Lors de sa visite à Marseille ces 22 et 23 septembre, le pape François a dénoncé l'indifférence par rapport aux migrants arrivés à Lampedusa, en Italie. Des propos forts qu'ont salués de nombreux fidèles rencontrés à Auxerre (Yonne).
En apparence, c'est un dimanche matin comme les autres. Le soleil brille, l'air est frais, et les fidèles rentrent un à un dans la cathédrale Saint-Étienne d'Auxerre (Yonne). 10h30 approche, et le début de la masse dominicale aussi. Seulement, ce 24 septembre, un sujet est sur toutes les lèvres. Moins de 24 heures plus tôt, le pape François arpentait toujours les rues de Marseille.
Cela faisait 490 ans qu'un souverain pontife n'avait pas posé les pieds dans la cité phocéenne. Cette visite a été marquée par les mots forts d'un saint-père qui a fait de l'accueil des migrants son cheval de bataille. "L'indifférence ensanglante la Méditerranée. Nous sommes à un carrefour des civilisations. Que chacun fasse le choix entre la culture de l'humanité, et celle de l'indifférence."
"Ses prises de position, ça peut diviser, parce que tout le monde ne pense pas forcément la même chose", note le père Thierry Debacker, curé de la paroisse Saint-Germain d'Auxerre. "Mais il a simplement rappelé la dignité humaine des personnes que nous accueillons. Il a mis l'accent pour que nous soyons attentifs."
"Il n'hésite pas à réagir, ni à interpeller. C'est son rôle de pasteur de le faire."
Père Thierry Debacker,curé de la paroisse Saint-Germain d'Auxerre
"Il est cohérent avec sa foi"
Qu'en pensent ses ouailles ? Pour Serge, pas de doute, cette prise de position était "très courageuse" de la part du pape. "Il est venu parler à propos d'immigrés d'Afrique, pour qu'on s'intéresse à eux. Ce n'est pas une position politique. C'est une position humaine, et une position de la France, qui doit être une terre d'accueil."
Un courage que salue également cet autre fidèle, croisé sur la parvis de la cathédrale auxerroise. "Il dépasse le cadre de l'Église pour s'adresser aux hommes", souligne-t-il. "Il a vraiment compris le message qu'aurait pu dire Jésus, à savoir que ce qui compte, c'est les autres et ceux qui souffrent. Il est cohérent avec sa foi."
"C’est un des rares papes qui ose soutenir les êtres humains et braver un peu les règles de l’Église. Il a le courage de dire qu'on ne peut pas laisser crever les gens."
Un fidèle auxerrois
Pour d'autres, en revanche, le message ne passe pas aussi facilement. "Chacun a le droit d'avoir sa position et ses idées", juge Pierre. "Moi, je vois la réalité. Le problème est simple : il faut éviter que ces gens viennent. L'humanité, elle a bon dos, mais on ne peut pas accueillir tout le monde chez nous."
Souvent qualifié de progressite du fait de ses positions sur l'accueil des migrants et l'écologie, le pape a toutefois rouvert le débat sur l'euthanasie et l'avortement au cours de sa visite à Marseille. "On ne joue pas avec la vie", a-t-il même prévenu pendant la messe géante au stade Vélodrome.