Les Suisses votent dimanche 5 juin pour ou contre un revenu de base inconditionnel (RBI). Un revenu de 2.260 euros serait versé à toute personne travaillant ou non.
Etre payé à ne rien faire
Le cas de Carole, qui s'exprime sur Youtube, mais dont le nom de famille n'est pas divulgué, pourrait se généraliser en Suisse si la population vote "oui" dimanche à une initiative populaire lancée par un groupe sans affiliation politique, visant à instaurer un revenu de base inconditionnel (RBI). Ce revenu doit permettre à "l'ensemble de la population de mener une existence digne et de participer à la vie publique".
Pourquoi un tel revenu minimum pour tous ?
explique l'un des pères de l'initiative, Ralph Kundig.C'est un rêve qui existe depuis longtemps", mais qui est devenu "indispensable" face au chômage élevé provoqué par la robotisation croissante"
Le ministre suisse de l'Intérieur, Alain Berset, docteur en économie, y voit "quelque chose d'utopique". A Berne, gouvernement, Parlement et partis, sauf les Verts et l'extrême-gauche, dénoncent en bloc l'idée d'un RBI.
observe le directeur du Centre international d'études monétaires et bancaires à Genève, Charles Wyplosz, qui dit à l'AFP que si le lien entre la rémunération et le travail est coupé, "les gens en feront moins".
C'est un vieux rêve, un peu marxiste. Pleins de bons sentiments irréfutables mais sans réflexion économique"
Qui va financer ? Comment ça fonctionnerait ?
Le montant du revenu et son financement devront être définis par le Parlement.
L'initiative suggère une mensualité de 2.500 francs suisses par adulte - avec laquelle il est très difficile de vivre - et de 625 francs suisses pour les mineurs.
Un travailleur gagnant auparavant 7.000 francs suisses toucherait 2.500 francs de RBI et 4.500 francs de salaire. Ceux qui disposent de moins de 2.500 francs par mois toucheraient ce montant.
Soit au total un versement de 208 milliards de francs suisses pour toute la Suisse, selon les autorités, qui devraient trouver une source de financement supplémentaire pour 25 milliards de francs suisses environ, "ce qui impliquerait des économies drastiques ou de fortes hausses d'impôts".
Le gouvernement craint aussi que moins de personnes décident de travailler, ce qui générerait des pertes fiscales supplémentaires.
Les défenseurs de l'initiative suggèrent d'éliminer des aides et assurances sociales ou de créer une taxe sur les transactions électroniques.
Les "pour" et les "contre"
Le directeur général de l'Organisation internationale du travail (OIT, une agence de l'ONU), Guy Ryder, ne prend pas position mais il reconnaît que la transformation à long terme du monde du travail va pousser les sociétés à "trouver des moyens de distribution du revenu national qui ne soient pas directement liés au travail ou au salaire". Pour l'instant, explique-t-il, seules quelques expériences-pilotes doivent être menées ces prochains mois comme à Utrecht (Pays-Bas), mais aussi en Finlande.
71% des suisses y seraient opposés