Lancée pour les demandeurs d’emploi, la plateforme "Yonne 100% Inclusion" a d’emblée trouvé sa raison d’être. Avec le Covid-19, l’outil fait déjà ses preuves dans la Puisaye-Forterre. Il géolocalise les initiatives et aide les professionnels.
« Frais, pain, surgelés, épicerie ou gaz. Livraisons possibles, dans les 7 kms aux alentours, dès 20 euros de courses ». Tout est indiqué dans la petite annonce !
Ghislaine et Philippe Planquette, épiciers à Venoy, ont été géolocalisés sur le site Yonne 100% Inclusion depuis une semaine, sans même le savoir. « Nous nous étions simplement signalés auprès de la mairie de notre village, c’est bien que cette plateforme puisse le relayer à plus de monde dans le département » réagit Ghislaine.
Ce couple est référencé aux côtés des maraîchers, fromagers, boulangers et charcutiers de l’Yonne. Tous continuent de travailler pour écouler leurs stocks autant que possible. « Je comprends mieux pourquoi nous avons eu 5 livraisons de suite rien qu’en une matinée, et il y en a déjà une de prévu demain matin. A priori ça marche ! » S’amuse Ghislaine. « On a surtout le sentiment que ça peut aider et dépanner les gens seuls chez eux, principalement les personnes âgées » analyse son mari. « Pour nous matériellement, c’est effectivement une période difficile, mais on conserve presque 30% d'activité avec la mise en place de ces livraisons, c’est déjà ça » confie Philippe.
« Il faudrait ça dans toutes les régions ! »
François Bientz, Les Jardins de Thorains
Plus au sud, à Lavau, c’est un autre couple qui témoigne. Aurélie et François sont semenciers, aux Jardins des Thorains, et chez eux, le téléphone n’arrête pas de sonner. « Depuis qu’on a été référencé sur la plateforme, j’ai entre 5 et 10 appels par jours » précise François Bientz. « Nous avons produit 25 000 plans potagers, aromatiques et médicinaux pour cette saison. Nous devions les vendre sur des foires et des marchés». A la place, ils ont déjà finalisé 15 commandes de semences en l’espace de 10 jours.
« Nos graines seront livrées à la levée du confinement, ce qui nous rajoute forcément un peu de travail, certaines commandes sont à 50 kilomètres ! lance François. « Mais c’est rassurant d’avoir des clients éco-responsables, qui n’attendent pas la réouverture des grandes jardineries industrielles. C’est cette logique d’initiatives locales et populaires qui nous a convaincu. Il faudrait ça dans toutes les régions, pour aider ceux qui ont besoin de travailler mais aussi ceux qui ont besoin d’attention et de réconfort » rajoute l’icaunais.
Une cartographie pour aidants et bénéficiaires
Derrière cette initiative, Chantal et Franck. Ils travaillent de chez eux, sans relâche, des journées entières. Amis, devenus associés, ils se répartissent clairement les tâches.
« Moi depuis Charny Orée de Puisaye, je fais de la prospection, je regarde toutes les initiatives intéressantes sur les réseaux sociaux ; détaille Chantal Mantez. Franck lui, depuis Rogny-les-Sept-Ecluses, s’occupe de les cartographier, d’alimenter la plateforme, et de tout mettre en ligne en instantané ». Une organisation qui tient compte de leurs formations initiales. « Je tiens un cabinet de recrutement, et les recherches de candidats se font presque toujours sur l’ordinateur, donc prospecter c’est mon truc ! » insiste Chantal !
Franck Drapin, lui, est devenu développeur informatique. « Je fais le référencement, j’ai créé la page Facebook et j’ai renforcé notre onglet Covid-19 avec des sous-rubriques, pour que les internautes voient de suite le panel de possibilités auxquelles nous avons pensé » poursuit-il.
Associations, entreprises, alimentation, soutien moral, aidant, etc. Il y en a effectivement pour tous les goûts. « Toutes les initiatives peuvent trouver leur place, cela peut être imprimer des attestations pour ceux qui n’ont pas d’imprimantes, s’engager à appeler des personnes seules, âgées ou vulnérables plusieurs fois par semaines, faire des déplacements groupées à la pharmacie, contacter des ambulanciers, aider les éleveurs à écouler leurs stocks en livraison à domicile, ou encore offrir de l’élastique et du tissu aux personnes qui confectionnent des masques à domicile » se félicite Franck.
Pour toucher un maximum de monde, Chantal et Franck ont aussi adressé un email à 120 communes du département de l’Yonne, avec l’adresse de leur site. « Il faut que l’on communique davantage sur notre outil, et que toutes les bonnes volontés le sachent, pour qu’elle se fassent connaître ou qu’elles nous signalent des personnes fragiles qui pourraient avoir besoin de services à la personnes » rajoute Chantal.
« Les gens se contactent directement entre eux » ;
Franck Drapin, développeur Yonne 100% inclusion
Seuls deux impératifs, « que les personnes aient une adresse et un numéro de téléphone à communiquer, et qu’ils aient bien conscience des mesures de distanciations sociales et des gestes barrières à appliquer » insiste le développeur informatique. Ensuite, ce sont aux internautes de se contacter. « A partir du moment où c’est mis en ligne, ce n’est plus de notre ressort, les gens se contactent directement entre eux. C’est un outil social, nous n’avons pas à être derrière pour tout filtrer » rajoute Franck.
Actuellement, les deux associés ont déjà pu toucher une vingtaine d’aidants et ont mis en ligne une soixantaine d’initiatives. « Même celles qui me paraissaient farfelues au début, avec ces fameux masques de plongées qui prennent tout le visage, ont trouvé leur place sur notre site ! » s’amuse Chantal.
De son côté, en revanche, Franck a déjà dû refuser certaines demandes. « J’ai été contacté par une femme, qui élève seule ses 6 enfants, et qui me demandait de mettre une cagnotte en ligne pour elle » raconte-t-il. « ça ce n’est pas notre rôle ! Pas d’aide financière, c’est de l’entraide, du bénévolat, donc tout est gratuit ! » Insiste-t-il.