Bernard Thévenet, Jean-Christophe Péraud, Jean-François Bernard, plusieurs Bourguignons ont marqué l'histoire du Tour de France. (Re)découvrez leurs exploits.
Le Tour de France 2019 s'élance ce samedi de Bruxelles en Belgique. Dans le peloton cette année, on ne retrouve qu'un seul bourguignon : Julien Bernard. Le natif de la Nièvre dispute sa deuxième Grande Boucle après une 35e place au classement général l'an dernier. Mais, en 105 éditions, d'autres sportifs de la région ont marqué la longue histoire de la Grande Boucle.
Bernard Thévenet
- double vainqueur du Tour de France (1975 et 1977)
- 17 jours de course avec le maillot jaune
- 9 victoires d'étapes
"Pendant longtemps, mon père a pensé que le cyclisme, ce n'était qu'un amusement. Jusqu'à l'âge de 20 ans, il ne pensait pas trop que je puisse passer professionnel, que je puisse gagner ma vie avec le cyclisme", ajoute-t-il. Pourtant, c'est bien ce qui va se passer.
Bernard Thévenet a 22 ans quand il entre dans l'équipe Peugeot-BP-Michelin. Il fait ses premiers pas sur le Tour de France cette même année pour remplacer des coureurs malades dans son équipe. "Je pense que j'ai été sélectionné parce que j'ai été un de ceux que mon directeur sportif a réussi à joindre au téléphone et qui était capable de rallier Limoges [d'où partait le Tour, ndlr] dès le lendemain. J'ai été sélectionné plus sur critères géographiques que sur critères sportifs", s'amuse le cycliste.
Même si ce premier Tour est inattendu pour lui, Bernard Thévenet fait déjà parler de lui. Il remporte sa première victoire d'étape pour la fête nationale, le 14 juillet 1970. Cinq ans plus tard, Thévenet fait presque jeu égal avec le grand champion d'alors, le Belge Eddy Merckx.
Quelques mois avant le Tour de France, il termine second derrière Merckx sur Liège-Bastogne-Liège. Et il remporte le Dauphiné Libéré en devançant le Belge. "On s'est rendu compte que c'était peut-être plus un martien, que c'était un terrien comme les autres […], qu'il faisait un peu moins peur qu'avant", raconte Bernard Thévenet sur franceinfo.
Lors du Tour 1975, c'est d'abord Merckx qui s'affiche avec la tunique de leader. Mais Thévenet sait désormais que le "Cannibale" n'est pas imbattable. Lors de la longue étape entre Nice et Pra-Loup (215 kilomètres), il devance le coureur belge et s'empare pour la première fois du maillot jaune à la force du mollet. "Le dernier kilomètre m'a paru très, très long. Il n'en finissait pas. J'ai énormément souffert". Mais il est désormais leader, avec une avance de 58 secondes sur Merckx.
Le 13 juillet 1975, c'est durant l'étape Digne - Pra-Loup que Bernard Thévenet met fin au règne de Merckx, s'empare du maillot jaune et remporte son premier Tour de France.
Il réussit à conserver le maillot jaune jusqu'à Paris, où l'arrivée de la dernière étape est jugée pour la première fois sur les Champs-Élysées. "Je n'ai pas été tranquille jusqu'à l'arrivée. C'est vraiment qu'à un kilomètre de l'arrivée où j'ai vraiment pris conscience que j'avais gagné le Tour de France", se rappelle le Bourguignon. Le président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, viendra en personne pour le féliciter.
Deux ans plus tard, il remportera à nouveau le Tour de France. Cette fois-ci, c'est le maire de Paris Jacques Chirac qui est à ses côtés près de l'Arc de Triomphe.
Jean-François Bernard
- 3e du Tour de France 1987
- 1 jour de course avec le maillot jaune
- 3 victoires d'étapes
Mais dès le lendemain, la précieuse tunique lui échappe après une crevaison. "Je ne l'ai gardé qu'une seule journée puisque je suis tombé dans un gros traquenard dans cette étape du Vercors [entre Valréas et Villard-de-Lans, ndlr]. L'équipe de Cyrille Guimard, alors directeur sportif de Charly Mottet et Laurent Fignon, m'a attaqué sur une crevaison", se remémore le cycliste pour Eurosport.
Quelques jours plus tard, il remportera haut-la-main un nouveau contre-la-montre, à Dijon, avec 1 minute 40 d'avance sur le second. Mais cela ne suffira pas à revenir au général. À l'arrivée aux Champs-Élysées, il montera tout de même sur la troisième place du podium.
Jean-François Bernard est aujourd'hui consultant pour les antennes de Radio France. Son fils, Julien, a lui aussi attrapé le virus vélo. Il participe cette année à son second Tour de France, avec l'équipe Trek Segafredo.
Jean-Christophe Péraud
- 2e du Tour de France 2014
"Jicé" Péraud un profil atypique dans le peloton. Déjà, l'homme a débuté sa carrière professionnelle sur route très tardivement, à 32 ans, en même temps que Thibaut Pinot par exemple, âgé lui de 20 ans. Avant cela, il était employé par Areva, le géant du nucléaire depuis devenu Orano, mais aussi VTTiste de haut niveau.
Péraud ne s'imaginait pas faire carrière dans le vélo. C'était d'abord un loisir pour lui, du plaisir. "Je n'avais pas la prétention de faire une carrière de coureur cycliste. C'était ludique, la recherche de la performance, essayer de progresser tout le temps... Mes parents donnaient la priorité aux études et je les ai écoutés", expliquait-il en 2014.
En 2008, il décroche la médaille d'argent aux Jeux olympiques de Pékin en VTT cross-country, derrière un autre Français, Julien Absalon. Il décide alors de se mettre en disponibilité chez Areva pour tenter sa chance sur route. Une belle réussite au vu de sa deuxième place sur le podium du Tour 2014. "S'il avait commencé la route un peu plus tôt, qu'est-ce que ça aurait donné ?", s'interrogeait alors son manager Vincent Lavenu.
L'homme viscéralement opposé au dopage a pris sa retraite sportive en 2016. Un an plus tard, il a été nommé à la tête de l'unité en charge de la lutte contre la fraude technologique de l'Union cycliste internationale, chargé notamment de chercher les éventuels moteurs cachés dans les vélos des coureurs.