Sur la tangente, entre Nièvre et Aube, l'Yonne n'échappe pas à la forte augmentation des chiffres de contamination. Les services hospitaliers constatent la forte proportion du variant anglais.
"Jamais je n'aurais pensé que ça serait arrivé", glisse Serge, un peu dépité. Positif au Covid, cet habitant du nord de l’Yonne de 58 ans est hospitalisé depuis lundi soir. Alors que son état s’est dégradé des suites de la maladie, il a dû être pris en charge par le service de réanimation de l'Hôpital de Sens et mis sous assistance respiratoire. Dernier arrivé en date, il occupe actuellement le dernier lit du service.
Sa femme, qui travaille dans le Val-d’Oise (95) avait elle-même contracté le virus. "Quand elle est rentrée, elle m’a prévenue qu’elle ne se sentait pas bien, sans savoir si elle était positive ou pas", raconte-t-il. Le couple décide de rester isolé chacun dans leur coin, mais chez eux. "Je l’ai quand même attrapé, ça va très vite".
Avec un taux d’incidence de 264 cas pour 100.000 habitants, c’est-à-dire supérieur au seuil d'alerte (250), la situation est tendue dans l'Yonne. A l'hôpital de Sens, l’équipe paramédicale a été renforcée et cinq médecins réanimateurs se relaient à tour de rôle. Mais aujourd'hui, ils se retrouvent débordée pour s’occuper des 47 personnes hospitalisées, à ce jour, pour cause de Covid. "On m’a proposé de gérer des malades que je ne pouvais pas prendre" confie Daniel Tonduangu, médecin réanimateur.
"La maladie circule"
Proche de l’Ile-de-France, déjà placée sous restrictions sanitaires renforcées, et entre l'Aube et la Nièvre, qui devraient l'être, l’Yonne échappe pour le moment à des restrictions plus strictes. Mais cette position géographique "délicate" inquiète les médecins. "On pense que la maladie circule" explique le docteur Daniel Tonduangu. "Nous ne sommes pas à l'abri et l'étau se resserre. Si les choses continuent comme ça, on risque de subir la même situation qu'en Ile de France ou dans le Nord de la France. C'est la crainte que tout le monde a actuellement."
Une situation d'autant plus difficile au sein de l'établissement qu'elle n'épargne pas les personnels soignants. "La situation commence à être longue, confie le docteur Tonduangu. On a tenu plus d'un an. On sent de la fatigue. Des personnels commencent à être de plus en plus infectés. Ils doivent être arrêtés. Et cela pose problème."
Menace du variant anglais
Comme 60% malades soignés en réanimation (ils sont 7 à Sens), Serge est positif au variant britannique, beaucoup plus contagieux que le Covid-19 classique. Dans son communiqué hebdomadaire, l’Agence de Santé Régionale (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté indiquait justement que le rebond épidémique significatif était "lié à la diffusion des variants du virus, très majoritaires dans la région à l’image du reste de la France."
- (Re)voir le reportage vidéo :
Le reportage à Sens signé Baziz Djaouti, Claude Heudes et Cécile Frèrebeau