Nicolas, 38 ans, est atteint de la sclérose en plaque. En juillet, avec Tom, son filleul, il va se lancer dans un périple unique. Ils comptent partir de Mont-Saint-Sulpice (Yonne) et rejoindre le Pays basque et Espelette (Pyrénées-Atlantiques) en auto-stop et sans argent.
Parcourir environ 835 Km de la Bourgogne jusqu'à Espelette en partant avec le minimum, sans argent et en autostop. Voilà le défi un peu fou dans lequel vont se lancer Nicolas, 38 ans et Tom, 17 ans. Le premier habite la commune de Mont-Saint-Sulpice, le deuxième sur la commune de Laduz. Ils se connaissant depuis plus de 10 ans.
Cette idée de périple un peu fou a germé dans la tête de ces deux Icaunais durant l'été 2020, en visionnant un épisode de Nus et Culottés, l'émission de France 5. "C'est parti de là. On s’est dit sur le ton de la blague qu’il faudrait le faire," raconte Tom. Puis les choses se sont accélérées au moment des fêtes de fin d'année. "Cela s’est concrétisé à Noël où je lui ai proposé, s’il le voulait, qu’on le fasse" explique Nicolas. Depuis Tom est devenu officiellement le filleul de Nicolas.
On est parti sur destination Espelette pour pimenter nos vies."
A travers ce projet, ils veulent renforcer ce lien filleul-parrain mais aussi porter un message d'espoir aux personnes qu'ils rencontrent sur la route. "On veut se prouver que les gens ne sont pas totalement paranos avec le virus et que certaines continuent à accueillir des inconnus."
Une fois le projet acté, il fallait choisir la destination. "On ne voulait pas d’objectif matérialisé mais plutôt un concept," explique Nicolas. Si l'idée d'aller boire un verre au bout du monde dans le Finistère tenait en premier la corde, c'est le Pays Basque qui l'a emporté. "On est parti sur destination Espelette pour pimenter nos vies," précise Nicolas.
Un défi sans argent ni logement
Le samedi 10 juillet, ils prendront la route du Pays basque avec pour seuls équipements des chaussures de randonnées, un sac à dos et un sac de couchage.
Pour réussir ce défi, Nicolas et Tom comptent avant tout sur la gentillesse et la générosité des gens pour leurs déplacements, leurs repas et leur hébergement. "On va partir sans argent, sans véhicule, sans rien. On ne comptera que sur la sympathie des gens pour avancer, nous héberger et nous nourrir," explique Nicolas.
L'idée pour eux est de se redynamiser après une année 2020 rendue compliquée par la crise du Covid et différents confinements. "C'est de se dire finalement, avec pas grand chose, on peut avoir des bonheurs simples, et pas à l’autre bout du monde mais juste à coté de chez nous," souligne Nicolas. "Certaines personnes ont perdu le côté lien social avec cette distanciation. Alors on peut faire en sorte de retisser quelque chose avec ce covid qui a éloigné les gens."
Un challenge contre la maladie
A l'origine de ce défi, si il y a la volonté pour Nicolas de pimenter sa vie, il y aussi l'objectif de surmonter la maladie. Suite à son diagnostic d'une sclérose en plaques en 2008 et un cancer des intestins en 2015, son naturel optimiste le pousse à continuer d'avancer et de se projeter. Ce voyage, il l'entrevoit comme un challenge. "Ce projet a forcément une raisonnance différente pour moi car je suis malade," explique Nicolas. "Mais l'objectif principal, c'est le rapprochement parrain filleul et ce périple que l’on va pouvoir avoir comme souvenir commun."
Souffrant de deux pathologies, Nicolas veut se servir de ce périple pour se prouver qu'il peut arriver à faire des choses même s'il sera devra quotidiennement prendre son traitement par piqûre pour la sclérose.
Le covid, un frein au projet ?
Même s'ils sont conscients des difficultés liées aux gestes barrières et notamment aux mesures de distanciation, Tom et Nicolas n'ont pas peur et se disent aujourd'hui confiants. Selon eux, le Covid ne sera pas un frein à la réussite de leur voyage.
Ils ont d'ailleurs pu le vérifier en expérimentant déjà plusieurs journées test dans le département de l'Yonne depuis le mois de mars. Nicolas qui se dit très cartésien a voulu structurer les choses avant de partir. Alors ils ont d'abord expérimenté une journée test d'auto-stop entre Mont-Saint-Sulpice et Auxerre. "Cela s’est ultra bien passé alors que c'était juste avant le dernier confinement," souligne Nicolas.
A l'issue de cette journée, ils décident d'organiser une journée avec l'objectif de trouver quelqu'un pour les nourrir à 12h. "On s'est posé à Noyers-sur-Serein avec l’idée de voir si les gens étaient aussi beaux que leur village. Et on a trouvé quelqu’un qui nous a ouvert la porte," raconte Nicolas. "On était presque gêné parce que les gens nous ont remercié d’être intervenus et de casser leur quotidien alors que c'était à nous de les remercier pour leur hospitalité."
Puis, le lundi de Pentecôte, pour leur troisième test, Tom et Nicolas décident d'essayer de trouver un toit dans la commune de Savigny-sur-Clairis. Si l'expérience fut plus difficile, ils ont quand même atteint leur objectif. "Finalement, dans une averse, on est tombé sur trois femmes qui nous ont accueilli. On a dormi là-bas. On a joué à des jeux de société, on a mangé, et surtout beaucoup discuté", raconte Nicolas.
Après ces premières expériences, Tom confie avoir vécu des moments forts en émotion. "A chaque fois qu’on est rentré d’une journée, on était comblé de joie. A chaque fois, l’expérience a été plus forte que celle d’avant." Ce qui l'a conforté lui et Nicolas à se motiver pour aller au bout de leur projet.
Un compte instagram et une caméra embarquée
Pour permettre de suivre leurs aventures, Nicolas et Tom ont créé en mars dernier un compte Instagram "Les vagabonds". Ils ont déjà posté des photos et des vidéos de leurs premiers test grandeur nature dans l'Yonne. Pour permettre de filmer leurs voyages et leurs rencontres, ils ont pu compter sur l'aide de l'association Lumières sur la SEP.
Cette association met en valeur des projets positifs autour de la sclérose en plaques. Grâce au financement d'une Gopro, Nicolas et Tom pourront filmer leur aventure et leurs rencontres tout au long du voyage. "Cette organisation va relayer toutes nos vidéos en décalé pendant tout le mois d’août. Elles vont être diffusées sur leur page," explique Tom.
Si la priorité du moment est l'épreuve du bac de français pour Tom, scolarisé au Lycée Louis Davier à Joigny, Nicolas envisage déjà d'organiser une dernière journée test. "On aimerait faire un dernier test en associant l’auto-stop, le repas du midi et le coucher chez des inconnus le soir. Faire le combo des trois choses avant de partir pour nous booster."
Si le lieu et la destination de ce dernier test ne sont pas encore décidées, cela se fera probablement dans l'Yonne. Le grand départ est prévu si tout va bien le samedi 10 juillet avec une arrivée espérée autour du 20 juillet à Espelette.