Un protocole d'accord a été signé lundi 17 février.Le constructeur ferroviaire française souhaite racheter Bombardier Transport. Le groupe endetté vend certains de ses actifs. Alstom va avec cet acquisition renforcer son poids mondial.
Ce que l'on sait
Le constructeur ferroviaire français a signé un protocole d'accord avec Bombardier et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) pour racheter 100% de Bombardier Transport, la branche ferroviaire du conglomérat canadien, pour un prix compris entre 5,8 et 6,2 milliards d'euros.
Bombardier dispose notamment à Crespin (Nord) de la plus grosse usine ferroviaire de France, Alstom exploitant de nombreux sites plus petits avec 2.000 employés.
Pas de restructurations annoncées
"Il n'y a pas du tout d'idée de restructurations ou de menace sur l'emploi dans cette acquisition, bien au contraire", a assuré Henri Poupart-Lafarge à la presse. "Ce n'est pas une fusion défensive dans laquelle nous essaierions de gagner des synergies de coûts par des restructurations, c'est une fusion offensive dans un marché en croissance".
Des "adaptations" seront peut-être nécessaires, "ponctuellement", en fonction des plans de charge des différentes usines, a-t-il toutefois reconnu, interrogé sur les sites allemands de Bombardier. En tout état de cause, ni l'usine Bombardier de Crespin, ni celle d'Alstom à Valenciennes, à quelques kilomètres, ne sont concernées, selon lui.
Bombardier Transport, c'est quoi ?
Bombardier Transport est basé à Berlin en Allemagne. Bombardier Transport est détenu à 32,5% par la Caisse de dépôt et placement du Québec. Bombardier Transport c'est en 2019 un chiffre d'affaires de 8,3 milliards de dollars (7,7 milliards d'euros au cours actuel). Bombardier emploie 36.000 personnes.
Lourdement endetté, le fleuron industriel canadien, qui a créé les motoneiges dans les années 1930, s'est engagé en 2015 dans une vaste restructuration pour se maintenir à flot. Il avait indiqué en janvier envisager des désinvestissements.
Le groupe canadien a déjà cédé en 2019 au japonais Mitsubishi Heavy Industries son programme d'avions régionaux CRJ, des appareils de 75 à 100 places, contre 750 millions de dollars américains.
L'année précédente, il avait cédé le contrôle à Airbus de son avion moyen-courrier CSeries, devenu A220. Bombardier a annoncé le 13 février qu'il vendait à Airbus et au gouvernement du Québec sa participation résiduelle de 33,58% dans le programme.
Airbus et le gouvernement du Québec deviennent les seuls propriétaires du programme A220 alors que Bombardier finalise son retrait stratégique du secteur de l’aviation civile commerciale.
— Bombardier Inc. (@Bombardier) February 13, 2020
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Il a également annoncé à l'automne la cession à l'équipementier américain Spirit Aerosystems de ses activités aéronautiques en Irlande du Nord, au Maroc et à Dallas, pour plus d'un milliard de dollars.
Ne reste plus à Bombardier dans le secteur aéronautique que sa division la plus profitable, celle des avions d'affaires (Learjet, Challenger, Global).
Alstom rachetant Bombardier deviendrait le numéro 2 mondial du matériel ferroviaire
"Cette acquisition renforcera notre présence internationale ainsi que notre capacité à répondre à la demande toujours plus importante de solutions de mobilité durable", a commenté le PDG d'Alstom Henri Poupart-Lafarge, évoquant "une très belle opération".
Selon le quotidien économique Les Echos, si ce rachat se réalise, un an pile après le veto posé par Bruxelles au précédent mariage entre Alstom et l'allemand Siemens, Alstom deviendrait un solide numéro deux mondial du matériel ferroviaire. Juste derrière le chinois CRRC.