En l'espace d'une semaine, deux jeunes ont été victimes de piqûres sauvages dans des établissements de Dijon (Côte-d'Or) et Auxerre (Yonne). Elles ont toutes deux porté plainte après avoir réalisé des prélèvements sanguins.
Le phénomène des piqûres en boîtes de nuit débarque en Bourgogne. Deux jeunes femmes ont déposé plainte depuis le début du mois de mai, en Côte-d'Or et dans l'Yonne.
Un premier cas à Dijon
Une jeune femme âgée de 23 ans a été piquée sur le bras droit dans un bar du centre-ville de Dijon, "Le Cercle Rhumerie Jamaïque". L'incident se produit entre le samedi 7 et le dimanche 8 mai. En sortant de l'établissement, elle dit avoir des maux de tête. Mais le prélèvement qu'elle réalise ensuite à l'hôpital ne révèle aucune trace de substance nuisible dans son corps.
La victime dépose plainte quelques jours plus tard, le mardi 10 mai. Selon le Procureur de la République de Dijon, Olivier Caracotch, l'enquête est toujours en cours. " Les propriétaires de La Jamaïque se sont montrés très coopératifs", assure-t-il.
À Auxerre, la première plainte pour piqûre dans le département
L'autre cas s'est produit une semaine plus tard, dans la nuit du samedi 14 au dimanche 15 mai. Une jeune femme de 20 ans est victime d'une piqûre vers deux heures du matin, alors qu'elle se trouve au Nyx Club, une discothèque d'Auxerre. Une vingtaine de minutes plus tard, elle ressent vertiges et nausées. À trois heures, elle décide de rentrer chez elle, à Monéteau.
Le lendemain, elle se rend à l'hôpital d'Auxerre dans l'après-midi pour réaliser un prélèvement sanguin, dont le résultat reste encore inconnu. La jeune femme dépose ensuite plainte au commissariat. La police d'Auxerre l'assure : il s'agit de la première plainte de ce type dans le département.
Un phénomène d'ampleur nationale
Depuis la réouverture des boîtes de nuit en février, les témoignages de jeunes gens victimes de piqûres à leur insu se multiplient partout en France. Nantes, Rennes, Amiens, Grenoble, Béziers... Au total, plus de 250 personnes se sont manifestées à la police, à la mi-mai, en disant avoir été piquées. Plus d'une cinquantaine de plaintes ont également été recensées sur l'ensemble du territoire.
Si la majorité des signalements pour piqûres a eu lieu dans des boîtes de nuit, d'autres lieux festifs sont concernés. Certains festivals, comme le Printemps de Bourges en avril, ont par exemple été le théâtre de ces incidents.
Des jeunes femmes "inquiètes" quand elles sortent
Rencontrée Place de la République à Dijon, Audrey* dit être anxieuse lorsqu'elle se rend en bar. "Oui, je suis inquiète quand je sors. On pense toujours à ça, en tant que femme. On se dit qu'on va faire plus attention, on est toujours plus vigilante."
Mais face aux piqûres, c'est un sentiment d'impuissance qui prévaut. "Je garde toujours mon verre vers moi, mais par rapport aux piqûres, on n'a pas vraiment de solution", affirme-t-elle. "On se sent vraiment démuni. J'espère que les autorités vont faire quelque chose."
Marie*, la vingtaine, partage également ces inquiétudes. "On ne va jamais aux toilettes seules, on est toujours au minimum à deux pour aller chercher les verres...", explique-t-elle.
On se demande si la prochaine piquée, ce ne sera pas nous.
Et la jeune femme de conclure : "la nuit en ville, c'est compliqué quand on est une femme. On ne peut pas sortir comme on veut."
Quelques bons gestes à suivre
Derrière ce phénomène de piqûres, une crainte : le GHB. Celle qu'on surnomme la "drogue du violeur" est très difficile à repérer à cause de son caractère incolore et inodore.
"La difficulté, c'est aussi qu'elle se dissipe vite", indique Olivier Caracotch. "Il faut donc réaliser un prélèvement très rapidement." Très rapidement, cela signifie sous six heures, durée après laquelle les traces de GHB ne sont plus repérables dans le sang.
Il faut rester vigilant dans les lieux festifs. En cas de piqûre, ne pas hésiter à déposer une plainte.
Olivier Caracotch, Procureur de la République de Dijon
Pour l'heure, sur toutes les victimes ayant porté plainte, une seule "a présenté une sérologie positive au GHB", indique l'Agence France Presse qui cite une source policière. "Mais substance ou pas, une piqûre reste une violence volontaire", rappelle Olivier Caracotch. "Et donc, répréhensible."
Pour rappel, le GHB constitue une circonstance aggravante en cas de viol ou d'agression sexuelle. Pour un viol commis dans cette circonstance, la peine s'élève à 20 ans de réclusion criminelle.