Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a déclaré que le vin n’était pas un alcool comme les autres. Une phrase qui a provoqué l’indignation d'un grand nombre de médecins.
"Non, je ne crois pas que le vin soit un alcool comme les autres". C’est la phrase prononcée par le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, mercredi 16 janvier 2019, sur le plateau de BFM TV. Il poursuit : "Je n’ai jamais vu, à ma connaissance, malheureusement peut-être, un jeune qui sort de boîte de nuit et qui est saoul parce qu’il a bu du Côtes-du-Rhône, du Crozes-Hermitage, du Bordeaux ou du Costières de Nîmes, jamais".
"Quel aveuglement"
Cette déclaration n’a pas plu à certains professionnels de santé. C’est le cas de Michel Reynaud, addictologue et président du fonds actions addictions. Sur Twitter, il a lancé : "Quel aveuglement ! M. Didier Guillaume, tous les médecins vous invitent à faire un tour aux urgences un soir de feria ou de beaujolais nouveau. Pour être plus précis, il y a tous les jours des comas éthyliques au vin".
Quel aveuglement ! Mr @dguillaume26, tous les médecins vous invitent à faire un tour aux urgences un soir de feria ou de beaujolais nouveau. Pour être plus précis, il y a tous les jours des comas éthyliques au vin. @Prabenyamina @JJBourdin_RMC @anpaa_asso @FedeAddiction https://t.co/oZ5EwSezBR
— Michel Reynaud (@Pr_Reynaud) 16 janvier 2019
De son côté, Amine Benyamina, psychiatre et spécialiste des addictions, a également réagi sur le réseau social : "Avec un tel discours, en dehors d’être scandaleux au regard des connaissances actuels sur l’Alcool, il place surtout la France dans une position intenable et lamentable quand à l’influence du lobby sur nos politiques".
Avec un tel discours, en dehors d’être scandaleux au regard des connaissances actuels sur l’Alcool, il place surtout la France dans une position intenable et lamentable quand à l’influence du lobby sur nos politiques @agnesbuzyn @EPhilippePM @dmascret @FrancoisBeguin https://t.co/dMbSQdbin9
— Amine Benyamina (@Prabenyamina) 16 janvier 2019
Pour Bernard Basset, vice-président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), la déclaration de Didier Guillaume est très éloignée des réalités. "Contrairement à ce que prétend le ministre de l'agriculture, les études démontrent que les jeunes se saoulent avec du vin (18%) ou du champagne (25%) selon OFDT. Le vin est aussi un alcool comme les autres pour se saouler", a-t-il tweeté.
Contrairement à ce que prétend le ministre de l'agriculture, les études démontrent que les jeunes se saoulent avec du Vin (18%) ou du champagnec(25%) selon OFDT. Le vin est aussi un alcool comme les autres pour se saouler.
— Bernard Basset (@bernard_basset) 16 janvier 2019
Qu’a dit le ministre ?
Interrogé par Jean-Jacques-Bourdin dans son émission sur BFM TV sur le fait de savoir si le vin est un alcool comme les autres, Didier Guillaume a répondu :
"Non, je ne crois pas que le vin soit un alcool comme les autres. […] L’addiction à l’alcool est dramatique et notamment dans la jeunesse avec le ‘binge drinking’ [le fait de boire de l’alcool en grande quantité en le moins de temps possible]. Mais je n’ai jamais vu, à ma connaissance, malheureusement peut-être, un jeune qui sort de boîte de nuit et qui est saoul parce qu’il a bu du Côtes-du-Rhône, du Crozes-Hermitage, du Bordeaux ou du Costières de Nîmes, jamais. Ils boivent des mélanges, de l’alcool fort."
Didier Guillaume: "les jeunes qui sortent de boîte de nuit ne sont pas saouls parce qu'ils ont bu du Côtes-du-Rhône" pic.twitter.com/UCyduq8oA1
— BFMTV (@BFMTV) 16 janvier 2019
Puis le journaliste a dit : "Pourquoi n’augmente-t-on pas le prix les alcools forts ?"
"Ça c’est autre chose. C’est déjà très taxé. Ce n’est pas moi qui vais augmenter le prix du Cognac ou de l’Armagnac. Ce que je veux dire, c’est qu’il faut lutter contre toutes les addictions. Mais il faut éduquer les Françaises et les Français et la jeunesse au bon et au beau. Je suis ministre de l’Alimentation. Notre alimentation est formidable. Les agriculteurs produisent des produits de grande qualité, qui sont transformés. Il faut éduquer à boire un verre de vin, pour savoir ce que c’est. La viticulture est un élément économique fort, et d’aménagement du territoire de notre pays. Mais je le redis : attention aux addictions. Il n’y a pas que l’alcool, mais les addictions, que ce soit les vins, l’alcool, etc, c’est dangereux pour la santé de tous les Français et des jeunes."
Ces déclarations interviennent une semaine après la présentation d’un plan gouvernemental contre les addictions. Celui-ci avait déjà été critiqué par certains spécialistes à propos de la partie sur l’alcool. Celui ci ne prévoit aucune hausse du prix de l'alcool.