Les 125 employés du site Marelli Automotive Lighting France de Saint-Julien-du-Sault (Yonne) ont appris, mercredi 4 octobre, la volonté du groupe de fermer l'usine. En grève, ils espèrent désormais obtenir le maintien des emplois.
Une nouvelle fermeture d'usine dans l'Yonne ? Mercredi 4 octobre, les salariés de l'usine Marelli Automotive Lighting France de Saint-Julien-du-Sault ont appris la volonté du groupe de fermer le site icaunais. 125 salariés perdraient leur emploi.
"On connaissait les difficultés du site, parce qu'on n'avait pas de projets", explique Jany Causin, délégué syndical CFTC. "On pensait qu'il allait y avoir un PSE (un plan de sauvegarde de l'emploi) qui concernerait quelques personnes, mais de là à nous annoncer la fermeture directe du site dans six mois... on est sous le choc."
Le site, installé dans cette commune près de Joigny, est spécialisé dans la production de feux arrière automobiles. Mais selon l'équipementier, l'usine n'a travaillé qu'à 30% de sa capacité ces deux dernières années et "fait état d'une perte d'exploitation significative de plus de 24 millions d'euros entre 2018 et 2022". "Les prévisions de marché sont négatives pour les années à venir", assène le groupe, qui a annoncé par la même occasion la fermeture d'une autre de ses usines françaises, à Argentan, dans l'Orne.
"Les projets, ils les donnent plutôt à des sites en Pologne ou en République Tchèque"
Des arguments que balaient les salariés. "On sait que l'usine est capable de produire et de gagner de l'argent", martèle Jany Causin. "Quand on nous donne des projets, on est capable de gagner de l'argent ! Sauf que le groupe, depuis des années, ne nous donne plus de projets. Ils les donnent plutôt à des sites en Pologne ou en République Tchèque..."
"On voyait la chose venir, mais ça s'est fait brutalement", soupire Manuela, employée de l'entreprise depuis 23 ans. "On pensait qu'on allait encore avoir deux ou trois ans de travail. Là, ils nous ont annoncé le pire. Quand on voit toutes les boîtes qui ferment dans la région, ça va être compliqué de retrouver du travail."
Car pour certains, le combat est perdu d'avance. "On se dit qu'il faut qu'on se batte au maximum", souffle Véronique, 35 ans d'ancienneté, "mais pour moi, c'est foutu. Quand on a l'épée de Damoclès au-dessus de la tête, même si ça devait repartir, ce serait difficile." En attendant une rencontre avec la direction, mardi 10 octobre, les salariés ont voté une grève à l'unanimité.
L'industrie icaunaise lourdement touchée au cours des dernières années
Pour rappel, plusieurs des sites industriels les plus importants du département ont fermé au cours des dernières années. Fin 2021, Benteler, autre équipementier automobile historique dans l'Yonne, avait annoncé vouloir fermer son usine de Migennes. Au terme de nombreux rebondissements et offres de reprises potentielles, aucune solution n'avait été trouvée et plus de 300 emplois avaient été supprimés.
En 2022, c'est l'usine SKF d'Avallon qui avait définitivement fermé ses portes après 60 ans d'existence. Là encore, aucun repreneur n'avait été trouvé, malgré des démarches entamées deux ans auparavant. 150 salariés avaient à leur tour perdu leur emploi.