La procureure de Montbéliard a affirmé ce matin dans une conférence de presse que Christophe Blind et Stéphane Dieterich entretenaient une relation amoureuse passionnelle. Le jeune homme a été assassiné en juillet 1994. L'assassin présumé, un de ses anciens amis, a reconnu l'avoir tué.
Les faits ont eu lieu le 5 juillet 1994. Le corps sans vie de Stéphane Dieterich avait été retrouvé dans la forêt de Cravanche, dans le Territoire de Belfort. L'étudiant belfortain, âgé de 24 ans, avait disparu mystérieusement la veille alors qu'il aurait dû se trouver à la fête foraine.
Très médiatisée grâce au combat de Sylvain Dieterich, le frère de la victime, l'affaire avait été relancée en 2013, quand un ancien lycéen à l'époque, avait eu en mains un tract de l'association pour la famille de la victime. Il avait alors fait le lien entre l'affaire Dieterich et la proposition faite par Christophe Blind, alors son surveillant de lycée, de "tuer quelqu'un contre de l'argent. C'est cette déposition qui a permis aux enquêteurs de vérifier l'information par une centaine d'autres auditions, et de remonter jusqu'au suspect, convoqué mardi et mis en examen pour assassinat.
Âgé de 46 ans, Christophe Blind vivait dans le Var, en ménage avec une femme et sans enfants. Il aura fini par avouer, "pour soulager sa conscience", affirme une source proche de l'enquête. Jusqu'ici, le suspect, déjà mis en garde à vue au début de l'enquête, avait toujours nié, affirmant avoir déposé Stéphane Dieterich à la fête foraine en fin de soirée. Les deux hommes devaient partir le lendemain en vacances pour Antibes.
On en sait aujourd'hui plus sur le mobile du crime : selon la procureure de Montbéliard, il s'agit d'un "motif passionnel". Ce matin, en conférence de presse, Carine Greff a expliqué que le prévenu et la victime entretenaient "une relation passionnelle et homosexuelle, houleuse, faite de ruptures" : c'est pour mettre fin à cette spirale affective que Christophe Blind aurait commis l'irréparable. Selon le parquet, le fait qu'il ait acheté un couteau et qu'il ait conduit la victime au Bois Joli, près de Belfort, confirme la préméditation de l'homicide.
L'adjoint au chef d'antenne de la police judiciaire de Besançon a par ailleurs précisé qu'après avoir conduit Stéphane Dieterich dans le bois, Christophe Blind lui avait porté une dizaine de coups de couteau, avant de rentrer passer la nuit chez un ami. Puis de nettoyer son véhicule avant de se rendre chez la mère de la victime, pour la conduire à la police faire sa déposition.
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La procueure de Montbéliard, Carine Greff, en conférence de presse vendredi 18 décembre.
21 ans après l'assassinat de Stéphane Dietrich, la justice tient enfin un suspect. Le meilleur ami du jeune étudiant est passé aux aveux. Il est mis en examen pour assassinat. La victime avait été tuée de plusieurs coups de couteau en juillet 1994. Sa famille n'a jamais lâché, elle est aujourd'hui soulagée mais elle attend des réponses. Avec: Christophe Grudler, conseiller départemental (MoDem) du Territoire de Belfort ; Sylvain Dieterich, frère de la victime ; Nelly Rouzet, avocate du prévenu.
Sylvain Dieterich, le frère de Stéphane, a appris l'arrestation et les aveux mercredi matin. Joint par téléphone, il raconte : "J'ai toujours su que cet homme mentait. Pour maman, c'est la surprise que ce soit lui, lui qui se disait l'ami de Stéphane. Une surprise, oui. Moi, c'est l'aboutissement d'un combat. Maintenant, j'attends le procès et j'ai besoin de savoir. Je n'ai jamais baissé les bras. J'ai fait des concerts, puisque je chante, j'ai participé à des émissions de télé, tout pour que Stéphane ne soit pas oublié. Par exemple, l'an dernier, à Belfort, j'ai chanté à la Maison du Peuple et des éléments ont resurgi à ce moment-là... Certaines personnes n'étaient pas en France, elles ont mis du temps à parler... Les enquêteurs ont repris l'affaire en 2013. Christophe était peut-être rongé de remords... Je ne sais pas... J'espère simplement qu'il n'a tué que Stéphane."
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Sylvain Dietrich a une pensée spéciale pour son papa décédé en 2010 et à tous ceux qui les ont soutenus, lui et sa maman, dans cette terrible épreuve. Ils auront passé vingt-et-un ans à se battre pour que la justice ne referme pas le dossier.