Des salariés de General Electric à Belfort, menacés par un vaste plan social, ont lancé, ce vendredi 19 juillet, une procédure de signalement de "danger grave et imminent" après le décès de trois d'entre eux ces trois dernières semaines.
Des salariés de General Electric à Belfort ont lancé vendredi une procédure de signalement de "danger grave et imminent" pour les salariés de l'entreprise, engagée dans un vaste plan social, pointant le décès de trois d'entre eux en trois semaines, a-t-on appris de source syndicale.
Un courrier adressé vendredi au directeur du site, Antoine Peyratout, par trois membres de la Commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) annonce "le dépôt d'une procédure de danger grave et imminent" et demande "la mise en oeuvre d'une enquête dans les plus brefs délais qui concernera l'ensemble des postes et salariés de l'entreprise".
Des signalements depuis novembre dernier
Les élus de la CSSCT soulignent "le décès en trois semaines de trois salariés (deux crises cardiaques et un accident vasculaire cérébral)" et pointent des "situations de conflit/pressions sur des salariés", ainsi que "le caractère anxiogène des annonces relatives à l'emploi", alors que GE a lancé en mai un plan social qui doit aboutir à la suppression de près de 1 050 emplois en France.
La lettre rappelle qu'en novembre 2018, "les trois comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l'entreprise (avaient) déclenché une expertise pour risques graves" après de nombreux signalements portant sur des risques psychosociaux dans l'entreprise et qu'aucune mesure de prévention n'avait été mise en place à la suite de ce rapport.
Ce rapport avait montré que 63% des salariés interrogés se trouvaient "en niveau fort à très fort" en termes de charge mentale, dénoncent les signataires.
"Le management se fait plus dur"
"Dans les périodes où il va y avoir des départs de salariés, le management se fait plus dur", constate Francis Fontana, délégué Sud Industrie et secrétaire de la CSSCT Centrale.
Engagée dans un combat pour sauver l'entité turbines à gaz de Belfort, qui doit payer le prix fort du plan social avec 792 postes supprimés, son intersyndicale a écrit jeudi soir au gouvernement pour le mettre en demeure de faire respecter par General Electric les engagements pris lors du rachat du pôle énergie d'Alstom en 2014 et d'exiger la suspension du plan social."On a un management de proximité qui n'a plus aucun pouvoir, qui a été complètement dépossédé des pouvoirs de décision -les décisions sont prises essentiellement en Suisse et aux Etats-Unis. Le management français est juste là pour l'application du règlement intérieur, c'est un management administratif et de police !", pointe-t-il.
La direction déplore une instrumentalisation des décès
Suite à l'annonce de cette procédure, la direction française déplore une "instrumentalisation indécente qui est faite par certains syndicats des décès récents de trois de nos salariés intervenus, en dehors du temps et du lieu de travail et nous réfutons tout lien avec l'actualité de l'entreprise"."Face à l'ampleur du projet de réorganisation actuel, (GE) a renforcé son dispositif cette année avec notamment une présence accrue sur le terrain des équipes RH, du service de santé au travail, de salariés volontaires formés, et d'un service d'assistance psychologique", a-t-elle précisé.