Lors des journées portes ouvertes du collège Jean Bertin de Saint-Georges-sur-Baulche (Yonne) le 22 mars dernier, trois femmes voilées ont dû quitter les lieux à la demande du principal de l'établissement. Prié de s'excuser par l'inspection académique, il a depuis reçu de nombreuses manifestations de soutien.
La polémique enfle. Le 22 mars dernier, pendant la journée portes ouvertes du collège Jean Bertin de Saint-Georges-sur-Baulche (Yonne), le principal a demandé à trois femmes de retirer leurs voiles. L'une d'elles, salariée de l'établissement, s'est exécutée ; les deux autres ont refusé. En conséquence, le principal les a sommées de quitter les lieux, se disant "catégorique".
Rapidement, le Directeur Académique des Services de l'Éducation Nationale (DASEN) a demandé au chef d'établissement de "présenter ses excuses" aux deux femmes refoulées ainsi qu'à l'association qu'elles représentaient, "L'Olivier 89", qui fournit une aide aux devoirs à des jeunes de l'Auxerrois. Une demande saluée par certains, conspuée par d'autres : France 3 Bourgogne fait le point sur l'affaire.
La droite et l'extrême-droite dénoncent "des pressions communautaristes", la gauche un "acte raciste et islamophobe"
De nombreuses figures politiques locales se sont rapidement emparées de la polémique, notamment des élus et ex-élus des Républicains et du Rassemblement National. L'ancien député de l'Yonne Guillaume Larrivé s'est fendu d'un message sur les réseaux sociaux, dans lequel il apporte son "soutien personnel au principal du collège Jean Bertin. Il n'a pas à s'excuser de vouloir que l'école de la République française soit préservée des pressions communautaristes", ajoute-t-il.
Il a également annoncé avoir signalé à la ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet, que "la déclaration du directeur académique des services de l'Éducation nationale, appelant le principal du collège à présenter des excuses, n'était pas appropriée".
Dans un communiqué, le député de la 3ème circonscription de l'Yonne, Julien Odoul, a quant à lui dénoncé "la reculade d'une République qui a renoncé à ses valeurs. Il est scandaleux que [le principal] soit lâché et humilié par sa hiérarchie au moment où tous les professeurs de Français sont les cibles des islamistes."
Au lieu de conforter l’autorité du principal, l’inspection académique par la voix de son directeur, Monsieur Lepetz, a sommé le chef d’établissement de présenter des excuses aux provocatrices voilées et à l’association. Le monde à l’envers !
Julien Odoul,député de l'Yonne
De son côté, la France insoumise (LFI) de l'Yonne a manifesté son soutien à l'association "L'Olivier". Là encore dans un communiqué, la section départementale du parti a évoqué son "effroi lorsque [l]es bénévoles se sont vues jetées dehors car elles portaient le voile". Elle a par ailleurs accusé "ce refoulement" de n'être "autre qu'un acte raciste et islamophobe" sous couvert de laïcité.
Le rectorat s'inscrit en faux avec la demande d'excuses
Reste que l'affaire divise au sein même des services de l'Éducation nationale. En réaction aux excuses demandées par le DASEN, le recteur de l'académie de Dijon, Pierre N'Gahane, a lui pris la défense du principal mis en cause.
"Le chef d'établissement a appliqué le principe de laïcité en prenant en considération les circonstances de l'espèce", a-t-il précisé. "Je le soutiens dans sa décision car quand la situation emporte une complexité réglementaire, c'est toujours la décision qui préserve le plus la laïcité qui doit être privilégiée."
Ce que dit la loi sur les signes religieux dans les établissements scolaires
Le port de signes religieux au sein d'établissements scolaires est défini par une loi adoptée et promulguée en mars 2004. Le texte stipule que "le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit". L'interdiction s'applique également aux enseignants, ainsi qu'à toute personne intervenant auprès des élèves, tels que les Atsem, AESH ou encore animateurs périscolaires.
Les parents d'élèves sont en revanche exemptés de cette obligation de neutralité, "y compris lorsqu'ils accompagnent des sorties scolaires ou participent à des événements festifs au sein de l'école", selon l'Éducation nationale. Ce qui était le cas des deux femmes qui ont refusé de retirer leur voile lors des portes ouvertes du collège Jean Bertin.
Pour rappel, un rendez-vous entre le principal du collège et les femmes refoulées devait être organisé dans les prochains jours. Reste à savoir si, au vu de l'emballement médiatique, il est toujours d'actualité.