En octobre dernier, Marine et Théo ont plaqué leur vie parisienne pour venir vivre à Champignelles (Yonne) avec, pour projet, la création d'une micro-ferme ouverte sur les autres et en accord avec leurs valeurs. Rencontre avec ce couple de néo-ruraux installé depuis six mois dans l'Yonne.
Théo a 25 ans et Marine, 26 ans. Le petit appartement parisien qu’ils ont quitté il y a six mois pour venir s’installer à Champignelles, dans l’Yonne, n’est désormais plus qu’un lointain souvenir.
Théo, travaillait à la SNCF et Marine, dans la finance comme manager spécialisé en développement durable et RSE (responsabilité sociale d'entreprise). Mais tous les deux rêvaient depuis quelque temps de quitter la "furie citadine et de donner du sens à leurs journées". Depuis trois ans, le jeune couple planchait sur son projet de se convertir à l'agriculture : la création d'une micro-ferme avec transformation sur place et distribution locale. Il voulait que cela devienne un lieu d'échanges. "Nous souhaitons participer à l’autonomie alimentaire de notre territoire en créant une activité économique pérenne, à faible impact environnemental et créatrice de lien social" explique le jeune couple.
Le temps de faire mûrir leur projet, de bien l'étudier et surtout de trouver l'endroit rêvé pour le réaliser, le Covid a accéléré un peu les choses. En octobre dernier, Théo et Marine décident donc d'adopter ce changement de vie radical et d'acquérir une grande maison avec 8000 m2 de terrain pour 117.000 euros en pleine campagne à Champignelles. Cette petite bourgade d'un peu plus de 1000 habitants est située à 150 kilomètres de Paris. Nous les avions d'ailleurs rencontrés un mois avant leur installation.
Des poules, un poney, et 8000 m2 de terrain à aménager
Du côté de la micro-ferme, depuis leur installation, Théo et Marina n'ont pas ménagé leurs efforts. "On a commencé à aménager l’atelier pour une partie pépinière. L’autre servira au conditionnement et à l’emballage des oeufs" détaille Théo. "On a commencé à planter en janvier nos premiers ails, oignons et échalotes."
Le couple a également commencé à préparer les lignes de plants et de semis et il a fait l'acquisition de plusieurs animaux. "Nous avons pour le moment six poules et une dizaine d'autres devraient arriver prochainement. Nous avons également un coq", précise Marine. Les néo-ruraux accueillent également depuis deux mois un poney sur leur terrain.
Théo s’est déclaré en tant qu’auto-entrepreneur pour avoir un numéro d’éleveur ce qui leur permet aujourd'hui de réaliser leur première vente d'oeufs aux habitants du village. "On travaille sur le dossier pour vendre aux professionnels" ajoute Marine. "On est train de préparer nos premières boites de 24 oeufs pour les vendre à une amie. Notre première cliente."
Un site, une newsletter et une marqué déposée
Si l'aménagement du terrain prend du temps, le couple concentre une partie de son énergie à la communication sur internet et les réseaux sociaux avec une page facebook et un compte instagram. Leur marque a été déposée et ils ont créé un site internet.
Le projet s'intitule désormais les Mar'champs. "On est super fiers", déclare Marine. "On se donne plus de temps pour organiser nos cultures, faire notre communication. Notre gros plan de travail, c'est la communication pour engager les personnes dans notre projet et faire du partage d’expérience." Ils n'hésitent pas à distiller certains conseils.
Lancement d'une cagnotte en ligne
Pour continuer à subvenir financièrement à leurs besoins et pouvoir payer leurs charges, Marine a conservé son emploi. Depuis le mois de septembre, elle est trois jours par semaine en télétravail. "Le but, c’est de ne pas se mettre en difficulté financière. On a acheté une maison et on a des charges mensuelles qui sont certes moins élevées que notre loyer à Paris, mais il faut pouvoir les assumer."
Pour pouvoir concrétiser un peu plus leur projet, ils vont lancer le 4 mars prochain une campagne de financement participatif sur la plateforme le pot commun. Cette première levée de fonds va leur permettre d'investir : "C’est pour l'achat de matériel mais aussi des espèces vivantes, comme des arbres ou des ruches", précise Théo. "On va d'abord se concentrer sur ce qu'on a choisi de mettre en oeuvre le plus rapidement comme avoir une pollinisation. C’est important pour nous."
Le jeune couple est également en train d'étudier d'autres pistes de financement. "On s’est orienté vers des aides dédiées à l’artisanat. On monte des dossiers pour obtenir des aides et financer le matériel de production." Théo et Marine ont une idée très précise de la chronologie de leur projet et ne veulent surtout pas brûler les étapes.
Une acclimatation rapide à la vie du village
Depuis leur installation, un cap a été franchi. Les deux jeunes n'ont pas chômé pour faire avancer leur projet et se faire connaître dans le village et aux alentours. Théo a obtenu un CDI dans une compagnie théâtrale locale et s'est inscrit comme pompier volontaire. "Cela me permet d'avoir de nombreux échanges avec les gens de la région. J’ai pu rencontrer des gens. Certains sont très ouverts à l’échange et au partage et notamment tout ce qui touche à la préservation de la nature."
Ils ont également adhéré au P.A.R.C, une association qui, comme le jeune couple, a pour but de mener des actions collectives pour favoriser l'autonomie alimentaire locale dans le département de l'Yonne. "Ils sont dans la même philosophie que nous. Ils nous ont accueilli avec beaucoup de bienveillance" explique Marine. "C’est rassurant."
Pour se faire connaître, le couple n'a pas hésité non plus à se présenter au maire de la commune qui se dit prêt à les aider en cas de besoin. "On n'aurait pas pensé que cela avance autant et aussi vite. C’est vraiment que du bonheur", nous confie Théo.
"Il y a aussi le plaisir des personnes âgées, les doyens de la campagne, qui sont heureux de voir des jeunes s’installer avec un vrai projet et pas des Parisiens qui viennent juste dans leur maison secondaire" explique Marine.
Proposer de la vente directe
"Comme on aura une production limitée cette année, on va travailler avec des transformateurs, des restaurateurs qui sont intéressés pour des salades, des aromates, ou des tomates" explique Théo. "On va faire d'abord de la vente directe avec par exemple les oeufs ou les salades. On veut se concentrer là-dessus pour la première année pour garder la production légumière pour notre propre consommation".
Le couple ne devrait proposer sa production maraîchère sur les marchés locaux qu'à partir de l'année prochaine. "L’année prochaine, on va viser nos premières apparitions sur les marchés locaux comme celui de Champignelles. Et après, on verra," explique Théo.
Mais leur projet ne s'arrête pas là. A l'avenir, le couple aimerait produire et développer des produits artisanaux comme des sirops, des huiles essentielles ou encore de la cire naturelle.
Quels sont les visages de l’agriculture d’aujourd’hui ? Pour les découvrir, cliquez sur un point, zoomez sur le territoire qui vous intéresse ou chercher la commune de votre choix avec la petite loupe. Bonnes balades au cœur du monde paysan.