"Beaucoup risquent de mettre la clé sous la porte" : les vignerons indépendants demandent un plan Marshall suite aux épisodes de grêle

Les épisodes météorologiques s'enchaînent dans le Chablisien et ils continuent de détruire les dernières réserves des viticulteurs. Le président du syndicat des vignerons indépendants, Jean-Marie Fabre, demande à l'État de mettre en place des mesures préventives pour combattre le dérèglement climatique.

De la grêle, du gel, des inondations... Depuis trois ans, le Chablisien n'a pas été épargné par les épisodes météorologiques. Les viticulteurs sont les premiers impactés : fin avril, le gel avait entraîné pas moins de 90 % de pertes dans certaines vignes.

Le syndicat des vignerons indépendants, qui représente 60 % de la production viticole, estime qu'il est temps de changer de paradigme et de lutter en amont contre le dérèglement climatique. L'historique, les mesures à mettre en place, les conséquences... Jean-Marie Fabre, son président, répond à toutes nos questions.

Quelle réaction suite à l'épisode de grêle qui a touché Chablis ?

Jean-Marie Fabre : "Je ne suis pas surpris. Pour autant, cela m'affecte, car on se rend compte que notre entreprise peut être mise en péril par des aléas climatiques. Il y a 15, 20 ans, cela arrivait une fois par génération. On s'en sortait grâce aux dispositifs de l'État, et aux récoltes des années précédentes qui permettaient de faire notre chiffre d'affaires.

Le gel historique de 2021 nous a ramenés à la dure réalité : les aléas climatiques, comme le gel ou la grêle, auront lieu tous les ans, et nous avons de moins en moins de stock pour vivre de nos vignes."

Que demandez-vous à l'État ?

J-M F : "De changer de paradigme : il faut fournir des subventions aux viticulteurs pour qu'ils investissent en amont dans des moyens de préventions contre les aléas liés au dérèglement climatique. Nous ne pouvons plus vivre d'aide économique fournie par l'État après les faits.

Déjà, elles ne couvrent pas la totalité de nos pertes. C'est également un puits sans fond pour l'État : avec la multiplication de ces catastrophes, ils n'arrêteront jamais de fournir ces subventions.

Aujourd'hui, on ne peut plus détourner le regard.

Jean-Marie Fabre

Ces investissements leur permettront de faire des économies au long terme. Les effets de ces aléas climatiques seront largement tamponnés dans nos vignes. Aujourd'hui, il est grand temps de faire face à notre destin et d'investir dans le futur".

Quelles sont les solutions concrètes pour atténuer les dégâts subis ?

J-M F : "Prenons des exemples : Pour le gel, vous pouvez mettre en place des systèmes d'aspersion [une technique qui consiste à recouvrir le bourgeon d'eau], des brûlots ou du fil chauffant.

Afin d'atténuer les conséquences de la grêle, nous proposons aux viticulteurs de construire des filets le long des rangs une fois les vignes palissées sur des fils de fer. Des canons à grêle peuvent également servir à protéger les récoltes. La sécheresse est atténuée grâce à la réutilisation d'eau venant de station d'épuration."

Quels sont les risques si l'État ne finance pas ces programmes ?

J-M F : "Des entreprises vont devoir mettre la clé sous la porte. Cela fait plusieurs années que les viticulteurs indépendants subissent des aléas géopolitiques, climatiques ou sanitaires qui impactent leur chiffre d'affaires. Aujourd'hui, les réserves de la majorité de nos vignes sont à sec.

Certains viticulteurs habitant dans le Chablisien m'expliquent qu'ils n'auront presque plus de récoltes pour 2025. Il faut changer de modèle."

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