À plus de deux ans des Jeux olympiques, plusieurs élus de Belfort sont montés au créneau. Ils disent leur inquiétude pour la tenue des Eurockéennes en 2024, après des propos du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin évoquant reports ou annulations de grands événements en raison des Jeux olympiques qui se dérouleront du 26 juillet au 11 août 2024.
Les propos de Gérald Darmanin ont fait grincer des dents plus d’un organisateur de festival. De Rock en Seine aux Vieilles Charrues, aux Eurocks. Devant le Sénat, mardi 25 octobre, le ministre de l’Intérieur a planté le décor en prévenant qu’en 2024 des événements culturels ou sportifs devraient être "annulés ou reportés". "On pense à de grands festivals culturels, a détaillé le ministre de l'Intérieur, on pense à de grands événements sportifs qui méritent d'être sans doute un peu décalés et qui parfois parcourent la France à vélo, par exemple ; des grands concerts ; un certain nombre de grands événements, on pense à la braderie de Lille, si je parle de ma région" a déclaré le ministre.
Le 27 octobre, le ministre tente d’éteindre l’incendie. Invité de France Inter, Gérald Darmanin a appelé "chacun à faire des efforts". "Moi, je vais annuler les congés des policiers et gendarmes entre juin et septembre 2024", avance-t-il. Il assure que "ça ne veut pas dire que les festivals ne peuvent pas se tenir", mais que s'ils se tiennent, ce sera "dans des conditions qui permettent d'avoir moins de forces de sécurité que d'habitude”.
Adaptation, le mot entre en scène
Au festival des Eurockéennes, forcément les propos du ministre Darmanin ont provoqué effroi, cri et stupeur, confie Jean-Paul Roland, directeur général du festival. “On avait entendu depuis deux semaines comme quoi la cohabitation avec les JO allait poser quelques difficultés. Avec de l'adaptation des événements jusqu’à mi-juillet, puis ensuite de décalage d’événements“ résume Jean-Paul Roland.
Après la stupeur, l’homme qui dirige les Eurocks se veut tout de même optimiste. “J’espère bien que la première médaille olympique de 2024 ne sera pas la première panne culturelle qu’on ait jamais eue en France" dit-il. “Pour moi, c’est inimaginable qu’il n’y ait pas d’Eurockéennes en 2024, il nous faut une visibilité d’ici janvier 2023” dit-il. Jean-Paul Roland veut croire à une cohabitation possible avec les JO de Paris, sachant que le festival de Belfort requiert 150 vacations de forces de sécurité pour quatre jours. “L’adaptation pour les Eurocks, ce peut être un festival sur trois jours au lieu de quatre, un léger décalage de l’évènement à tout début juillet”. Les Eurockéennes vont demander à rencontrer le préfet du Territoire de Belfort pour évoquer cette problématique de la sécurité pour l’été 2024. Deux tiers des festivals ont lieu l'été, rappelle Jean-Paul Roland. Les Eurocks, ce sont 11 millions de retombées économiques sur le Territoire de Belfort.
Le festival des Eurockéennes de Belfort, a été annulé deux ans de suite en 2020 et 2021 en raison du covid après une année record en 2018 ayant réuni 135.000 spectateurs.
La dernière édition, qui s'est tenue du 30 juin au 3 juillet 2022, a été gâchée par un violent orage qui a fait sept blessés, et a contraint l'organisation à annuler deux soirées de concerts.
Les élus du Territoire de Belfort montent au créneau pour défendre le festival
Concernant l’organisation des JO 2024 et leur impact en terme de sécurité sur les événements de l’été, le 20 octobre dernier, le sénateur LR du Territoire de Belfort Cédric Perrin avait posé une question orale à la ministre de la culture.
“Alors que Paris accueillera les Jeux olympiques et Paralympiques d'été en 2024, Le Canard enchaîné révélait en juillet 2022 un rapport confidentiel de la Cour des comptes sur les contours de leur préparation. Selon l'hebdomadaire, les magistrats de la rue de Cambon insisteraient sur la nécessité « d'anticiper une mobilisation générale et massive des moyens matériels et humains pour assurer la sécurité des Jeux ». Ils jugeraient « impératif » d'accélérer le pas pour relever le défi sécuritaire « considérable » que représente cet événement.
Cédric Perrin a demandé à la ministre de rassurer les organisateurs de manifestations programmées courant de l'été 2024 en leur garantissant la disponibilité des forces de sécurité nécessaires. Selon le document que s’est procuré Le Canard enchaîné, la Cour des comptes préconise de pallier une « carence probable » d’agents de sécurité privée, dont 24 000 agents seraient nécessaires chaque jour. Il suggère ainsi de pouvoir faire appel à l’armée et aux réserves opérationnelles de la police et de la gendarmerie.
Dans un communiqué en date du 26 octobre, le maire de Belfort est lui aussi monté au front. "Je suis très inquiet et surpris par l'annonce du ministre de l'Intérieur. Cela signifie donc qu'un pays comme la France n'est plus en capacité d'organiser de grands événements sans mettre à l'arrêt le reste du pays", a estimé le maire de Belfort Damien Meslot (LR) dans un communiqué.
Avec AFP