Dernière sonnerie au collège de Bléneau dans l'Yonne: il fermera en juillet 2023

Le président du conseil départemental de l'Yonne a annoncé jeudi 10 novembre la fermeture du collège de Bléneau, à la fin de cette année scolaire 2022/2023. L'établissement accueillant 125 élèves nécessite des travaux à hauteur de 6 millions d'euros... trop cher pour le conseil.

"C'est irréversible." La décision a été annoncée jeudi 10 novembre par le président du conseil Départemental, Patrick Gendraud (LR). Le collège Alexandre Dethou de Bléneau, dans l'Yonne, fermera définitivement ses portes en juillet 2023. Selon Gilles Abry, conseiller départemental de Cœur de Puisaye, "l'état du bâtiment nécessite de gros travaux sur deux ans, incompatibles avec les cours en présentiel. Cette décision a été prise dans l'intérêt des enfants."

On s'y attendait, il n'empêche qu'on est très triste. Depuis des années on a rien fait, mis l'argent ailleurs. Et au bout du compte on ferme ! On a l'impression qu'on a oublié un bout de la Puisaye !

Eloïse Daguet, enseignante au collège Alexandre Dethou

"Une réflexion en cours depuis au moins cinq ans"

C'est ce que rappelle Gilles Abry dans son entretien avec l'Yonne républicaine. La question du maintien et de la rénovation des collèges de l'Yonne et notamment de Puisaye se pose depuis plusieurs années.

Réhabiliter le bâtiment de Bléneau aurait coûté près de 6 millions d'euros. Les deux ans de travaux étant impossibles à effectuer en parallèle des enseignements, les élèves auraient dû changer d'établissement pendant deux ans. Après plusieurs réunions, la décision a été prise de fermer définitivement le collège.

Je crains tous les matins un incident au niveau des bâtiments à Bléneau. Il y a deux ans, un vantail d'une fenêtre est tombé en l'ouvrant.

Gilles Abry, conseiller départemental de Cœur de Puisaye

La vétusté est reconnue par tous depuis plusieurs années, mais la solution apportée ne fait pas l'unanimité. "Si le bâtiment est dans cet état, c'est parce qu'on a laissé le devenir depuis des années, qu'on a rien fait!" souligne une enseignante au collège depuis 16 ans. Et une mère d'élève de relancer: "Peut-être qu'il vaudrait mieux construire un nouveau collège suffisamment grand pour tout le monde."

Un autre élément a été pris en compte dans la redéfinition de l'offre des collèges de Puisaye, la dispersion des trois sites d'enseignements. Les allers/retours incessants des professeurs devenaient un frein aux développements des projets à long terme et ne permettaient pas de fidéliser les nouveaux enseignants. "Certains se plaignent de devoir naviguer entre les sites durant la même journée!" confie toujours Gilles Abry à l'Yonne Républicaine.

Un avenir pour le bâtiment?

Après déconstruction, les bâtis seront restitués à la mairie de Bléneau pour un éventuel projet d'urbanisme à définir. Le gymnase fera lui aussi partie d'une réflexion pour son usage à venir.

"On va rencontrer les usagers, les associations, les municipalités alentours, pour mener une réflexion. On a la volonté de faire un travail de fond" confie Gilles Abry.

Des collégiens redéployés dès l'année scolaire 2023/2024

Les 125 élèves devront donc changer d'établissement à la rentrée prochaine, que ce soit au collège de Puisaye à Saint-Fargeau à 12 km, au collège Colette à Saint Sauveur en Puisaye à 23 km, ou bien encore au collège Michel Gondry à Charny-Orée de Puisaye à 29 km. Ce dernier est dimensionné pour recevoir de nouveaux collégiens, alors que les deux autres sites nécessiteront des aménagements pour éviter le "trop-plein" ou un minimum de rénovation.

Les temps de trajet dus aux distances alimentent les questionnements parentaux. "J'espère qu'il y aura des bus, mais surtout à quelle heure ?" s'inquiète une mère. Pour assurer une rentrée dans de bonnes conditions, un comité de pilotage regroupant élus, parents, professeurs et transporteurs scolaires devrait être mis en place rapidement.

Mais l'agacement est palpable chez les parents et les professeurs, "On a attendu les réunions de concertation pendant 5 ans et puis là la décision est officielle" nous témoigne l'un d'eux.

On espère ne pas revivre la même histoire dans 3 ou 4 ans. Qu'aucun travaux ne soient faits sur les deux derniers sites, et qu'après on ferme un nouveau collège parce que c'est vétuste.

Joseph Bouvet, enseignant au collège de Bléneau

Alors que le sujet anime les discussions et inquiètent parents et professeurs, la prochaine session du conseil départemental du 18 novembre devra entériner la décision de fermeture.