Le député de la première circonscription de l'Yonne Daniel Grenon n'appartient plus au groupe RN à l'Assemblée Nationale. Il pourrait aussi être exclu du parti. Le mouvement de Marine Le Pen sanctionne ses propos sur "les Maghrébins (...) arrivés au pouvoir", lors des élections législatives. Un "tour de passe-passe", estiment certains de ses adversaires.
Il fera bande à part dans l'Hémicycle. Deux mois après sa réélection comme député de la première circonscription de l'Yonne, Daniel Grenon ne fait plus partie du groupe RN à l'Assemblée. Il siège parmi les non-inscrits. Est-il encore adhérent du parti de Marine Le Pen ? Silence radio du côté du principal intéressé et de la formation d'extrême droite.
Ce lundi 12 septembre, la commission des conflits du parti à la flamme devait statuer sur son sort. "J'attends la décision. S'ils décident de me rejeter, ils me rejettent. Ça ne m'empêchera pas de continuer mon chemin", a-t-il indiqué dans la foulée à nos confrères de France 2.
Le député a suscité un tollé suite à des propos polémiques tenus durant les élections législatives en juillet dernier. "Des Maghrébins sont arrivés au pouvoir en 2016, ces gens-là n'ont pas leur place dans les hauts lieux", avait déclaré le candidat à sa propre réélection.
Une sanction saluée par Audrey Lopez, membre du bureau de la fédération RN de l'Yonne.
On n'est plus au temps de Jean Marie-Le Pen. On a des gens qui viennent de tous les horizons. On est monté en gamme, nous sommes capables de gouverner
Audrey Lopezmembre du bureau de la fédération RN de l'Yonne
Quid d'une possible exclusion du parti ? La responsable fédérale soutient cette option : "si le RN veut gouverner, il faut qu’il montre qu’il sait le faire dans son parti".
Une exclusion qualifiée de "tour de passe-passe"
Ses adversaires politiques dénoncent un "tour de passe-passe", à l'image de Victor Albrecht, candidat Ensemble battu dans la circonscription de Daniel Grenon. Selon lui, l'exclusion du député n'aura que peu d'effets sur ses liens avec le RN :"il peut s'y rattacher administrativement et lui rapporter plusieurs milliers d'euros par an".
En effet, même sans appartenance politique, le parlementaire devra déclarer son rattachement financier à un parti avant la fin du mois de novembre, en vertu de la loi relative à la transparence financière de la vie politique du 11 mars 1988. À la clé : des subventions publiques en conséquence pour la formation choisie.
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"C'est une imposture de l'extrême droite", prolonge son adversaire de gauche Florence Loury, elle aussi défaite par Daniel Grenon en juillet dernier.
Ça ne changera rien à son vote. Il a siégé pendant deux ans aux côtés de Jordan Bardella. C'est une ambiance raciste quotidienne au sein du parti
Florence LouryAncienne candidate NFP dans la première circonscription de l'Yonne
"L'affaire sera bientôt mise sous le tapis"
La sanction engendre tout de même des conséquences matérielles. Le député ne disposera plus des avantages d'un groupe parlementaire. Il va devoir partager son temps de parole avec les parlementaires non-inscrits de différentes sensibilités.
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Ses moyens vont également drastiquement diminuer : "il n’aura plus les assistants parlementaires du groupe qui aident à se forger une opinion sur des textes, à préparer des interventions ou des amendements. Il va devoir travailler tout seul dans son coin", détaille Dominique Andolfatto, professeur de sciences politiques à l'Université de Bourgogne.
De là à dire que le député a définitivement rompu les liens avec sa famille politique ? Les avis sont partagés. "L'affaire sera bientôt mise sous le tapis. Dans deux ou trois mois, il se rapprochera de nouveau du groupe RN", anticipe l'ex-candidat macroniste Victor Albrecht.
"Si l'Assemblée est dissoute dans un an, le RN le privera probablement d'une investiture et présentera une autre personnalité qui aura toutes les chances de gagner face à lui", considère quant à lui Dominique Andoldatto. Et dans ce cas de figure, Daniel Grenon pourrait payer cher ses sorties polémiques : "Il est en sursis. Beaucoup d'illustres inconnus se sont fait élire grâce à leur étiquette RN", conclut le politologue.