Femmes voilées refoulées d'un collège de l'Yonne : le principal, accusé de "racisme et islamophobie", porte plainte pour "diffamation"

Le principal du collège Jean-Bertin à Saint-Georges-sur-Baulche, près d'Auxerre, a déposé plainte contre la France Insoumise, qui l'accuse d'un acte "raciste et islamophobe".

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AJOUT 17h25 : Contactée par France 3, la France Insoumise de l'Yonne ne souhaite pas commenter la plainte déposée par le principal.

Nouvel épisode dans la polémique qui secoue le collège Jean-Bertin, à Saint-Georges sur Baulche dans l'Yonne. D'après une information du Figaro confirmée par le procureur d'Auxerre ce lundi 8 avril, le principal du collège a déposé plainte contre la France Insoumise pour "diffamation". Le parti accusait en effet le principal d'avoir commis un acte "raciste et islamophobe" en refusant l'entrée à deux femmes accompagnatrices portant le voile. Une affaire complexe, qui questionne la laïcité et le climat ambiant de tensions dans les établissements scolaires.

D'où est partie cette affaire ?

Le 22 mars 2024, trois femmes portant le voile arrivent à l'entrée du collège de Saint-Georges-sur-Baulche. Elles font partie de l'association "l'Olivier" et viennent présenter leur travail d'accompagnement aux devoirs, le rendez-vous est prévu et organisé autour d'un goûter. 

Mais le principal demande à ce que ces trois femmes retirent leur voile avant d'entrer. L'une d'elles s'exécute - elle est salariée du collège en tant qu'AESH, et n'a légalement pas le droit de porter de signe d'appartenance religieuse. En revanche, les deux autres femmes, intervenantes extérieures, refusent d'ôter leur voile. Le principal persiste et leur demande de quitter les lieux, ajoutant qu'il est "catégorique".

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"Acte raciste et islamophobe" selon la France Insoumise

Quatre jours plus tard, la section France Insoumise de l'Yonne affirme dans un communiqué son "soutien total" à l'association et aux femmes voilées, victimes selon LFI d'un "acte raciste et islamophobe". Le parti ajoute que "le proviseur doit a minima formuler des excuses publiques à cette association".

C'est à la suite de ces propos que le principal a déposé plainte auprès du parquet d'Auxerre pour "diffamation". En soutien, le 4 avril, le syndicat des personnels de direction de l'éducation nationale (SNPDEN-UNSA) annonçait également saisir le procureur de la République pour "diffamation publique et mise en danger d'un chef d'établissement", mais le parquet ne confirme pas, pour l'heure, avoir reçu cette plainte.

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Les positions divergentes de l'éducation nationale

Dans cette affaire, l'éducation nationale a louvoyé dans ses réponses. Au départ, l'inspection académique de l'Yonne a plutôt affiché son soutien aux femmes voilées. Le DASEN (directeur académique) Jean-Baptiste Lepetz expliquait alors : "Le principal a eu raison de demander à son employée de quitter son voile au motif qu'il ne faut pas qu'il y ait de collusion entre la fonction d'agent de l'Etat et l'appartenance religieuse de cette dame. Il n'y doit pas y avoir de confusion possible, ni aucune place à l'ambiguïté."

"Pour le reste, pour ce qui concerne les deux autres femmes, c'est une erreur. Il devra leur présenter ses excuses, à elles et à leur association."

Jean-Baptiste Lepetz

DASEN de l'Yonne

Mais de son côté, le recteur de l'académie Pierre N'Gahane a apporté son soutien... au chef d'établissement. "Il a appliqué le principe de laïcité en prenant en considération les circonstances de l'espèce. Je le soutiens dans sa décision car quand la situation emporte une complexité réglementaire, c'est toujours la décision qui préserve le plus la laïcité qui doit être privilégiée."

Un rendez-vous était censé avoir lieu entre les femmes voilées concernées et le principal du collège Jean-Bertin. Mais faute de disponibilité d'une des personnes devant recevoir l'association, la réunion a été annulée. Nous ne savons pas, à l'heure actuelle, si une nouvelle date est prévue.

Que dit la loi ?

La loi française stipule que "le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit". L'interdiction s'applique également aux enseignants, ainsi qu'à toute personne intervenant auprès des élèves, tels que les ATSEM, AESH ou encore animateurs périscolaires.

Les parents d'élèves sont en revanche exemptés de cette obligation de neutralité, "y compris lorsqu'ils accompagnent des sorties scolaires ou participent à des événements festifs au sein de l'école", selon l'Éducation nationale. Ce qui était le cas des deux femmes qui ont refusé de retirer leur voile lors des portes ouvertes du collège Jean-Bertin.

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