Belfort : des séances pour apprendre aux parents à mieux vivre la séparation

La séparation, "c'est une tranche de vie qui s'effondre" : à Belfort, pour réécrire le quotidien avec leurs enfants, des parents se tournent vers les séances "Parents après la séparation" proposées par la Caisse d'allocations familiales. 

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Après 16 ans de vie commune, une fille de 10 ans et des jumeaux de 8 ans, Michel a "pris la séparation en pleine figure: elle est partie très rapidement, en avril dernier, elle avait quelqu'un d'autre...".

C'est une tranche de vie qui s'effondre. Tout ce qu'on a créé ensemble s'écroule, se casse du jour au lendemain, c'est douloureux"

confie cet ingénieur de 46 ans au visage marqué par des nuits sans sommeil.

Confronté à une situation de plus en plus crispée avec la mère de ses enfants, en garde alternée, il s'est rendu avec elle à une des séances "Parents après la séparation" proposées tous les deux mois par la CAF du Territoire-de-Belfort.
"On était incapable de discuter", dit-il, amer. "Matériellement, socialement, on a un cadre qui est censé être simple. Pourtant, tout est compliqué dans cette séparation".

Aider les parents à maintenir le dialogue, pour préserver les enfants, c'est l'un des objectifs de ces rencontres, gratuites et anonymes, généralisées à l'ensemble du territoire national depuis avril, dans le cadre de la loi pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes d'août 2014.

Du couple au binôme parental

"Le stress, la souffrance engendrent des difficultés émotionnelles et la capacité parentale est momentanément diminuée. C'est normal, il faut l'accepter", explique  une intervenante, Jeanne Wagner. Selon cette médiatrice familiale, "l'enjeu c'est de passer d'une relation de couple à un binôme parental" où l'enfant doit "être à l'abri des tensions".
En 2010, environ 350.000 couples se sont séparés en France, la moitié impliquant des enfants mineurs, indique la CAF.

Si les portes claquent, la séparation va abîmer l'enfant. En revanche, si le conflit s'apaise, l'enfant s'adaptera et sera soulagé"

souligne une intervenante de la CAF, Marie-Agnès Demeusy.

Il a "le droit d'entendre et de comprendre la situation, d'entendre qu'il n'est pas responsable et qu'il conserve l'affection de ses parents", dit-elle. Lors des séances, ces mots trouvent écho chez des parents en proie à des situations très différentes. Ils hochent la tête, pleurent ou laissent exploser leur colère.

Selon les vécus, c'est plus ou moins "compliqué de ne pas impliquer les enfants", estime Isabelle Parra, mère divorcée d'un fils de 21 ans et d'une fille de 14 ans, qui bénéficie du dispositif de garantie contre les impayés de pension alimentaire (Gipa), depuis que le père de ses enfants ne lui verse plus la pension. "Avant la séance, le moindre petit truc me rendait dingue. Je le disais et les enfants étaient impliqués à 100% dans le conflit", se souvient cette femme de 44 ans au visage déterminé, encadré par un long carré de cheveux noirs. "Maintenant, je ne leur dis plus quand je suis énervée et j'essaie de les épargner".

Après un divorce difficile avec un mari criblé de dettes, elle s'est rendue à une réunion "Parents après la séparation" pour demander des conseils juridiques et financiers, autre volet phare de ces rencontres. Grâce aux réponses d'une juriste, elle a déposé un dossier de surendettement, échappant ainsi à une situation de grande précarité.


Sans ce suivi de la CAF et ces conseils, je serais vraiment en galère"

note Mme Parra, qui a trouvé un emploi de déclarante en douanes, avant de poursuivre: "La prochaine étape, c'est me reconstruire moi".
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