Comment croire en l'avenir quand les mauvaises nouvelles s'accumulent ? Même s'ils étaient contraints à la fermeture jusqu'en janvier 2021, les Côte d'oriens Clothilde Landais et François Lagrue continueront à cuisiner pour leur plaisir et celui de leurs clients.
Lorsque les restaurants ont à nouveau dû fermer leurs portes, Clothilde Landais n'a pas hésité : il n'était pas question de déserter les cuisines de son établissement Le comptoir gourmand.
Installée dans la commune de Salives, depuis deux ans et demi, la restauratrice s'est lancée dans une activité traiteur. Elle propose chaque jour des menus à emporter pour 13 euros qu'elle a baptisés "box de survie" car, pour elle, cuisiner est indispensable :
"La cuisine, c'est mon antidépresseur naturel. J'ai ça dans le sang !"
Ce mardi 17 novembre 2020, devant une marmite à moitié vide, Clothilde sourit : " J'ai l'impression de jouer à la dinette. Mais, même si je n'ai qu'un box à cuisiner, je suis contente. "
moyenne chaque jour de la part de salariés du CEA de Valduc ou d'habitués du restaurant.
Cette activité est loin des vingt-cinq couverts qu'elle sert en temps normal dans son restaurant situé à cinquante kilomètres de Dijon.
Sa salariée est actuellement en chômage partiel et les revenus tirés de la vente couvrent seulement les frais de fonctionnement mais une cuillère à la main, tous ces soucis semblent oubliés : "Cela me permet de m'évader par le parfum, les odeurs et j'imagine le client en train d'ouvrir la box, de la déguster."
Cuisiner à perte
A quelques kilomètres de là, à Is-sur-Tille (Côte d'or), le restaurateur François Lagrue propose aussi une activité traiteur.Son hôtel Côté rivière accueille encore quelques professionnels de passage mais le patron ne pouvait pas s'imaginer éteindre les fourneaux.
D'ailleurs, l'offre semble trouver son public : en semaine, il vend une trentaine de repas complets mais le week-end, il peut enregistrer jusqu'à deux-cents commandes.
Insuffisante pour éviter le chômage partiel aux six salariés de l'entreprise, cette activité représente 15 à 20% de son chiffre d'affaires normal.
"C'est surtout psychologique mais il faut être honnête : cela paie aussi une partie des frais. On a aussi besoin de trésorerie pour vivre. "
Pour François comme pour Clothilde, l'activité traiteur permet avant tout d'affirmer que leur restaurant reste ouvert et qu'ils sont cuisiniers envers et contre tout.
Envisager l'avenir
Selon le site Franceinfo, la fermeture des restaurants risque de se prolonger jusqu'au 15 janvier 2021.Cette nouvelle n'a pas surpris les deux restaurateurs-philosophes.
François Lagrue travaille depuis plusieurs jours à l'élaboration d'un menu de Noël à emporter.
Clothile Landais a noué un partenariat avec le chef du restaurant Le Sabot de Vénus de Bure-les-Templiers. Cette opération Cheffe et chef solidaires invite les habitants du Nord de la Côte d'Or à acheter les plats à emporter de ces deux confrères chez l'un ou l'autre chaque semaine.
L'espoir est dans l'assiette.
Un reportage de Gabriel Talon, Rodolphe Augier et Patrick Jouannin.
Intervenants :
- Clothilde Landais, restauratrice à Salives (21)
- François Lagrue, restaurateur à Is-sur-Tille (21)