Témoignages. « Nous avons finalement été heureux » durant ces 55 jours de confinement

Publié le Mis à jour le Écrit par Sophie Courageot
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Le confinement lié à l’épidémie de coronavirus a contraint les Français à rester chez eux et restreindre leurs déplacements. En Franche-Comté, vous nous avez raconté votre confinement. En famille, en couple. Qu’avez-vous appris sur vous ? Qu’allez-vous changer ?

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Confinés. Qui aurait cru que ce mot, nous allions nous l’approprier. Le prononcer tant de fois par jour.
Ce mot de huit lettres, nous a fait peur le 16 mars quand Emmanuel Macron a annoncé que nos vies allaient se mettre en mode pause en raison de l’épidémie. Ce mot, nous l’avons apprivoisé au fil des jours. Des jours que vous nous racontez.


"Le confinement nous a permis d’avoir le temps de faire les choses"


A Menetru-le-Vignoble dans le Jura, Aurélie Moine Fleury s’apprête à reprendre le travail. Cette esthéticienne travaille à domicile chez elle.
Dans la famille des confinés heureux, elle a vécu plus de 50 jours auprès de ses enfants de 5 et 7 ans. À la campagne, en maison, une vraie chance, elle en est consciente. Comme beaucoup de mères de familles, il a fallu gérer le confinement et l’éducation des enfants. « On a été bien occupés, avec les devoirs, mais on eu aussi des activités manuelles et culinaires. Le confinement a eu finalement du positif, on a pu profiter des enfants sans être stressés par le temps » dit-elle.

Ce temps qui nous était offert par le confinement, ces longs jours sans travail pour certains, qu’allions nous en faire ? Au fil des jours, la famille Moine Fleury a trouvé ses marques. « Il y a eu différentes phases j’avoue dans le confinement, au début on a fait plein d’activités, cuisine, tri, rangement, puis il y a eu un moment où l’on a trouvé que les journées se répétaient. Puis finalement, on a trouvé un rythme, on a demandé aux enfants ce qui leur ferait plaisir de faire » explique la Jurassienne. « Les enfants ne se sont pas plaints une seule fois. Le plus dur a été le manque des autres, des copains, des amis, de la famille » ajoute Aurélie.

 


Le confinement a été l’occasion aussi des faire des choses inédites. « J’ai fait avec mes enfants un parement de pierres dans mon Institut, j’ai fait de la couture, du papier mâché avec mon fils et ma fille. J’ai décoré une table basse… le confinement nous a permis d’avoir le temps de faire les choses » ajoute l’esthéticienne qui a essayé de garder le contact avec ses clientes en réalisant quelques vidéos de conseils.

Pour cette ancienne aide-soignante qui intervient régulièrement comme esthéticienne en oncologie à l’hôpital de Lons-le-Saunier, le déconfinement le 11 mai ne signifie pas plus que cela. « Je pense que la vie reprendra, mais pas comme avant » dit-elle. « Ne plus avoir à remplir une attestation, circuler un peu plus va nous donner plus de liberté » concède Aurélie. Mais le méchant Covid-19 restera l’ennemi invisible. Avec une enfant asthmatique, la reprise de l’école n’est pas à l’ordre du jour pour cette famille du Jura. Les grands-parents vont prendre le relais avec amour et précautions maximales pour protéger leurs petits enfants.

 

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Des fleurs, leur passion.... et du temps enfin à s’offrir


Le temps. Pour Mickaël et Florian qui tiennent deux magasins de fleurs en Haute-Saône et dans le Territoire de Belfort, le temps, c’était d’abord celui des saisons. Muguet, tulipes, chrysanthèmes… bouquet de mariage aux beaux jours. Pour ces deux Comtois, tout s’est arrêté le 17 mars. Deux boutiques, dont une à peine ouverte depuis quelques mois, qu’il a fallu fermer du jour au lendemain.

Du confinement, Mickaël évoque ce moment difficile où il a fallu se débarrasser des dernières fleurs qui étaient en stock. « On a accusé le coup quand il a fallu fermer les magasins, et on a offert nos fleurs aux personnes âgées » se souvient-il.


Le travail est une drogue, on s’en est rendu compte » avec le confinement



Trois semaines. Pendant trois semaines, Mickaël et Florian Ricchuiti ont eu du temps. Du temps pour eux. Pour se reposer. Eux qui nous disent ne pas compter  leurs heures en travaillant du lundi au dimanche. Les fleurs, une passion en couleurs, mais dévorante. « Le confinement, ça n’a pas été trop dur, on s’est rendu compte qu’on était beaucoup dans le travail. J’ai pris la décision de réduire à l'avenir un peu nos horaires. Fleuriste, c’est notre passion, mais la vie est trop courte, on veut en profiter » ajoute Mickaël. « Le travail est une drogue, on s’en est rendu compte » avec le confinement.

Mickaël et Florian qui tiennent des magasins de fleurs à Granvillars près de Belfort et Villersexel en Haute-Saône, le confinement a provoqué une prise de conscience. Mickaël a pu rouvrir son magasin au bout de trois semaines pour vendre des fleurs en drive et faire un peu de livraisons. Pour des familles endeuillées, ou des petits bonheurs de la vie. Une vie qu’ils sont bien décidés à changer un peu en prenant une semaine de vacances désormais en janvier. Par chance, les deux fleuristes vont pouvoir passer le cap économiquement. Les aides de l’Etat leur permettent d’envisager une reprise de l'activité disent-ils sans difficultés.

 
 

Consommer encore plus local pour Elsa, télétravailleuse


Dans la famille des confinés, direction Besançon. En immeuble. Quartier Saint-Claude. C’est dans son petit appartement ensoleillé avec son conjoint, qu’Elsa Loinvovant, 33 ans a vécu 54 jours confinée. Du sport sur le balcon, un peu d’aquarelle pour le plaisir. Et le nez dehors, une ou deux fois par semaine pas plus pour faire quelques courses.

Elsa Dupont fait partie des personnes à risque, pour qui le Covid-19 pourrait être particulièrement agressif. Elsa travaille pour l’agglomération de Besançon, elle a donc télétravaillé. Une bonne connexion et « je me suis sentie comme au travail » confie la jeune femme. « Le télétravail a permis de maintenir un rythme, se lever chaque matin.. le temps est passé assez vite » estime cette Bisontine à l’heure du bilan.

Confinée. Travailler. Se rendre compte qu’il est plus de midi et qu’on est toujours en train de travailler. Qu’on a fait une journée de 10 heures derrière son ordinateur, en enchaînant, mails, visioconférence et appels téléphoniques … Elsa, elle aussi s’est rendue compte pendant le confinement qu’il fallait peut-être faire évoluer les choses. « Je vais enfin accepter de mettre des barrières entre le boulot et le temps perso, proportionner les choses ». Que changera-t-elle au moment du déconfinement ? Consommer encore plus local, plus de proximité, plus de solidarité, voilà ce qu’elle aimerait.
 

Plus que le confinement, c’est le déconfinement qui inquiète la jeune femme désormais. « On a tellement d’incertitude sur la propagation du virus que ne me sens pas rassurée par cette date du 11 mai…. Je ne suis pas une optimiste par nature », avoue-t-elle en souriant, « les gens vont reprendre leurs habitudes, mais j’espère que le confinement aura enclenché des choses, une prise de conscience comme ne plus prendre sa voiture pour aller juste acheter son pain". Adepte du vélo pour aller au boulot, Elsa espère des jours meilleurs. En attendant, c’est dans le cocon de son appartement qu’elle se sent protégée. « Passer de une sortie par semaine à des déplacements quotidiens devra se faire progressivement » avoue-t-elle. La Bisontine comme d'autres n'oublie pas que le Covid-19 a fait plus de 25.000 morts en France.





 
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