Les élections européennes auront lieu le 26 mai 2019. Les citoyens français sont appelés à élire leurs représentants au Parlement Européen. De Raymond Forni, à Edgar Faure ou Pierre Moscovici, certains de nos députés européens ont contribué à l'histoire de la construction européenne.
Raymond Forni
Elu plusieurs fois député PS du Territoire de Belfort de 1973 à 2002, président du Conseil Régional de Franche-Comté en 2004, président de l’Assemblée Nationale de 2000 à 2002, Raymond Forni a aussi occupé des fonctions au sein du Conseil de l’Europe. Il a d’ailleurs été désigné par l’Assemblée Nationale pour y siéger entre 1973 et 1978 puis est devenu membre du Parlement européen entre 1978 et 1979. Rappelons que de 1958 à 1979 les députés étaient désignés par les Etats membres et formaient des délégations nationales.
Député du Territoire de Belfort, président du Conseil Régional de Franche-Comté, président de l'Assemblée Nationale
Fils d’immigré italien, il n’a acquis la nationalité française qu’à l’âge de 17 ans. Issu d’une famille modeste, il a travaillé à la chaîne chez Peugeot à l’âge de 18 ans. Puis il décroche brillamment son baccalauréat à 22 ans, pour ensuite devenir avocat à 27 ans. Modèle d’intégration et de réussite, reconnaissant de ce que la France a pu lui apporter, il se dit également « européen convaincu, sans doute à cause de ses origines ».Je crois à l’Europe par-dessus tout
Maastricht c’est une grande affaire. J’aspire à une Europe de prospérité et de paix mieux construite qu’actuellement et peut-être plus équilibrée
En 1992, il se réjouit de la signature du traité de Maastricht et rappelle son attachement à la poursuite de la construction européenne lors de l’émission télévisée « Comparution immédiate ».
Extrait de l'émission Comparution immédiate du 20/06/1992
Edgar Faure
Il est élu député européen en 1979 lors des premières élections européennes au suffrage direct. On connaît tous la brillante carrière politique d’Edgar Faure tant sur la scène nationale que régionale : élu député du Jura en 1946 puis du Doubs en 1967, président de l’Assemblée Nationale en 1973, nommé plusieurs fois ministre sous la 4ème et la 5ème République. Le Franc-Comtois s’est notamment vu confier le ministère du budget en 1950, celui de l’agriculture en 1966, et celui de l’Education Nationale en 1968, des Affaires sociales en 1972. Il fût président du Conseil Régional de Franche-Comté de 1974 à 1988, sénateur, il a enchaîné les mandats.
Député, président de l'Assemblée Nationale, ministre, président du Conseil Régional de Franche-Comté, sénateur et député européen - Rétrospective hommage à Edgar Faure - 31/03/2018
Mais on connaît moins son engagement sur le plan international. Dès le début des années 50, il est partisan de la construction européenne et mène campagne pour une Communauté européenne de l’atome et d’une communauté économique européenne aux côtés notamment de Robert Schuman, le père fondateur de l’Europe.
Humaniste, il intervient à plusieurs reprises devant le Parlement Européen et notamment en 1973 à propos des réfugiés vietnamiens. C’est le début de l’exode des Vietnamiens qui fuient leur pays, il défend l’idée que l’Europe se doit d’être une terre d’accueil. Il présente devant le Parlement européen une proposition qui prévoit le soutien financier de l’Europe et l’aide humanitaire : « Nous ne pouvons admettre que certaines personnes ne trouvent un asile sur la terre. C’est un problème humanitaire. Ces gens sont dans le malheur, on ne peut pas les laisser entre la vie et la mort" dit-il à l'époque.
En 1979, il se présente sur la liste Union pour l’Europe conduite par Simone Veil. Il est alors élu député européen lors de la première législature de 1979 à 1984.
Défenseur de l’agriculture
Fort de son expérience à la fois de ministre de l’agriculture et de ses mandats en Franche-Comté, région agricole et rurale, c’est avant tout l’agriculture et la préservation de la vie rurale qu’il défendra durant son mandat européen.
En 1982 devant le Parlement il défend l’idée « qu’il faut maintenir le mode de vie rurale et la préserver. Il faut donner la possibilité aux exploitations agricoles de rester sur place et que les agriculteurs puissent vivre dans des conditions convenables »
Il propose à ce titre un prix minimum avec des garanties de revenus pour la classe agricole. L'encadrement des prix agricoles, "c’est l’avenir de la communauté européenne »
Edgar Faure défend l'agriculture devant le Parlement européen - 16/02/1982
Dominique Voynet
Militante des Amis de la Terre de 1977 à 1981 puis co-fondatrice du mouvement des Verts en 1984, Dominique Voynet est élue députée européenne en 1989 et secrétaire générale du groupe écologiste. Elle siégera au Parlement Européen de 1989 à 1991.
Née à Montbéliard, elle s'est ensuite investie tant sur le plan régional que national : élue députée du Jura en 1997, conseillère régionale de Franche-Comté de 1992 à 1994 et conseillère générale du Jura de 1998 à 2004 mais aussi ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement sous le gouvernement de Lionel Jospin.
Portrait de l'eurodéputée écologiste Dominique Voynet - 20/06/1999
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©INA
Durant son mandat de députée européenne, elle combat les centrales nucléaires et s’oppose notamment au projet de grand canal qui a pour objectif de relier le Rhône au Rhin par la Saône et le Doubs, un chantier hors norme qui prévoit alors la suppression de terres agricoles et la disparition de communes, des constructions massives de barrages et d’écluses et qui constitue un risque pour l’écologie et l’environnement. Le projet est abandonné en 1997.
Pierre Moscovici
Vice-président et membre du Parlement européen de 1994 à 1997 puis ministre délégué en charge des affaires européennes de 1997 à 2002, Pierre Moscovici est réélu député européen en 2004 et assure la vice-présidence du Parlement européen jusqu’en 2007. Depuis 2014 il est commissaire européen aux affaires économiques.
Portrait du député européen Pierre Moscovici lors de sa rentrée au Parlement européen - 19/07/1994
Ancien député du Doubs, ancien conseiller municipal de Valentigney et président de la communauté d'agglomérations du Pays de Montbéliard, Pierre Moscovici a également eu en charge le ministère de l'Economie et des Finances sous le gouvernement de Jean-Marc Ayrault.
Enarque, parisien d'origine, membre du PS depuis le début des années 1980 et européen convaincu, il se tourne tout naturellement vers des mandats européens à partir de 1994 afin de contribuer au volet économique et social de la construction européenne.
Pour combattre le chômage, il propose en 1994 un plan de relance européen basé sur un grand emprunt : l'objectif est de financer des emplois, le logement et le développement des villes par des grands travaux notamment en matière de communication.
En 1998, avec l'arrivée proche de l'Euro, il défend l'idée d'une Europe populaire et sociale et la libre circulation des marchandises. Selon lui, une Europe forte ne peut que profiter au développement des régions dont la Franche-Comté qu'il connaît bien.
En 2005, après que la France et les Pays-Bas votent "non" par référendum sur la Constitution européenne et tandis que l'abandon de l'Euro est évoqué, Pierre Moscovici continue à plaider "pour une relance de l'Europe économique et sociale". "Si on ne le fait pas maintenant c'est toute la construction européenne qui va s'effondrer, y compris l'Euro."
Sophie Montel
Née à Montbéliard, elle adhère au FN dès 1987. Ancienne Conseillère régionale FN de Franche-Comté de 1998 à 2015 puis de Bourgogne Franche-Comté depuis 2016 et conseillère municipale de Besançon puis de Montbéliard, elle se présente aux élections européennes de 2014 sur la liste de Florian Philippot sur la circonscription Est où elle figure à la deuxième place.
Avec la montée du FN, la liste frontiste de la circonscription Est obtient 29 % des voix permettant ainsi à Sophie Montel d'être élue et de devenir députée européenne. Parmi les dossiers qu'elle entend défendre au sein du Parlement européen, la défense du bien-être des animaux. Elle quitte le FN en 2017 pour rejoindre Les Patriotes, mouvement qu'elle quittera aussi en juillet 2018 suite à un différend avec Florian Phlippot.
Elle ne se représente pas aux élections européennes du 26 mai prochain.