Un mouvement de grève a commencé ce lundi 25 avril devant le magasin Lidl Joigny (Yonne). Les employés du magasin manifestent leur soutien au directeur du magasin Abdelkarim Handichi, qui selon eux a été licencié abusivement. Plusieurs salariés dénoncent des menaces et intimidations.
Ce lundi 25 avril, le personnel de Lidl Joigny, dans l'Yonne, est en grève. En cause : le licenciement jugé abusif du directeur du magasin, Abdelkarim Handichi.
Les faits : Abdelkarim Handichi a commis une erreur de procédure. A la fin février, il est envoyé en renfort dans un magasin Lidl. Sur place, il a pris quatre articles pour une valeur de 80€ puis a transféré le paiement dans son magasin jovinien. A cause de ses obligations professionnelles, le directeur licencié a réglé sa facture trois jours plus tard. D'après lui, la procédure a été validée par son supérieur. "J'ai le bordereau de transfert, j'ai toutes les preuves, je n'ai rien volé."
J’ai reçu l’appel quand j’étais au magasin. J’étais tout blanc, je suis tombé par terre
Adbelkarim Handichi, directeur licencié de Lidl Joigny
Abdelkarim Handichi devait d'abord écoper d'une mise à pied de cinq jours. Cette décision lui a été transmise par téléphone. Il a ensuite été rappelé pour se faire notifier d'une autre sanction, son licenciement.
Du soutien malgré les menaces
Le piquet de grève a donc lieu devant le magasin de Joigny mais ce n’est pas sans encombre que le mouvement s’est formé. En effet, plusieurs employés du magasin disent avoir été menacés afin de les empêcher de faire grève.
“Le responsable vente secteur m’a appelé samedi pour me dire que ce n’était pas dans mon intérêt de faire grève” explique Virginie D’Hont, chef de caisse à Lidl Joigny.
“On m’a aussi appelé pour me dire que s’il y avait grève, j’en serais la responsable" raconte Elodie Melot-Duarte, directrice adjointe du magasin.
Un autre encadrant du magasin, souhaitant rester anonyme, dit aussi avoir été menacé concernant son contrat. Il doit prochainement signer un nouveau contrat pour valider une promotion à un nouveau poste. "Mon collègue est actuellement dans le magasin, il est venu travailler parce qu'il a peur" réagit Elodie Melot-Duarte. “On n'est que des pions, ce n'est pas normal !”
Les salariés en grève racontent que les relations entre la direction et eux se sont dégradées depuis le licenciement du directeur de magasin. En revanche, d'après les salariés il n'y a pas eu d'intimidations avant la dite situation.
Une grève soutenue
L'équipe du magasin compte 21 personnes. Accompagnés d'une dizaine d'élus à la direction régionale de Lidl et de quelques habitants de Joigny, 20 employés étaient sur place.
Les employés, Adbelkarim Handichi et l'UNSA (le syndicat des salariés de Lidl) contestent le fond et la forme du licenciement.
“Nous allons rester toute la journée et demain s'il le faut. Tant que nous n'avons pas gain de cause, nous resterons” indique Mohamed Sylla, délégué syndical UNSA Lidl.
Pour le moment on respecte le code du travail...pas comme la direction"
Mohamed Sylla, délégué syndical UNSA
Pour maintenir l’activité du magasin, quelques employés d'autres départements comme l'Île-de-France ont été envoyés en renfort. “Même les renforts nous soutiennent, mais ils n’ont pas le choix que de travailler” explique Mohamed Sylla.
Nicolas Soret (PS), maire de Joigny, est venu apporter son soutien. Il était présent le matin devant le magasin Lidl Joigny.
"Je dénonce des méthodes brutales de management, manifestement fort peu respectueuses du droit du travail" s'exprime-t-il dans un post Facebook.
Pour rappel, Abdelkarim Handichi est conseiller municipal à Joigny.
Grève de la faim
Quant à la clientèle, les manifestants sur place et Mohamed Sylla affirment que personne n'empêche l'accès au magasin. Selon lui, le piquet de grève est soutenu par la clientèle.
Très affecté par la situation, Abdelkarim Handichi dénonce la brutalité de son licenciement "Je me suis donné corps et âme pour cette entreprise... On ne peut pas faire ça aux gens...Ils veulent ma mort". Il indique démarrer une grève de la faim dès mardi 26 avril.
Sollicitée, la direction du magasin n'a pas souhaité s'exprimer sur la situation.