Après deux années de baisse d'activité, le service de remplacement connaît une nouvelle hausse de la demande. Vacances, congés maternité ou paternité, services ponctuels : les agriculteurs peuvent bénéficier de cette aide pour maintenir leur activité.
Hélène Vendel est éleveuse de vaches laitières à Chamesson (Côte-d'Or). Depuis son installation en 2017, elle sollicite régulièrement le service de remplacement. Leur aide a été un vrai soulagement pour cette jeune maman : « on a fait appel à eux pour mes deux congés maternité. Ça a été un confort énorme » estime-t-elle.
Pour elle comme pour d'autres éleveurs, s'accorder une semaine de vacances est une gageure. « Nous sommes deux couples d’associés. Mes parents n’arrivent pas à faire face quand nous partons en vacances avec mon conjoint. Donc là on prend quelqu’un » explique Hélène Vendel.
Pour elle, le service de remplacement est la seule solution pour réussir à s’absenter de la ferme. « On travaille en famille, alors quand on a un mariage comme en août, s’il n’y avait pas eu le service de remplacement, on n’aurait pas pu tous venir » expose-t-elle. Cette année, elle prendra au total une semaine de vacances.
Ce métier nécessite une présence constante, surtout dans le cas d’élevage d’animaux. Pour les aider, le Service de Remplacement propose que des agents viennent prendre le relais des agriculteurs pour une période allant d’une journée à six mois ou plus.
Un retour à la normale
Durant deux ans, cette association a eu une baisse d'activité, avant de connaître un nouvel élan cette année. Aujourd’hui, la demande est « revenue à la normale » d’après Olivier Gallien, président du Service de Remplacement de Côte-d'Or. « Je dirais que c’est assez équilibré cette année. Mais parfois on va se retrouver avec des périodes de pointe où il va faire beau et les agriculteurs auront besoin d’agents ou bien beaucoup moins s’il ne fait pas beau » analyse le président du service de remplacement, qui parle de « concours de circonstance » face au nombre de demande. Paradoxalement, la période des vacances d’été connaît toujours une légère baisse en comparaison du reste de l’année : « il y a souvent les enfants des exploitants qui sont dans la filière qui peuvent venir les aider » nuance-t-il.
On fait un métier très solitaire, donc je trouve l’échange sympa.
Nicolas Maugey, éleveur à Blancey (Côte-d'Or) emploie également régulièrement des agents du service de remplacement. « On fait un métier très solitaire, donc je trouve l’échange sympa. Même si ce n’est pas pour s’absenter, pour déléguer c’est bien aussi » témoigne l’agriculteur qui a aussi fait appel au service de remplacement pour son congé paternité. « C'est une solution qui nous aide beaucoup. Pour mon congé paternité, j'ai pu prendre onze jours. Et comme ça le travail continue de se faire » explique Nicolas Maugey.
Une solution "idéale" qui a un coût pour les agriculteurs : une journée de remplacement est facturée jusqu'à 180 euros, en fonction du motif du remplacement. « Ça dépend des aides régionales. Les congés maternités sont pris en charge et ne coûtent rien aux agricultrices. Le prix moyen se situe à 100 euros la journée » explique Olivier Gallien.
Une demande en baisse durant deux ans
Si l'année 2021 signe un retour à un fonctionnement normal, les deux dernières saisons ont été marquées par la chute des demandes, liée aux difficultés du secteur. Dès 2019, les agents du service de remplacement ont été moins sollicités par les agriculteurs. « On n’a jamais eu des mois aussi creux. On avait au moins quatre salariés qui n’avaient pas de travail », expliquait alors Olivier Gallien. « Il y a moins de revenus et moins de possibilités de payer un salarié »avait-il ajouté. La baisse de la demande s’est ensuite confirmée en 2020 : « il y avait moins de demande en raison des conditions sanitaires, c’était plus compliqué d’envoyer quelqu’un dans une exploitation » précise le président du service de remplacement.
Une plus grande facilité au recrutement cette année
Après deux années en berne, le service a dû recruter cette année. « On essaie avec les lycées agricoles et Pôle Emploi. On se sert aussi beaucoup de notre réseau pour dire que l’on cherche quelqu’un pour tel ou tel secteur géographique » rapporte Olivier Gallien. Depuis le début de l’année, quatre personnes ont rejoint la vingtaine d’agents Côte d’Oriens, aux profils divers : jeunes en attente d’installer leur exploitation, reconversion professionnelle, complément d’activité ou temps plein. « On a eu de la chance, parce que c’est vrai que c’est un secteur qui n’attire plus vraiment » sourit le président du service de remplacement.
D’après une étude INSEE, la France compte quatre fois moins d’agriculteurs qu’il y a quarante ans. Ils étaient 1,6 millions en 1982 et ne sont plus que 400 000 en 2019. En 2019, les agriculteurs ont déclaré travailler en moyenne 55 heures par semaine contre 37 heures pour l’ensemble des personnes en emploi.