PORTRAIT. Cette apprentie du CIFA d'Auxerre est sacrée meilleure apprentie cuisinière de France

Il étaient 13 élèves finalistes, lundi 15 janvier, à concourir pour la place de "meilleur apprenti cuisinier de France", au CFA de la Gastronomie à Marcy l'Etoile (Rhone). C'est Lily-Rose Martens du CIFA de l'Yonne à Auxerre qui remporte la finale avec son plat de sandre à la mousse croustillante, suivi d'une tarte au citron meringuée.

L'apprentie au Cifa de l'Yonne a également obtenu le prix du jury pour son sandre, désigné "meilleur plat". Lily-Rose Martens réalise progressivement ce qu'il lui est arrivé. Retour sur son parcours atypique.

"À la sortie du lycée, je ne savais toujours pas quoi faire"

Lily-Rose a un parcours atypique. Issue d'études générales, elle a commencé sa formation en apprentissage juste après le Bac, en septembre 2022, à 18 ans. Et la cuisine n'était pas forcément une voie à laquelle elle se destinait...

"Ça a été un choix plutôt tardif, à la sortie du lycée je ne savais toujours pas quoi faire, cela a été beaucoup de réflexion, de rendez-vous avec mes professeurs, j'ai eu l'occasion de travailler avec mon papa (le père de Lily-Rose est pâtissier ndlr) et ça m'a plu. J'ai fait un contrat d'apprentissage. C'était un moyen de me lancer dans la vie active."

La réalité de l'apprentissage fait que c'est en entreprise que l'on découvre les contraintes, le temps, les coûts de fabrication... Des difficultés supplémentaires que Lily-Rose a acceptées totalement : "En entreprise, c'est quelque chose que je trouve très intéressant à gérer. Ça rajoute quelque chose, s'il n'y avait que produire, ça serait redondant, ça permet aussi de voir d'un œil extérieur : le coût matières, le prix de vente, c'est vraiment intéressant à travailler."

Et l'apprentissage n'est pas terminé pour Lily-Rose, qui poursuit une formation complémentaire, depuis septembre, une mention complémentaire "desserts de restaurant."

Quel avenir avec ce titre ?

Lily-Rose demeure très pragmatique, et sait que son titre de Meilleure apprentie est un sésame. Elle préfère toutefois poursuivre à son rythme : "Je pense que ça ouvre beaucoup de portes, ça fait toujours rêver de créer son propre restaurant, j'ai encore beaucoup à apprendre avant d'y penser."

Dans l'immédiat, elle préfère "peut-être faire plusieurs maisons et vraiment apprendre pour avoir des bases vraiment solides. Si j'ai l'opportunité d'entrer dans des bonnes maisons, je ne peux pas refuser."

Mais rétrospectivement, la jeune apprentie ne réalise pas encore le chemin parcouru, elle demeure sur un petit nuage : "Je ne me rends pas encore compte de tout ce qui arrive, je ne réalise pas vraiment que mon apprentissage, c'est presque à la moitié. J'étais vraiment dans le concours. Là, j'ai des épreuves à préparer pour la mention. Je vis un peu par étapes. Maintenant que le concours est fini, je suis à 100% dans les examens et je verrai après ce qu'il se passera !"

Un modèle d'inspiration ?

Au début de l'aventure, Lily-Rose est passée par des phases de sélection départementales puis régionales, avec une difficulté croissante. Afin de parvenir à maîtriser les gestes techniques, son inspiration est venue de son "coach" :  "Ce n’est pas quelqu'un de ma famille, mais c'est le meilleur ami de mon père qui est restaurateur (Gilles André, du Valentino à Troyes, Aube ndlr) C'est lui qui m'a entraîné pour le concours depuis les sélections départementales. Mon père lui avait demandé si c'était possible qu'il m'aide un peu, et ça s'est vite enchaîné. C'est lui qui a pris les rênes, en collaboration avec les professeurs au Cifa d'Auxerre, et ça a vraiment été lui qui a pris son temps, qui a pris sur ses jours de repos , qui m'a entraîné, expliqué et qui m'a appris."

J'étais un peu stressée, mais beaucoup moins que pour les étapes précédentes. J'ai appris avec les différents entraînements et au fur et à mesure des épreuves à gérer mon stress. 

Lily-Rose Martens

Lily-Rose savait que lors de la finale, elle était dans une zone de confort : "j'étais en confiance pour le plat, j'avais fait beaucoup d'entraînements, en faisant l'enchaînement entrée-plat-dessert." 

En revanche sur la partie dessert, l'apprentie déclare : "ce ne sont pas mes recettes d'entreprise, il a fallu que je les travaille. Ce n'était pas ce sur quoi je misais le plus !"

Malgré tout c'est avec un certain contrôle qu'elle a abordé la finale : "J'étais un peu stressée, mais beaucoup moins que pour les étapes précédentes."

Visiblement son savoir-faire a fait la différence, alors que son ressenti est différent. Lily-Rose explique qu'elle a vécu les choses "au fur et à mesure".  Elle avoue ne pas avoir mesuré l'ampleur des sélections, sans penser à la suite : "Quand j'ai fait les régionales, je pensais que c'était fini"

Mais le choc, c'est lors de la finale : "Quand ils ont délibéré et qu'ils ont annoncé les résultats, j'étais vraiment étonnée et super heureuse ! Je ne m'y attendais pas tant que ça ! 

L'épreuve de la finale est un moment que Lily-Rose a plutôt bien vécu, malgré la compétition avec les autres apprentis : "On était tous impliqués, à la finale, il y avait une très bonne entente, il n'y avait pas de malveillance les uns envers les autres !"

Le Cifa de l'Yonne, très fier de sa lauréate

Le Centre Interprofessionnel de Formation d'Apprentis de l'Yonne à Auxerre ne dissimule pas sa fierté. Sa lauréate permet de placer la formation des apprentis dans la lumière des projecteurs, une opportunité dont se saisit Maxime Lauzet, chargé de communication pour le Cifa de l'Yonne : "L'apprentissage, c'est la voie de l'excellence pour apprendre un métier. La meilleure façon d'apprendre un métier, c'est de s'exercer. L'apprentissage leur permet de s'exercer, à la fois en apprentissage dans notre centre de formation, et aussi en entreprise."

Maxime Lauzet rappelle que le moment des concours est une phase importante au centre de formation : "Une fois que le jeune a été sélectionné, le niveau augmente, phases régionales et phase nationale. Dès que le jeune est qualifié pour les phases régionales, il y a tout un processus qui se met en marche, avec des sessions d'entraînement au Cifa mais aussi au sein de l'entreprise, auprès du maître d'apprentissage, c'est des mois et des mois de préparation."

Le chargé de communication du CIFA insiste sur le fait que décrocher un titre de MAF (Meilleur Apprenti de France), "pour les apprentis, c'est le Graal ! Ce ne sont que des professionnels qui sont là pour noter les candidats, des chefs étoilés, des cols bleu-blanc-rouge (Meilleur ouvrier de France)"

A noter que le CIFA d'Auxerre cultive l'excellence avec des apprentis récompensés : une meilleure apprentie de France sur les métiers de la vente, et une meilleure apprentie de France en 2022 des métiers des arts de la table et du service.