Yonne : une éolienne démontée... pour être restaurée au titre des monuments historiques

Saviez-vous que certaines éoliennes sont inscrites aux monuments historiques ? C'est le cas des éoliennes Bollée. Une soixantaine d'exemplaires existe encore aujourd’hui dont 4 dans l'Yonne. Mais ces ouvrages fragiles demandent souvent une restauration complète comme celui de La Postolle.

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L’image est spectaculaire, impressionnante, celle d’une structure d’1 tonne de métal suspendue dans le vide à une quinzaine de mètres au-dessus des habitations du village. Cette structure, c'est le rotor de l'éolienne Bollée, un des monuments emblématiques de ce village de 142 habitants. Jeudi 10 juin, une dizaine de techniciens se sont attelés à démonter en trois parties cet ouvrage atypique de 14 mètres de haut et qui pèse 6 tonnes. 

Chantal Antoine qui habite depuis 4 ans à une centaine de mètres de l'éolienne assiste au spectacle. "Rien que la grue je suis fan. C'est impressionnant", confie l'habitante. "Et puis de voir bout par bout comment ils l'enlèvent, c'est une grosse opération." 

Une installation de 1898

Cette éolienne est une invention de l’ingénieur du Mans Ernest Sylvain Bollée. Les éoliennes Bollée permettaient de pomper l'eau potable dans un puits jusqu'à 40 mètres de profondeur. Elles étaient installées dans des lieux isolés (châteaux, fermes, etc.), des lavoirs ou des fontaines publiques. La plupart des acheteurs étaient des bourgeois, des propriétaires terriens ou des communes.

Construite en 1898, l’éolienne de la Postolle assurait l'alimentation en eau du lavoir du village, ce qui facilitait la vie quotidienne des ménagères pendant des dizaines d’années. 

Un ouvrage classé monument historique

Sur la soixantaine qui subsistent encore en France, il n'en reste plus que 4 dans l'Yonne, à La Postolle, mais aussi à Arthonnay, Sens et Vaudeurs. L'éolienne Bollée de la Postolle est cependant l'une des dernières à tenir encore debout. 

Propriété de la commune, l'installation de la Postolle est classée à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1976. Elle fonctionne jusqu'en 1965 mais la mise en service une station de pompage va mettre fin à son utilisation. Faute d'entretien, l'éolienne se dégrade rapidement si bien qu'en 1973 le conseil municipal décide de la détruire.

Une artiste née au village, Hélène Kaldonski, fonde en 1975 l'Association pour la restauration de l'éolienne de La Postolle. Elle rassemble la somme de 20 000 francs qui permet sa remise en état. Depuis, la commune met tout en oeuvre pour conserver ce patrimoine du passé industriel.

"Elle n'est plus en état de fonctionner car cela serait encore des frais supplémentaires que la commune ne pourrait pas assumer," explique Daniel Lapôtre, le maire de la commune. "Donc on la garde comme monument historique. Elle témoigne des vestiges du passé."

125 000 euros de travaux

Soumise aux assauts du temps, l’ouvrage doit régulièrement faire l’objet d’une remise en beauté. Elle a déjà été restaurée à deux reprises. 

Démontée en trois parties, l'éolienne a pris la direction de Pontcharra, en Isère où elle fera l'objet d'une restauration complète du démontage au décapage de la peinture. Certaines pièces érodées par la rouille seront également changées.

"Elle part directement dans nos ateliers de sablage sur Grenoble où elle va être complètement sablée", précise Emmanuel Brunet-Manquat, chargé d'affaires chez CAN ouvrages d'art. "Et ensuite elle va être envoyée dans nos ateliers pour être diagnostiquée et ensuite réparée à l'identique. On va remplacer les fixations en essayant de conserver le maximum de pièces pour conserver l'aspect historique."

Le coût estimé des travaux est de 125 000 euros. Pour ces travaux, la commune a pu compter sur les aides et les subventions de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et de la Région. La municipalité a également lancé une souscription en ligne sur le site de la Fondation du patrimoine où il est possible de faire un don pour participer à la restauration de l'éolienne. 

Les 140 habitants du village vont devoir s’habituer à son absence pendant quelques temps. Son retour dans la commune n’est pas prévu avant l’automne. 

 

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