La maison d'arrêt d'Auxerre (Yonne) compte en cette fin janvier une quinzaine de détenus atteints du Covid-19. Ce cluster en prison chamboule l'organisation des établissements pénitentiaires, et impacte les prisonniers comme leurs visiteurs.
Double peine pour les détenus de la maison d'arrêt d'Auxerre. L'épidémie de Covid-19 fait rage à l'intérieur des murs de la prison, qui dénombre 15 cas fin janvier sur 145 prisonniers. Un cluster qui a contraint l'encadrement pénitentiaire à adapter les conditions de détention.
"Au plus fort de l'épidémie, nous avions 16 détenus positifs", indique Patrick Mouchot, directeur de la maison d'arrêt. "Nous avons lancé des tests globaux le 17 janvier, ce qui nous a permis de contenir les cas avérés dans un secteur de la prison."
Un nouveau cas apparaît ensuite le 24 janvier. Il entraîne la réalisation de 58 nouveaux tests. 7 cas supplémentaires sont repérés.
L’administration a donné 20 euros à chaque détenu pour pouvoir garder un contact téléphonique avec les familles.
Patrick Mouchot, directeur de la maison d'arrêt d'Auxerre
L'épidémie intra muros entraîne la suspension des activités collectives, notamment des centres scolaires, dans lesquels les détenus reçoivent un enseignement pédagogique. Sont en revanche maintenus la promenade et les soins. Les parloirs avec avocats et familles peuvent quant à eux se tenir, mais avec une vitre en plexiglas.
"Pour compenser les difficultés, l'administration pénitentiaire a donné 20 euros à chaque détenu pour pouvoir garder un contact téléphonique avec les familles", ajoute Patrick Mouchot.
Un retour à la normale est prévu dans une dizaine de jours. Si aucun cas de Covid-19 ne se déclare entre-temps.
Des conséquences aussi pour les visiteurs
Le petit-ami de Christelle* est incarcéré à la maison d'arrêt d'Auxerre. Testé positif au virus, il est à l'isolement depuis deux semaines et interdit de parloir.
"C'est pas facile, déjà rien que pour ramener du linge propre, des rechanges", se désole la jeune femme. "Déjà que les parloirs avec un plexi qui nous sépare, c'est pas évident. C'est difficile à vivre pour la famille."
Josette Vilaine, présidente des visiteurs de prisons dans l'Yonne, effectue le même constat pour le centre de détention de Joux-la-Ville, au sud-est d'Auxerre. 130 cas positifs ont été recensés parmi les prisonniers à Noël.
"Ça a été dramatique, car en cette période, on n'a pas pu rencontrer les personnes détenues", déplore-t-elle. "Ça fait deux ans qu'on n'a pas pu venir leur distribuer des colis."
Si la situation épidémique en milieu carcéral reste préoccupante dans l'Yonne, d'autres parties du territoire français sont plus lourdement impactées. Dans les Hauts-de-France par exemple, 80% des établissements pénitentiaires sont considérés comme clusters.
* nom d'emprunt