Ces derniers mois, plusieurs distributions de tracts néonazis ont été signalées en Bourgogne-Franche-Comté. Une enquête vient d’être ouverte par le parquet de Belfort pour tenter d’identifier leurs auteurs. Voici les bonnes méthodes à adopter en cas de découverte.
Des croix gammées, des inscriptions antisémites, racistes et homophobes… Ces derniers mois, des centaines de tracts néonazis ont été retrouvés dans des boîtes aux lettres de Bourgogne-Franche-Comté. Clairvaux-les-Lacs, dans le Jura ou encore Genlis, près de Dijon, en Côte-d'Or. Dernière ville ciblée en date : Belfort.
“J'ai été prévenu par des administrés que des tracts ont été distribués pendant le week-end”, explique ce mardi Damien Meslot, maire LR de Belfort. Tous les tracts, une dizaine au total, étaient concentrés sur le quartier belfortain de La Miotte. L’édile, qui se dit “profondément choqué”, parle de “tracts nauséabonds et extrêmement violents, avec un discours qui prône la suprématie de la race blanche”, a pu consulter un exemplaire avant de le transmettre à la procureure de la République.
Ne pas manipuler les tracts
Lorsque l’on trouve un tract néonazi, “l'idée est de le manipuler le moins possible”, rappelle d'emblée le parquet de Belfort. Notamment parce que si une seule personne a manipulé le tract, la justice peut ensuite plus facilement l’exclure de la liste des suspects grâce à un simple relevé d’empreintes. “Si on trouve deux autres empreintes sur le courrier, on peut aussi éliminer celles de la personne qui nous a amené le tract”, ajoute encore le parquet.
Mais cette technique devient plus compliquée si le nombre d’empreintes relevées est trop important. “On avance lentement parce que pour le moment, il y a de tracts qui ont été manipulés par une trentaine de personnes. La personne qui l’a trouvé l'a montré à ses amis, à ses voisins et même au maire. Dans ces situations-là, on ne peut pas chercher des éléments de preuves techniques”, déplore le parquet.
Quand on est témoin, quand on apprend des actes délictueux, on doit les signaler à la justice.
Damien Meslot, maire de Belfort
“Des gens m’ont dit qu’il y avait un tract qui circulait dans ma ville. Ils l’avaient déjà touché, je me suis dit que ça ne changeait rien si je le manipulais aussi”, se défend Damien Meslot. Mais la multiplication d’empreintes sur une preuve peut “sérieusement entraver” la progression de l’enquête, rappelle le parquet de Belfort, qui indique comprendre “que le premier réflexe, quand on trouve un tract néonazi dans sa boîte aux lettres, ce soit de le montrer, de le toucher, mais ça peut menacer l’enquête”.
Prévenir la police ou la gendarmerie
Seconde étape, lorsque l’on trouve un tract néonazi : signaler à la police ou à la gendarmerie ledit document. Car certains tracts peuvent tomber sous le coup de l’infraction pénale. “Quand on est témoin, quand on apprend des actes délictueux, on doit les signaler à la justice. C’est le devoir de tout citoyen”, rappelle aussi la mairie de Belfort.
“Tout dépend de ce qui est écrit sur le tract”, nuance le parquet. “Il peut s’agir d’apologie du terrorisme, d’incitation à la haine raciale. Et ça, c'est une infraction”. “Peut-être que des gens n’ont pas signalé des faits et c’est important de les signaler quand même”, indique-t-on encore.
“Pas un phénomène d’ampleur”
Pour l’heure, le parquet de Belfort assure que ces distributions de tracts “ne sont pas un phénomène d’ampleur”. Les cas signalés le sont à une “certaine échelle” et restent “relativement isolés sur notre territoire”. Le parquet assure par ailleurs que ces actions n’ont pas permis de révéler de signaux d’alerte sur le territoire belfortain et ne fait pas état de recrudescence d’infractions.
Même constat du côté de la mairie. “Je pense que c’est un acte isolé. Il n’y avait pas un grand nombre de tracts et les tous les habitants sont comme moi : profondément choqués”, confirme Damien Meslot. “Ces tracts violent toutes les valeurs qui sont les nôtres”, fustige encore l’intéressé. “Je souhaite que l'auteur ou les auteurs de ces tracts soient identifiés et déférés à la justice pour que la justice puisse”, conclut-il.
Une enquête judiciaire a été ouverte pour tenter de découvrir les circonstances dans lesquelles ces tracts ont été distribués à Belfort. L’instruction a été confiée à la procureure de la République.