Depuis le 1ᵉʳ mai 2023, la SPA enregistre plus de 10 300 animaux abandonnés dans ces refuges au niveau national. Cette hausse de plus de 4 % par rapport à l'année 2022 est sans précédent. La SPA de Belfort n'est pas épargnée. Un reportage de Marion Chevalet et Rémy Poirot.
"Là en ce moment, c'est 47 chiens au refuge, pour une capacité d’accueil de 49 chiens. Pour faire simple, on est plein, et les deux boxes qui sont vides ne vont pas le rester longtemps", constate une des employées du refuge de la SPA de Belfort.
Dix chiens en attente et une liste d'attente mise en place
C'est du jamais vu dans l'histoire de ce refuge. Plus de 10 chiens attendent aujourd'hui une place à la SPA de Belfort et pour la première fois, une liste d'attente a même été mise en place. "Les gens n’ont plus de patience. Quand ils nous appellent pour abandonner leur animal, c’est "tout de suite, immédiatement" et quand on leur demande d’attendre 15 jour, trois semaines, c’est presque le bout du monde. Il n’y a jamais de bonne excuse malheureusement", se désole Elvina Bernon, responsable du refuge de la SPA de Belfort.
Rares sont les cas où l’abandon se fait à la suite du décès du propriétaire ou en cas de maladie par exemple. "La plupart du temps, on est sur des profils de chiens qui ont dix mois, un an et demi. Ils sont dans l’adolescence, ils font des bêtises, et la plupart du temps les propriétaires n’ont pas la patience et ils prennent l’option de facilité en venant abandonner leur chien ici directement", poursuit la responsable.
Trois ans de prison et 45 000 euros d'amendes
Dans le contexte d'inflation actuel, les coûts vétérinaires et d'entretien sont souvent cités pour justifier l'abandon d'un animal... à tort. "Ce n’est pas parce que l’on manque de moyens que l’on se débarrasse de son animal. C’est surtout par convenance, parce que l’on veut partir en vacances, que c’est trop compliqué de l’emmener, etc", complète Reha Hutin, présidente de l'association 30 millions d'amis.
Mais pour moi, par expérience, et dieu sait si j’en ai, ce ne sont pas les plus pauvres et les plus démunis qui se débarrassent de leur animal. Ce sont même eux qui font les plus gros sacrifices pour le garder à tout prix.
Reha Hutin, présidente de l'association 30 millions d'amis.
Selon la loi, l'abandon d'un animal est puni de trois ans de prison et 45 000 d'amendes. L’abandon est considéré comme un acte de cruauté considéré au même titre que la maltraitance. "Lorsqu’il s’agit d’une cession à un refuge, est-ce que l’on peut considérer qu’il s’agit d’un abandon ? C’est un abandon déguisé et on ne peut pas faire grand-chose contre le propriétaire", souligne tristement Chantal Girot, présidente de l'association Défense animale Belfort. Afin d'éviter ces abandons auprès des refuges, par des propriétaires — parfois récidivistes — la sensibilisation avant l'adoption reste la principale solution.