Ce jeudi 28 septembre 2023, c’est la journée mondiale de la rage. À cette occasion, on fait le point sur cette maladie qui est encore présente dans de nombreux pays.
La journée mondiale de la rage
Depuis 2007, la journée mondiale de la rage est une campagne de journée internationale mise en place tous les 28 septembre. Ce jour est celui de la mort de Louis Pasteur, célèbre scientifique du Jura, découvreur du vaccin contre plusieurs maladies, dont celle de la rage.
Cette journée est coordonnée par l’Alliance Mondiale pour la lutte contre la rage (ou GARC pour Global Alliance for Rabies Control)
L’un des principaux problèmes de la prévention de la rage est le défaut d’information des populations concernées, que ce soit sur l’obligation de vaccination des animaux ou encore les soins à apporter en cas de morsure ou de griffure par un animal contaminé.
Les objectifs principaux de cette campagne sont de faire prendre conscience que la rage est un problème de santé publique, d’éduquer et informer la population sur les pays où la rage subsiste encore, et de soutenir les programmes locaux de prévention contre la rage.
Cette année, le thème de cette journée est « La rage : tous pour un, Une seule santé pour tous » en référence au roman des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas. Cela permet de mettre l’accent sur la collaboration, l’égalité et le renforcement des différents systèmes de santé à travers le monde.
Site de l'Alliance contre la Rage
Comment se propage la rage ?
La rage est une maladie mortelle qui ne touche que les mammifères. C’est une infection transmissible par morsure et griffures et de l’animal à l’être humain. Contrairement aux idées reçues, la rage est une maladie qui est toujours présente. Chaque année, on compte encore près de 60.000 décès humains dans le monde ; 40% des victimes ont moins de 15 ans. En France, selon l’OMS, le pays est encore indemne de la rage depuis 2010, cependant, et compte tenu des risques de réintroduction, la situation fait l’objet d’une surveillance permanente. La rage est avant tout transmise par les canidés (+ de 98% sur des morsures de chiens, de loups ou bien de renards) puis par les chauves-souris et les chats.
Dernièrement en France, un homme d’une soixantaine d’années est décédé à Limoges. Il s’est trouvé en contact avec des chauves-souris qui nichaient dans son grenier.
La maladie peut être évitée grâce à la vaccination. Il est possible de prévenir un maximum la maladie en vaccinant les chiens et en évitant les morsures et les griffures d'animaux.
En 1972, on dénombrait 514 cas de rage en France en 1972. Regardez cette archive.
Quels sont les symptômes de la rage ?
Après avoir été mordu par un animal contaminé, le virus se développe au sein du corps pour atteindre les neurones. Une fois le cerveau atteint, au bout d’une trentaine de jours, une encéphalite apparaît (inflammation du cerveau). Le système nerveux est atteint. Puis, des troubles comportementaux surviennent : agressivité, hydrophobie, tremblements, paralysie, écume aux lèvres), puis vient la mort.
La maladie existe sous deux formes : la forme "furieuse" avec hyperactivité du malade, hallucinations, peur de l'eau et peur des courants d'air ou de l'air frais. La forme paralytique concerne 20% des cas humains et l'évolution est moins spectaculaire, mais plus longue. Les muscles se paralysent progressivement et un coma s'installe jusqu'au décès.
La transmission de la maladie est extrêmement rapide : dès la morsure, la mort peut être entraînée en une trentaine de jours, ce pourquoi il est nécessaire d'être pris en charge le plus rapidement possible.
Dès les premières rumeurs de soin en France grâce à l’inoculation du vaccin contre la rage, des patients venus du monde entier ont commencé à affluer.
Après morsure ou exposition potentielle à un animal enragé, les personnes peuvent demander un traitement PPE : prophylaxie post-exposition qui consiste à nettoyer immédiatement et soigneusement les plaies pendant 15 minutes, à recevoir une série de vaccins contre la rage et, selon l'indication, administrer des anticorps ou immunoglobulines antirabiques qui peuvent sauver des vies.
Comment Louis Pasteur met au point un vaccin contre la rage ?
À l’origine du procédé de pasteurisation, le scientifique Louis Pasteur a mis au point le vaccin contre la rage.
Tout au long de la vie de Louis Pasteur, en France, plusieurs centaines de décès à cause de la rage survenaient chaque année. En 1879, Pierre-Henri Duboué dégageait une première théorie sur le fait que la rage atteindrait le système nerveux. La même année, le chercheur Pierre-Victor Galtier commence ses expérimentations sur des lapins. En 1881, Louis Pasteur commence ses propres expériences, après avoir trouvé le vaccin contre la maladie du charbon en 1880.
Il confirme la théorie de Duboué et travaille sur plusieurs éléments importants : que le virus n’est pas uniquement dans la salive, mais également dans le cerveau et sur les modes d’inoculation.
C’est en 1885 que Pasteur se dit capable d’obtenir une forme atténuée du virus afin de vacciner en série d’inoculations. C’est cette même année que commencent les expérimentations sur les hommes.
Le 4 juillet 1885, Joseph Meister, jeune Mulhousien âgé de 9 ans, s’est fait mordre par un chien atteint de la rage. Deux jours plus tard, il est amené à Louis Pasteur qui lui injecte le vaccin sous forme de 13 inoculations. Joseph Meister ne développera jamais la rage. C’est le premier cas officiel de rage soignée, bien qu’il subsiste des doutes quant à savoir si le chien était bien atteint de cette maladie.
En 2020, France 3 revenait sur les premiers cobayes de l'Histoire des vaccins. Des enfants dont le nom est souvent inconnu du grand public, mais à qui la science doit beaucoup. Reportage.
À quoi sert aujourd'hui l'Institut Pasteur ?
Dès le mois d’octobre 1885, la création d’un Institut antirabique fut envisagée afin de pouvoir continuer les recherches sur le vaccin et sa maladie. Le 1er mars 1886, Pasteur mentionne son projet d’Institut devant l’Académie des Sciences, à l’issue de cette même séance une commission adopte ce projet et lance une souscription internationale pour financer ce qui s’appelle déjà l’Institut Pasteur. L’Institut Pasteur est officiellement inauguré le 14 novembre 1888 en présence du président de la République Sadi Carnot.
De nos jours, l’Institut Pasteur est une fondation à but non lucratif dont la mission est de contribuer à la prévention et au traitement des maladies, en particulier les maladies infectieuses par la recherche, l’innovation, l’enseignement et des actions de santé publique. Il y a désormais 19 CNR, Centres Nationaux de Référence en France, centres dans lesquels on surveille et analyse les pathogènes circulant. On fait progresser la recherche et on protège la santé des populations. Les CNR sont d’une importance majeure, on les appelle Sentinelles face aux différents virus, comme par exemple celui du Covid. Chaque laboratoire est assuré de la surveillance de 17 catégories d’agents pathogènes : virus (grippe, SARS-CoV -2 (Covid) Ebola, etc.), bactéries (botulisme, peste, listériose, etc.) champignons (mycoses, streptocoques, etc.) et parasites (paludisme).
Meurt-on encore de la rage ?
Encore de nos jours, toutes les 9 minutes, une personne meurt de la rage. Il est donc d’une importance primordiale de faire vacciner les chiens, mammifères qui ont tendance à en être les plus atteints. Il est nécessaire de continuer à informer, mener des campagnes de gestion de la population canine et d’agir ensemble pour arriver à faire que la rage ne fasse plus partie que du passé.