60e du classement final, Thibaut Pinot a vécu une semaine chaotique sur le Tour des Alpes. Loin des leaders, le Franc-Comtois souffre encore du dos et inquiète sa formation. Il pourrait renoncer à sa participation programmée sur le Tour d’Italie en mai prochain.
Le bilan risque d’être difficile pour Thibaut Pinot et la Groupama FDJ au sortir d’un Tour des Alpes qui aurait dû permettre au coureur franc-comtois de se jauger, de se rassurer avant le Tour d’Italie (du 8 au 30 mai), objectif annoncé de sa saison 2021. "Ma plus belle victoire serait de retrouver mon niveau et ne plus avoir cette fichue douleur au dos (contractée sur la 1ere étape du Tour de France en septembre dernier). Je m’aperçois que la saison passe très vite, nous sommes mi-avril et je suis pressé de retrouver mon niveau" s’impatientait d’ailleurs le natif de Mélisey avant la première étape.
Une semaine de galères
Cinq jours plus tard, au terme d’une semaine éprouvante à sillonner les cols alpins, force est de constater que Thibaut Pinot est encore loin, très loin du niveau qui fut le sien il y a encore quelques mois, sur le Critérium du Dauphiné précédant la Grande Boucle. Car ce Tour des Alpes s’est apparenté à un nouveau calvaire pour le Français.
60e du classement général à plus de 25 minutes du vainqueur final Simon Yates (Team BikeExchange), le leader de la Groupama-FDJ a sans doute engrangé bien plus de doutes que de certitudes au cours des 5 étapes qui ne l’ont jamais vu se battre avec les leaders, excepté ce vendredi, où il était présent dans l’échappée matinale avant d’être distancé par Félix GrosBschartner (Bora-Hansgrohe).
Échappé sur la dernière étape du #TouroftheAlps, Thibaut Pinot n'a pas pu suivre le rythme de Felix Grossschartner dans l'ultime ascension du jour. Belle étape de Thibaut, à l'orgueil et au courage.
— Équipe Cycliste Groupama-FDJ (@GroupamaFDJ) April 23, 2021
? Attila Valter termine dans le groupe des favoris pour la quatrième place. pic.twitter.com/3tPvSNJjzG
Distancé dès les premières difficultés lundi, relégué à plus de 10 minutes des leaders au soir de la première étape, le Haut-Saônois n’a jamais pesé sur la course, inquiétant par sa condition physique et ses douleurs récurrentes au dos. "Thibaut est venu pour se tester et aujourd’hui, on voit qu’après sa coupure et ses soins, il a toujours mal" avouait son directeur sportif Philippe Mauduit après cette nouvelle désillusion, pour ne pas dire ce nouvel échec.
Une blessure qui le hante depuis 7 mois
Une blessure contractée il y a maintenant sept mois, lors d’une chute survenue à Nice sur le Tour, et qui interroge forcément. "A ce niveau là et depuis tout ce temps, c’est vrai qu’on a du mal à comprendre comment il n’a pas pu bien se soigner" questionne Pascal Orlandi, président de l’AC Bisontine qui a bien connu Thibaut Pinot, "Un coureur comme ça doit être entouré des meilleurs médecins. Un mal de dos, il y a moyen de le localiser, de le soigner. C’est très étrange. Peut être que le mal est récurrent, qu’il revient avec le stress de la course".
Une douleur physique évidente, peut-être responsable d’autres maux chez le coureur comtois ? On le dit souvent fragile psychologiquement, mais Pinot n’a pourtant jamais cessé de se battre, en témoigne son combat contre lui-même pour terminer la Grande Boucle 2020 malgré la douleur, au courage. "Thibaut est un coureur qui cogite beaucoup, on le sait. Il avait fait une très bonne préparation, avec de super temps à l’entraînement, et visiblement ça ne paye pas" analyse Pascal Orlandi, "ll doit se poser beaucoup de questions. Beaucoup de choses doivent trotter dans sa tête. Il ne veut pas décevoir les gens qui le suivent et il doit être très déçu. La course ce n'est pas l'entraînement" poursuit-il.
Une perte de motivation ?
Alors Thibaut Pinot a-t-il encore l’envie, la motivation de se battre sur un circuit World Tour aujourd’hui écrasé par les Primoz Roglic, Tadej Pogacar, Julian Alaphilippe ou Mathieu Van Der Poel ? Si certains en doutent, le grimpeur de Mélisey a tout de même apporté un élément de réponse ce vendredi, en se portant à l’avant dès les premiers hectomètres pour tenter d’aller sauver son Tour des Alpes. En vain. Pour le reste, il ne pourra sans doute pas se donner les moyens de ses ambitions cette saison.
"A ce niveau, il a intérêt à ne pas aller au Giro" recommande Pascal Orlandi "Il faut justifier ses ambitions. Il avait dit qu’il n’irait pas s’il n’était pas à 8/10 de ses capacités. Aujourd’hui il n’est même pas à 4/10. Et c’est tout une équipe qui est perturbée et qui n’est pas prête à travailler pour son leader" poursuit le président de l’AC Bisontine.
La Groupama-FDJ doit prendre une décision très prochainement sur la participation ou non de son leader au Giro. Les dernières rumeurs ne laissaient en tout cas que peu d’espoir de le voir s’aligner sur les routes italiennes en mai prochain. "Si je ne suis qu’à 95%, je n’irai pas, ça c’est sûr, parce que le Giro est l’épreuve la plus difficile" avouait le principal concerné cette semaine.
Toujours handicapé par son dos, le grimpeur comtois @ThibautPinot renonce au @giroditalia d'après le commentateur d'Eurosport @JeroenVanbelle, qui cite des sources au sein de @GroupamaFDJ
— Jérémy Chevreuil (@JeremyChevreuil) April 23, 2021
Info reprise par plusieurs médias néerlandais notamment https://t.co/TVOeiIjSi3
"Un debrief sera fait à la fin du Tour des Alpes pour faire le point sur la suite de la saison. Nous restons sur notre ligne qui est d’attendre la fin de la course" nous a de son côté confirmé Frédéric Grappe, directeur de la performance de la Groupama-FDJ. Une décision devrait donc logiquement être prise dans les prochains jours.
Il faudra prendre la bonne. Alors que son statut aurait dû lui permettre de figurer parmi les favoris d’un Tour d'Italie à sa convenance, bien plus en tout cas que le tracé du Tour de France 2021, Thibaut Pinot n’est plus sûr de rien. Il venait dans les Alpes reprendre une saison sans sensations, sans certitudes. Et il lui faudra sans doute encore du temps pour les retrouver.