La pièce "Mon Amie, la chose" interprétée par Barbara Moreau, amie de Sylvie Baton, a été écrite à la mémoire de cette jeune femme assassinée en 1989 à Avallon (Yonne). Ce mardi 16 mai, une plaque en hommage à Sylvie Bâton et aux femmes victimes de violences sera apposée au lycée Jacques Amyot d'Auxerre.
Un devoir de mémoire, une volonté de rendre hommage et plus encore. Dans les lycées de la région, la comédienne Barbara Moreau se met seule en scène dans la pièce "Mon Amie, la chose" qu'elle a pris la "responsabilité" d'écrire. Cette représentation retrace l'affaire Sylvie Baton, son amie de jeunesse, qui a été violée et tuée en 1989, à Avallon (Yonne) et dont le coupable, Ulrich Muenstermann a été retrouvé seulement 18 ans après le meurtre. En 2011, cet Allemand a été condamné à la prison à perpétuité pour l'assassinat et le viol de cette jeune étudiante âgée de 24 ans.
À travers le récit de cette histoire, Barbara Moreau souhaite entretenir la mémoire de son amie en continuant de faire lumière sur ce qu'il s'est dit. "J'ai assisté au procès de l’assassin de Sylvie en 2011 et il m’a semblé que tout n’avait pas été dit, qu’on ne pouvait pas en rester là", commente l'artiste. "Il y avait une atmosphère assez légère. Et puis pendant le procès, on a encore remis en cause la bonne moralité de mon amie. J’ai voulu que ça ne se termine pas comme ça. J’ai voulu lui donner la parole, ainsi qu'à sa famille".
Cette mise en scène est également un moyen pour cette écrivaine de pouvoir témoigner de son propre ressenti notamment à propos de l'audience. À l'époque, elle avait remarqué que des "choses scandaleuses" ont été prononcé au sujet de son amie. Et c'est aussi une façon de réparer les blessures et d'assurer la "mission" que la famille de la victime lui a confiée. "Madame Baton (la mère de Sylvie Ndlr) m'avait dit que si je voulais écrire quelque chose sur ce procès, ça serait moi ou personne. J'ai senti une responsabilité et c'était vraiment un honneur".
Lutter contre le silence sur les violences faites aux femmes
En retraçant cette histoire, Barbara Moreau cherche à éveiller les consciences sur ce type d'affaire. On rappelle que dans le cas de Sylvie Baton, un homme a été envoyé en prison pendant 18 mois avant d'être mis hors de cause. Et que l'enquête est restée au point mort jusqu'en 2005, avant qu'un juge d'instruction auxerrois ne décide de rouvrir le dossier.
"Mon message s'adresse à toutes les femmes. Car aujourd’hui on continue de se demander si une victime de viol ne l’a pas un peu cherché. Par rapport à ça, j’ai voulu mettre les points sur les i", souligne Barbara Moreau, toujours outrée de ce qui a pu être insinué au sujet de son amie.
Cette mise en scène au message féministe, se veut aussi préventive. La comédienne cherche à donner des réflexes à adopter pour ne pas que ces faits-divers tombent dans l'oubli.
Quand ça arrive, il faut être solidaire et faire tout ce qu’on peut pour que les affaires de ce genre ne soient pas classées. C'est ce qui est arrivé à beaucoup d’affaires, surtout dans l’Yonne. Il faut aussi qu’on veille à ce que la justice soit rendue plus tôt et qu'on œuvre pour les victimes soient entendues ainsi que leur famille.
Barbara Moreau, écrivaine et comédienne de "Mon Amie, la chose"
Mardi 16 mai, une plaque en hommage à Sylvie Baton et à toutes les femmes victimes de violences sera aposée dans le lycée Jacques Amyot d'Auxerre. Ce geste est à l'initiative des élèves du comité "Jeanne a dit", de ce même lycée. Pour cet événement, Dominique Verrien, la sénatrice de l'Yonne et Charles Prats, le juge d'instruction qui a dénoué l'affaire seront présents.