À Uchon, en Saône et Loire, le projet de vente d’une forêt de feuillus fait polémique. La commune redoute que cette vente ne débouche sur un nouveau développement de monoculture intensive de sapins.
Dans le Morvan, le bois de la Ravière est constitué de 106 hectares de feuillus, essentiellement des hêtres. Il est pour l'instant sujet d'inquiétudes après que son propriétaire, les vins Bouchard de Beaune, a décidé de vendre cette forêt naturelle de 70 ans qui fait le délice des promeneurs.
Le maire d'Uchon, Jean-Marc Dumont, n'a pu qu'en prendre acte. "La mairie ne peut pas préempter, ne peut pas intervenir, ne peut rien faire sur la vente de la forêt. Le maître du jeu, c'est le notaire à qui on a soumis cette vente. Il vend la forêt et il choisit son acheteur", explique l'élu.
Le notaire en question est Me Reynold de Sérésin à Sennecey-le-Grand (Saône-et-Loire). Nous n'avons pas pu le joindre ce mardi 23 avril. L'acheteur est pour l'instant le groupement de la Buchaille. Un groupement forestier, soutenu par la Caisse des dépôts et consignations, et bien connu pour ses penchants pour l'enrésinement.
Qu'une telle structure acquiert une forêt de feuillus dans le Morvan pour la laisser en l'état semble assez improbable. "Nous pensons qu'il y a un projet financier de rentabilité dans cette future acquisition si elle a lieu", indique Christine Wanat, membre de l'association Sauvegarde Massif d'Uchon.
Espace naturel sensible
La vente n'est pas encore faite. Dans l'intervalle, le Conseil départemental de Saône-et-Loire a été alerté et a lancé une démarche de labellisation du bois de la Ravière en espace naturel sensible. Contacté par téléphone, son président André Accary regrette d'avoir été sollicité très tardivement car cette procédure va réclamer plusieurs mois selon lui.Mais l'acheteur normand n'est pas le seul sur les rangs. "On a réussi à mobiliser le conservatoire des espaces naturels de Bourgogne et puis les propriétaires privés. Un achat collectif serait pour nous une très bonne solution", détaille Pascale Larue, conseillère municipale d'Uchon.
Contacté par ces acheteurs potentiels, le notaire chargé de la vente n'aurait pas donné suite à cette offre. Pour l'instant, en tout cas, 14 000 personnes ont signé une pétition pour que le bois de la Ravière ne se transforme pas en parcelle de sapins Douglas.