La ville de Migennes (Yonne) se réveille comme sous une chape de plomb ce vendredi 19 novembre, après l’annonce de la fermeture du site Benteler. L’équipementier allemand n’a pas retenu les offres des repreneurs. Cette décision met en danger 400 emplois.
"C’est un terrible coup de massue", déclarait jeudi 18 novembre Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté. Au terme d’un comité social et économique (CSE) extraordinaire, la fermeture du site Benteler de Migennes, deuxième plus gros employeur de la ville, a été annoncée aux salariés. Cette fermeture pourrait entraîner la suppression de plus 400 postes.
Un repreneur potentiel avait fait une offre. Le sous-traitant automobile allemand a cependant décidé de ne pas la retenir.
Vive émotion parmi les employés
Dès l’annonce, la colère des salariés s’est fait ressentir. Ils ont cessé le travail et ont bloqué le site jeudi à la mi-journée, jusqu’à nouvel ordre. Les employés ont manifesté de vives réactions. Dans la foule, sur le site, des cris et des invectives contre les représentants de la direction.
"J’ai trente ans d’ancienneté, et on nous annonce ça", déplore une gréviste. "Merci Benteler."
Impensable que l'usine ferme comme ça.
Un salarié de l'usine Benteler de Migennes
"Dégoûté", explique l’un de ses collègues, pris de sanglots. "J’ai passé des heures… des samedis… impensable. Ce n'est pas possible que l’usine ferme comme ça."
Un sentiment général d’abandon se fait ressentir chez les salariés. Ils affirment n’avoir plus confiance en l’entreprise. Celle-ci avait assuré au début de l’été qu’un repreneur serait trouvé et qu’aucun plan social ne serait lancé. Lorsque le directeur du site a annoncé qu’une cellule psychologique serait mise en place, les employés ont protesté en criant qu’ils n’avaient "pas besoin de psychologues, mais de travail".
Au total, l'usine de Migennes compte 50 couples parmi ses employés. La fermeture serait, pour toutes les familles, une catastrophe.
Le maire de Migennes mobilisé
Au cours de la journée, le maire de Migennes, François Boucher, s'est rendu sur place pour témoigner son soutien aux salariés de Benteler.
Ce sont des êtres humains qui ont travaillé et fourni un effort important. Ce n'est pas acceptable de les traiter comme ça.
François Boucher, maire de Migennes
"On est en train de regarder réellement si Benteler est grillé avec les constructeurs, et s’ils sont en capacité de reprendre des commandes", a-t-il affirmé. "Ce n'est pas acceptable de traiter ces gens comme ça. Ce sont des êtres humains qui ont travaillé et qui ont fourni un effort important."
Lundi 22 novembre, il recevra les représentants de Benteler. L’objectif sera de trouver un moyen d’éviter la suppression des 400 emplois.
Le soutien d’une ville entière
Mardi 23, c’est toute la ville de Migennes qui s’organisera pour soutenir les salariés du sous-traitant automobile, avec une manifestation « ville morte ». Les rideaux des commerces seront baissés, pour signaler leur soutien face à la décision du groupe allemand. Si la suppression des 400 emplois se confirmait, ils en seraient eux aussi affectés.
"Économiquement, c'est vraiment un coup dur", déclare Tiphaine Delbos, boulangère. "On va perdre en clientèle qui venait se restaurer ici le midi. C'est un problème."
La mobilisation des salariés de Benteler reste cependant appuyée par les pouvoirs publics. La région Bourgogne-Franche-Comté aurait sondé le groupe Peugeot, dans l'optique d'une relance de l'activité. Le bâtiment pourrait par ailleurs être racheté par un fonds départemental. La piste du repreneur serait même à nouveau évoquée, avec une offre revue à la hausse.
Si aucune solution n'est trouvée, le site pourrait en revanche fermer dès le second semestre 2022.