Ce chirurgien veut exercer son métier dans un désert médical en Bourgogne, il est menacé d'expulsion

Dans l'Yonne, un médecin originaire de Cuba rêve depuis 4 ans de pouvoir exercer son métier à Joigny. Mais la préfecture de l'Yonne a refusé sa demande d'asile et veut désormais l'expulser. La mairie et des habitants de la commune le soutiennent.

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Il est diplômé en chirurgie orthopédique et en traumatologie, mais le voilà obligé de se nourrir chez les Restos du Cœur. Arael Ortiz Cartier est arrivé à Joigny (Yonne) en février 2020. Médecin diplômé dans son pays d’origine, Cuba, il dispose d’une promesse d’embauche du directeur délégué de l’hôpital de la commune, qui manque de personnel.

Mais sans titre de séjour officiel, il ne peut pas travailler officiellement. L’homme de 54 ans est également menacé d’expulsion. "C’est une grande question que se posent mes amis en France, ils ne comprennent pas pourquoi on ne me donne pas la possibilité de travailler dans le secteur médical qui est en tension", explique en espagnol le docteur, qui avant d’arriver en France, a été envoyé au Yémen. C’est ce système qu’il a fui en venant à Joigny.

Plusieurs demandes refusées

A son arrivée en France, en février 2020, Arael Ortiz Cartier dispose d’un visa touristique de 30 jours. En juillet 2020, il demande l’asile. Celui-ci est refusé en mars 2022 par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides. Arael Ortiz Cartier fait appel de la décision. Le rejet est confirmé un an plus tard, en mars 2023.

Spécialisé en chirurgie orthopédique, le médecin dispose de diplômes cubains. En juin 2023, il demande alors un titre de séjour afin d’exercer son activité sur le territoire français. Là-aussi, la procédure est refusée, en raison notamment de sa non-maîtrise de la langue.

Dans son combat pour exercer en France, Arael Ortiz Cartier est soutenu par le maire de Joigny, Nicolas Soret (PS) et par plusieurs habitants de la commune, dont Frédéric Loth. Il est membre du collectif de défense du docteur. "Il y a quelque chose de bizarre, explique-t-il au micro de Louis Malléjac et d'Audrey Champigny. On lui dit qu’il ne peut pas rester ici car sa démarche administrative ne s’est pas passée comme espéré. On va donc renvoyer à Cuba un homme qui est ici, qui veut travailler, prêt à faire l’effort de mieux maîtriser la langue française".

Il y a une absurdité de la démarche des autorités. Il y a quelque chose qui cloche dans le fonctionnement de notre administration

Frédéric Loth, membre du collectif de soutien

Une lettre ouverte a alors été envoyée à la préfecture de l’Yonne par les défenseurs du médecin. Contactés, les services de l’Etat nous indiquent que l’épouse du docteur et leurs trois enfants vivent toujours à Cuba. "Ainsi, le centre de ses intérêts familiaux, malgré la présence de sa sœur en France, est à Cuba. Après un examen approfondi de la situation, il ne peut pas faire l’objet d’une admission exceptionnelle au séjour au titre de la vie privée et familiale", nous précisent les services de l’Etat.

Arael Ortiz Cartier et ses soutiens ont été reçus en préfecture. Mais sans éléments nouveaux, il ne pourra rester en France. Le médecin devra effectuer depuis Cuba les démarches pour un retour en France, notamment auprès du Consulat.

Menacé par les autorités cubaines

Le comité de défense réclame alors l’application de la nouvelle loi immigration qui stipule qu’un titre de séjour peut être offert à un étranger qui exerce un métier "en tension", afin de pallier les manques sur le territoire français.

Impossible pour la préfecture. L’emploi pour lequel il est qualifié ne fait pas partie de la liste des métiers en tension. "Par ailleurs, pour bénéficier d’une régularisation, la loi prévoit que le demandeur doit avoir exercé un métier en tension durant au moins 12 mois au cours des 24 derniers mois et occupe un de ces métiers le jour de la décision. Ce qui n’est pas le cas".

Malgré tout, le médecin et ses proches n’abdiquent pas. Ils espèrent interpeller les autorités pour faire bouger les choses. Si Arael Ortiz Cartier est renvoyé à Cuba, il a de grandes chances d’y être emprisonné pour désertion médicale.

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