Le patron de Siemens n'a pas mâché ses mots, ce mercredi 30 janvier, déplorant la frilosité de la Commission européenne sur la fusion Alstom-Siemens. Bruxelles doit donner son verdict avant le 18 février pour valider ou non cette union qui semble aujourd'hui compromise.
Le patron de Siemens s'est exprimé sur le projet de fusion avec Alstom, menacé d'un veto de la Commission européenne, lors d'une conférence de presse sur les résultats annuels du groupe.
"Il va être intéressant de voir si le futur de la mobilité [ferroviaire] va être déterminé par des technocrates rétrogrades ou des Européens tournés vers l'avenir", a lancé Joe Kaeser, en marge de cette conférence de presse.
Et le patron allemand avait déjà interpellé la Commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, sur Twitter en début de semaine. "Ceux qui aiment l'Europe devraient façonner leur avenir et ne pas se perdre dans des formules arriérées", lui avait-il dit, en réponse à un tweet où la Commissaire européenne déclarait vouloir "changer l'Europe".
Wer Europa liebt, der sollte seine Zukunft gestalten und sich nicht in rückwärts gerichteten Formeln verlieren. Es muss bitter sein, wenn man technisch recht hat aber für Europa doch alles falsch macht @peteraltmaier @BrunoLeMaire
— Joe Kaeser (@JoeKaeser) 28 janvier 2019
La Commissaire européenne à la Concurrence est chargée de veiller à ce que l'union annoncée entre Alstom et les activités ferroviaires de Siemens en Europe n'écrase pas les plus petits groupes ou ne menace les prix. Mais cette dernière s'inquiète de la position dominante que le nouvel ensemble aurait dans la signalisation ferroviaire et les trains à grande vitesse.
D'autres options en cas d'échec
"Le droit de la concurrence européen a pris effet il y a 30 ans dans un contexte complètement différent", a plaidé Margrethe Kaeser, jugeant "naïf de croire que les Etats peuvent individuellement faire face à la concurrence chinoise".
Après des semaines de spéculations, Alstom et Siemens ont rendu publics les désinvestissements proposés à la Commission européenne, qui correspondent à 4% du chiffre d'affaires de l'entité combinée. Ils ont consenti en début de semaines à de nouvelles cessions, après avoir pourtant maintenu qu'ils ne pouvaient pas faire plus. Siemens laisse désormais entendre qu'en cas de veto de la Commission européenne, il n'exclut pas une introduction en Bourse de sa rentable branche Mobility.
"Nous ne sommes ni amers ni énervés, si cela marche tant mieux pour Siemens-Alstom, pour nos clients, et si cela ne marche pas, nous avons d'autres options", a ajouté le dirigeant de Siemens.
Siemens Mobility a en effet signé de très importantes commandes sur cette période (4,55 milliards d'euros), notamment pour équiper le métro de Londres. Alstom a enregistré de son côté 3,39 milliards d'euros de prises de commandes sur la même période.