, dans lequel il y a de la pensée, du mouvement, de l'énergie".
Transportant son piano à vélo il vient jouer #imagine de Lennon devant le #Bataclan #ParisAttacks #PrayForParis pic.twitter.com/EKRt0YD76X
— Valery HACHE (@ValeryHache) 14 Novembre 2015
La mobilisation, la solidarité peuvent-elles aider à dépasser ce choc collectif?
"Oui, c'est un élément qui est extrêmement aidant. Cette nuit, il y a eu des personnes qui ont agi, qui ont recouvert des corps avec des draps, il y a eu une sorte de préoccupation collective. Il y a un mouvement de solidarité, qui fait que le traumatisme collectif a un sens, si traumatisme il y a. Cela montre que la pensée collective fonctionne. La pensée collective, dans des moments comme ça, c'est quelque chose qui aide.Les pouvoirs publics ont aussi pris des décisions cette nuit qui sont rassurantes. Décider l'état d'urgence, je pense que c'est quand même relativement protecteur. En tout cas, cela veut dire qu'on doit tous faire attention. Le développement de cette vigilance, c'est quelque chose qui est aussi psychologiquement protecteur, pas seulement socialement protecteur. Parce que ce n'est pas en se mettant la tête dans le sable qu'on peut surmonter la situation, c'est au contraire en étant un peu en alerte".
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— Valery HACHE (@ValeryHache) 14 Novembre 2015