COVID-19 : drive fermier, La Ruche qui dit oui, AMAP… l’épidémie modifie notre façon de faire les courses

L’épidémie de coronavirus COVID-19 a modifié notre façon de faire les courses. Les supermarchés sont délaissés au profit des circuits courts comme les drive fermiers, La Ruche qui dit oui, les AMAP… Ce phénomène va-t-il durer … ou pas ?

 

Pourquoi les consommateurs ont-ils modifié leur façon de faire les courses ?

Depuis que les Français sont obligés de rester confinés chez eux, leurs habitudes alimentaires ont changé en l’espace de trois semaines. 
Après le rush des premiers jours dans les grandes surfaces, les consommateurs ont pris un nouveau rythme.

Ils sortent moins et concentrent leurs courses sur un ou deux jours par semaine. Beaucoup privilégient aussi les commerces de proximité qui se situent près de chez eux. Ils sont en effet nombreux à avoir peur d’être contaminés en allant dans des magasins où il y a beaucoup de clients.
 

Ce climat explique aussi le succès des commandes par internet.
Ainsi, le Drive fermier de Côte-d'Or, installé rue Léon Delessard, à Dijon, à côté de la Brasserie du Marché de l'Agro, a vu le nombre de ses clients monter en flèche. A tel point qu’il ne peut plus satisfaire les demandes !

"En temps ordinaire, on vend 90 paniers par semaine. Actuellement, on en est à 350. On doit refuser des commandes, car on n’a plus de place pour entreposer les produits", explique Jade Rolée, accompagnante technique de la Chambre d’Agriculture qui donne un coup de main au Drive fermier de Côte-d’Or créé il y a près de quatre ans.

Le montant des paniers est aussi plus conséquent.
"Les gens commandent de tout, et en plus grandes quantités que d’habitude : des fruits et légumes, de la viande, du poisson et aussi tout ce qui manque dans les supermarchés en ce moment comme la farine, les pâtes, les œufs…

Il y a tellement de monde qu’on a dû élargir les horaires : d’habitude, les clients passaient prendre leurs commandes le vendredi de 12h30 à 19h. Mais, en ce moment, comme il y a beaucoup plus de clients, les retraits se font aussi le samedi matin de 9h à 12h."
 

Des mesures de sécurité qui rassurent

Il faut dire que l’offre est alléchante : il suffit de se connecter sur internet et de faire son choix parmi les nombreux produits proposés par une trentaine d’agriculteurs de Côte-d’Or. On peut, par exemple, préparer Pâques avec le foie gras de Pascal Laprée installé à Mont-Saint-Jean ou l'Epoisses affiné au marc de Bourgogne de la Ferme des Marronniers, à Origny-sur-Seine. Le tout dégusté avec le pain de campagne en miche ou en baguette de la Ferme aux 100 blés à Saint-Broing-les-Moines…

Une fois qu’on a fait son marché en ligne, on paie via internet et il ne reste plus qu’à passer prendre son panier le jour fixé.
C’est là un autre atout du drive en cette période d’épidémie. Les consommateurs sont attirés par les mesures de sécurité mises en place : concrètement, quand ils arrivent sur le site, les producteurs, équipés de gants et de masques, mettent directement les commandes dans les coffres des clients, sans qu'il y ait de contacts directs.

"D’habitude, c’est un moment d’échange entre les clients et les producteurs qui alimentent le drive fermier. Mais, actuellement, tout est fait pour qu’il y ait le moins d’interaction possible entre les personnes. La récupération des emballages a aussi été arrêtée pour des raisons sanitaires : auparavant, les producteurs récupéraient certains emballages comme les pots de yaourt en verre. Mais, en ce moment, tout cela est stoppé … jusqu’à nouvel ordre."

 



La Ruche qui dit oui fourmille d’activité

La Ruche qui dit oui est une autre formule de circuit court sans engagement.
Là aussi, on commande des produits locaux via un site internet et on passe prendre son panier une fois par semaine. En Côte-d’Or, on compte 8 Ruches, dont quatre à Dijon. Toutes font face à un afflux de demandes depuis le début du confinement.  

C’est le cas à La Ruche qui dit oui Voltairel’activité a presque triplé.
"D’habitude, on prépare 60 paniers par semaine et là on est à 150. On ne peut pas prendre de commandes supplémentaires, car on est limités par la logistique : on n’a pas assez de bras, pas assez de temps pour accueillir davantage de clients", explique Rudolph Taron, boulanger et responsable de La ruche qui dit oui Voltaire.

Ici aussi, le montant du panier a augmenté : il tourne en moyenne entre 40 et 50 euros. Aujourd’hui, il est passé à plus de 60 euros et les gens commandent de tout : des légumes, de la viande, du pain, des produits laitiers, etc.

"Toutes les Ruches de Dijon connaissent la même hausse de fréquentation : la plus petite (Kennedy) est passée de 20 paniers par semaine à 40 et la plus grande (Lamartine) est passée de 100 paniers à 200."
 

 

Cette nouvelle façon de consommer va-t-elle durer ?

Les consommateurs qui, en ce moment, tournent le dos aux supermarchés vont-ils continuer à se fournir chez les producteurs locaux, une fois que la crise du COVID-19 sera passée ?

Au Drive fermier de Côte-d'Or, on est plutôt optimiste. "On l’ignore, mais on se dit que - même si les chiffres vont certainement baisser - certains garderont cette habitude. On a des retours très positifs : les nouveaux clients sont très contents de la qualité des produits fournis. Ils sont aussi satisfaits de faire travailler des producteurs locaux."

A La Ruche qui dit oui, la réponse est plus nuancée. "Je pense qu’à l’occasion de cette crise sanitaire, une partie de ces nouveaux venus va vraiment prendre conscience de l’importance de faire travailler des producteurs locaux. Mais, je crains que ce ne soit qu’une minorité. Je table seulement sur 10 à 15% qui resteront à La Ruche une fois que l’épidémie de coronavirus sera passée. Mais, si c’est plus, tant mieux bien sûr", dit Rudolph Taron.


 

 

Des AMAP éphémères le temps du confinement

En tous cas, certains sont bien décidés à profiter de cette période exceptionnelle pour sensibiliser les consommateurs à ce qu’ils mettent dans leur assiette. C’est le cas à Magny-sur-Tille, une commune d’environ 900 habitants qui fait partie de Dijon métropole.

Une AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) a vu le jour dans la petite ville il y a deux ans environ. Dans ce type de circuit court, un groupe de "consomm'acteurs" s’engage sur un an à acheter la production de paysans. A Magny-sur-Tille, deux paysans maraîchers se sont installés sur des terres louées par la commune. Antoine et Ludovic fournissent des paniers de légumes à 48 foyers une fois par semaine.

Avec la crise du coronavirus et le confinement, la municipalité a décidé de proposer à ceux qui le souhaitaient de tester la formule de l’AMAP.
L’objectif est de permettre aux habitants de bénéficier d’aliments de qualité, sans être obligé d’aller faire les courses dans les supermarchés, le tout en faisant travailler des producteurs locaux. Une proposition "gagnant-gagnant" comme on dit.

"Environ 25 personnes se sont inscrites et au bout de deux semaines, les retours sont bons : les nouveaux venus se disent satisfaits de cette nouvelle façon de consommer", explique Myriam Grandgeorges, conseillère municipale qui est aussi une des référentes de l’AMAP.

"A la fin de la période d’essai, ils devront s’engager pour six mois vis-à-vis des producteurs. Le prochain contrat ira de mai à septembre. On verra ce qui se passe, mais on est confiant", dit-elle.
 


Cette initiative est suivie de près par le réseau des AMAP de Bourgogne-Franche-Comté (qui est en cours de constitution). Le réseau soutient l'action de Magny-sur-Tille et diffuse largement cette expérience afin que d'autres "AMAP éphéméres" s'organisent durant cette période de crise sanitaire. 

En effet, la plupart des AMAP de la région ont décidé de poursuivre leurs livraisons pendant l'épidémie pour aider les producteurs. Beaucoup d'entre eux ne peuvent plus fournir les restaurants ou tenir un stand sur les marchés. Une enquête est en cours pour recenser les petits paysans qui n’ont plus de débouchés pour leurs produits à cause de l’épidémie de COVID-19. Le but est de les dépanner ponctuellement en proposant leurs produits aux Amapiens.

L'expression "consomm'acteur" n'a jamais autant eu de sens qu'en ces temps d'épidémie de coronavirus !

 
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