"Bavure" à Saint-Florentin, les policiers avaient tiré sur les mauvais suspects : un an après, où en est l'affaire ?

Le 30 mars 2022, des policiers faisaient feu sur les occupants d'une voiture dans une station-essence à Saint-Florentin (Yonne), blessant le conducteur. Mais il ne s'agissait pas des bons suspects. C'est désormais le parquet de Melun qui s'occupe du dossier.

"Pour mes clients, c'est toujours très très difficile. Ils ne vont pas bien", explique Arash Derambarsh. Il est l'avocat d'Ayman, Hamza, Ishaq et Zahir, quatre amis visés par des tirs de police dans une station-essence à Saint-Florentin, le 30 mars 2022.

La BRI de Dijon recherchait un suspect pour violences et trafic de stupéfiants

Ce jour-là, dans la station-essence du Leclerc de Saint-Florentin (Yonne), il est environ 17h. Alors que plusieurs conducteurs font le plein, un équipage de policiers en civil arrive, sort de sa voiture et met en joue une Peugeot 208 grise. La voiture en question démarre alors, et les policiers font feu. 

Sauf qu'à l'intérieur de la voiture, ce ne sont pas les bons suspects. La BRI de Dijon poursuit en effet un homme recherché pour violences et trafic de stupéfiants, visé par une enquête préliminaire du parquet d'Évry en Île-de-France. Lorsque Évry pense l'avoir repéré à Saint-Florentin, la BRI de Dijon est envoyée sur place pour l'interpeller.

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Mais en lieu et place de ce suspect, à l'intérieur de la Peugeot, il y a quatre amis : le conducteur de 19 ans, un passager de 16 ans et deux passagers de 21 ans, en partance "pour une sortie dans un parc d'attractions", précisera leur avocat. Lorsque les policiers font feu, le conducteur, Ayman, est touché à la mâchoire.

Sur cette vidéo tirée d'une caméra de surveillance, on aperçoit la Peugeot 208 dans le coin gauche de l'écran. Les policiers arrivent par la droite du véhicule, tentent d'ouvrir la portière pour stopper le conducteur, et font feu lorsque la voiture démarre.

Le dossier transféré à Melun

Plus d'un an après, Ayman, le conducteur blessé, "a toujours des séquelles sur le menton", rapporte maître Arash Derambarsh. "Vous ne pouvez pas guérir d'une telle blessure en un an, il faut au moins trois ou quatre ans."

Sur le plan esthétique, le préjudice est extrêmement lourd. Mes clients sont physiquement et psychologiquement atteints"

Arash Derambarsh

avocat des victimes

Aujourd'hui, le dossier n'est plus entre les mains de la justice auxerroise. Il a été dépaysé (transféré, NDLR) au parquet de Melun, pour assurer l'impartialité de l'enquête. En effet, la juge d'instruction d'Auxerre en charge du dossier initial avait des liens professionnels avec les policiers mis en cause.

"On a perdu beaucoup de temps avec ce dépaysement", regrette maître Arash Derambarsh. "Mes clients se tiennent à disposition de la justice, ils attendent une convocation judiciaire."

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Contacté, le parquet de Melun indique qu'un juge d'instruction est saisi de cette affaire depuis le 23 mars 2023. Une information judiciaire est ouverte pour "violences avec ITT supérieure à 8 jours, en réunion et avec arme".

Une enquête ouverte par l'IGPN

En parallèle, une enquête avait été confiée à l'IGPN, la police des polices, pour vérifier la légalité de l'usage des armes à feu le jour des faits. Sur le volet judiciaire, les conclusions de l'IGPN ont été transmises au parquet en juillet 2022. Sur le volet administratif, c'est-à-dire concernant les sanctions internes que peuvent encourir les policiers impliqués, l'enquête est toujours en cours, indique l'IGPN.

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