Le pôle "cold cases" du parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) vient de clore les instructions des affaires Estelle Mouzin, Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish. Ces deux dernières avaient été enlevées dans l'Yonne. Cela ouvre la voie à un procès de Monique Olivier, unique mise en cause depuis la mort de Michel Fourniret en 2021.
Monique Olivier sera-t-elle jugée pour les crimes qu'elle a commis avec son mari, Michel Fourniret ? Cette perspective se rapproche : ce lundi 6 février, le parquet de Nanterre confirme que les investigations dans trois "cold cases" sont closes. Il s'agit des affaires Estelle Mouzin (enlevée en Seine-et-Marne en 2003), Marie-Angèle Domèce (disparue en 1988 à Auxerre) et Joanna Parrish (retrouvée morte dans l'Yonne en 1990).
Maintenant que ces trois dossiers sont clôturés, l'avocat de Monique Olivier peut désormais faire ses observations, puis le parquet prendre ses réquisitions. Il reviendra ensuite à la juge d'instruction Sabine Kheris de trancher sur la tenue, ou non, d'un procès, indique l'AFP. Monique Olivier est à ce jour l'unique mise en cause dans ces affaires, après le décès en 2021 de Michel Fourniret.
Des fouilles dans l'Yonne il y a deux semaines
Fin janvier, une "ultime vérification" a été faite dans l'Yonne avant la clôture du dossier sur la disparition de Marie-Angèle Domèce. Les gendarmes ont mené des fouilles (infructueuses) autour de Fleys, dans le Chablisien. Marie-Angèle Domèce, handicapée mentale de 19 ans, avait disparu le 8 juillet 1988 à la sortie de son foyer d'Auxerre. Michel Fourniret avait avoué son meurtre en 2018, sans jamais révéler l'emplacement du corps.
"L'ogre des Ardennes" avait également avoué le meurtre d'une autre "disparue de l'Yonne" : Johanna Parrish, cette Britannique retrouvée morte dans la rivière Yonne à Monéteau en 1990. L'autopsie avait révélé qu'elle avait été violée et battue avant sa mort.
Quant à Estelle Mouzin, disparue à Guermantes (Seine-et-Marne) en 2003, son corps n'a jamais été retrouvé malgré les aveux de Monique Olivier et Michel Fourniret, reconnaissant que la fillette avait été séquestrée, violée et tuée dans les Ardennes. En 2020, une trace d'ADN d'Estelle était retrouvée sur un matelas saisi en 2003 dans la maison ardennaise des époux Fourniret.
Un procès en novembre prochain ?
Si la juge Sabine Kheris décide d'organiser un procès, il pourrait se tenir en novembre 2023, selon des sources proches citées par l'AFP. "La vérité judiciaire est importante pour les familles de victimes. Elles se sont tellement battues pour l'obtenir", déclare Didier Seban, avocat des familles Domèce, Parrish et Mouzin. "Il y aura naturellement un avant et un après procès, même si l'absence de Michel Fourniret à ce procès fera ressortir les fautes de notre système judiciaire."
Monique Olivier, 74 ans, purge déjà deux peines : la réclusion à perpétuité pour complicité de quatre meurtres et un viol en réunion commis par Michel Fourniret, et vingt ans de réclusion pour un cinquième meurtre.
Les "disparues de l'Yonne" : la conspiration du silence
France 3 Bourgogne a récemment consacré une série documentaire aux "disparues de l'Yonne", "La conspiration du silence". Elle revisite les affaires de disparitions et de mœurs qui ont frappé le département de l’Yonne des années 70 jusqu’au début des années 90.
Car les crimes de Michel Fourniret ne sont pas les seuls à avoir assombri le département de l'Yonne. Dans les années 70 et 80, Émile Louis, autre violeur et tueur en série, surnommé le "boucher de l'Yonne", commet au moins sept viols et assassinats.
► Une série en huit épisodes de 35 minutes à revoir ici.
France 3 Bourgogne avec AFP.