Le gouvernement prolonge la règle des 3 jours minimum de télétravail jusqu'au 2 février. Un dernier coup de collier qui ne fait pas l'unanimité. Témoignages en Bourgogne-Franche-Comté.
"C'est un dernier coup de collier"... C'est du moins ce qu'espère la ministre du Travail, Elisabeth Borne. Ce mercredi 19 février, devant les partenaires sociaux, elle a annoncé la probable prolongation pour deux semaines de la règle prévoyant trois jours minimum de télétravail par semaine face au Covid-19.
Le Premier ministre, Jean Castex, a confirmé ce jeudi soir que la mesure restait en vigueur jusqu'au mercredi 2 février. Et que le télétravail restait "recommandé" au-delà de cette date. "La situation sanitaire, même si elle semble s'acheminer vers un plateau, ne paraît pas permettre une levée ou un relâchement immédiat des mesures en matière de télétravail" a détaillé Elisabeth Borne.
Depuis le 3 janvier, le protocole sanitaire en entreprise prévoit que les employeurs fixent "un nombre minimal de trois jours de télétravail par semaine, pour les postes qui le permettent". Cette règle avait initialement été mise en place pour trois semaines...
De l'incitation plus que de la contrainte pour le patronat
Le patronat aurait souhaité que le gouvernement renonce à l'obligation sans attendre deux semaines supplémentaires, et passe à plus d'incitation, comme l'explique David Butet, le président du MEDEF en Côte-d'Or. "Si c'est la loi, on l'appliquera, mais il y a une explosion du ras-le-bol autour du télétravail chez nos collaborateurs, avec des contextes familiaux difficiles, tendus avec les enfants. Beaucoup ne veulent plus être en télétravail, certains écrivent même des lettres à leur DRH pour revenir travailler, contre la loi..."
Même son de cloche pour Louis Deroin, le président BFC de la Confédération des PME. "On a l'habitude de s'adapter, c'est le quotidien des chefs d'entreprise, tant que ça reste faisable et que les conséquences financières restent absorbables" détaille ce patron belfortain.
"Nous sommes bien organisés, mais c'est un sacré chantier, il faut qu'on sorte de ce raz-de-marée des cas contacts, car la situation devient usante, cela fait deux ans que nous sommes sous tension" rajoute-t-il.
Il ne faut pas que ça dure plus. Et qu'est-ce qui est télétravaillable ?
David Butetprésident du Medef de Côte-d'Or
David Butet appuie : "toutes les entreprises ont joué le jeu, tout ce qu'on peut mettre en place, on l'a fait, mais il ne faut pas que ça dure plus. Ce ne sont pas dans les entreprises qu'on attrape le Covid. Et qu'est-ce qui est télétravaillable ? Moi j'ai des dessinateurs de mobilier, dans l'absolu, on se dit c'est possible. Mais ils dessinent des plan de deux mètres, chez eux, c'est impossible !"
Les syndicats sont plus partagés
Le syndicat Force ouvrière est opposé à toute forme d'obligation et ne souhaite pas plus de trois jours de télétravail par semaine, par crainte de problèmes psychologiques et sociaux pour les salariés. La CFE-CGC est elle aussi contre.
La CFDT, premier syndicat du privé, est favorable à trois jours fixes de télétravail. La CGT a poussé pour un renforcement, une demande de longue date de leur part, tout en mettant en garde : "il convient d'éviter que le télétravail conduise à un travail dégradé".
Le télétravail n'a pas progressé pour autant
Malgré les consignes gouvernementales renforcées, le télétravail n'a pas progressé de façon notable début janvier, selon un sondage Harris interactive pour le ministère du Travail publié la semaine dernière. Au cours de la semaine du 3 au 9 janvier, parmi les actifs pouvant télétravailler facilement, 60% avaient ainsi télétravaillé au moins partiellement (58% mi-décembre).
Le gouvernement a depuis prévu des sanctions pour les entreprises qui ne jouent pas le jeu, avec le projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal adopté par le Parlement. Le texte prévoit la possibilité d'amendes administratives pour les entreprises ne respectant pas les consignes sanitaires, notamment en matière de télétravail. Ces amendes pourront aller jusqu'à 500 euros par salarié, dans la limite de 50.000 euros.