Vente du groupe Alstom : quelles répercussions pour le site du Creusot ?

L’entreprise française (qui fabrique notamment des TGV et des équipements pour les centrales nucléaires) est au centre d’une bataille entre deux acquéreurs. Le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg est à la manœuvre pour préserver un groupe qui emploie de nombreux Bourguignons.


 

 

Reportage de Tiphaine Pfeiffer et Cécile Clavaux avec :

  • des salariés
  • Patrick Martin, délégué syndical CGT Alstom-Transport Le Creusot
  • Patrick Maillot, délégué syndical CFDT Alstom-Transport Le Creusot


Qui veut racheter quoi ?

L'Americain General Electric veut racheter l'activité énergie du groupe, mais le gouvernement veut à tout prix éviter le démantèlement d'un fleuron industriel stratégique. L’Etat français préférerait donc la solution proposée par l’Allemand Siemens : celui-ci propose de racheter la branche énergie d’Alstom pour un montant compris entre entre 10,5 et 11 milliards d'euros. En complément du paiement, il propose de céder au groupe français sa branche transports, qui regroupe les trains à grande vitesse, les métros et les trains de banlieue. Siemens assure vouloir "maintenir les emplois en France pendant au moins trois ans".


Pourquoi les salariés bourguignons sont-ils concernés ?

Le site d’Alstom Transport du Creusot est un centre d’excellence pour les bogies (qui équipent notamment les TGV). L’établissement de Saône-et-Loire emploie environ 700 personnes et coordonne l’ensemble des sites bogies de l’entreprise. C’est pourquoi les tractations qui se déroulent actuellement autour de la maison-mère sont suivies de près par les salariés bourguignons. D’ailleurs, plusieurs syndicats d'Alstom en ont appelé au gouvernement et ont interpellé la direction de l'industriel français pour qu'elle prenne le temps d'étudier les scénarios susceptibles de pérenniser l'activité de l'entreprise.

"Ce qu'on souhaite à la CFDT, c’est qu’on prenne du temps avant de prendre une décision. On souhaiterait que les relations entre Arnaud Montebourg et Patrick Kron s’apaisent de manière à ce que les trois composantes que sont Alstom, les pouvoirs publics et les syndicats puissent se mettre autour d’une table pour discuter au fond du sujet", explique Patrick Maillot, délégué syndical CFDT Alstom-Transport Le Creusot.
"Nous, on veut que l’Etat intervienne pour que ça reste français, on ne veut pas le démantèlement du site. On n’est pas d’accord qu’une partie soit vendue et qu’on ait l’énergie d’un côté et les transports de l’autre. On pense que c’est très dangereux pour les salariés", indique pour sa part Patrick Martin, délégué syndical CGT Alstom-Transport Le Creusot.



Pourquoi l’Etat préfère-t-il l’Allemand Siemens ?

Pour Arnaud Montebourg, ministre de l’Economie, l'offre de General Electric "pose un problème pour une raison simple, c'est que l'essentiel d'Alstom, 75% de l'entreprise, 65.000 salariés dans le monde vont être dirigés depuis le Connecticut", a-t-il déclaré sur RTL lundi 28 avril 2014.
"En fait on a deux solutions pour l'instant, (...) soit on se fait racheter, pour prendre une image qui serait familière aux Français, par Boeing, soit on décide de construire Airbus", affirme le ministre de l’Economie. "Siemens propose de construire deux leaders mondiaux : un Allemand dans l'énergie et un Français dans le transport", précise Arnaud Montebourg.

Une fusion d'activités entre l'industriel allemand Siemens et son concurrent français Alstom représenterait une "grande chance" tant pour la France que pour l'Allemagne, a affirmé Stefan Rouhenhoff, porte-parole du ministère allemand de l'Economie. Il a ajouté que le ministre allemand de l'Economie, le social-démocrate Sigmar Gabriel, également vice-chancelier, était en "contact étroit" avec son homologue
français.

Quand la décision sera-t-elle prise ?

Pour l’instant, Alstom a préféré l'offre de l'américain General Electric pour le rachat de sa branche énergie. Mais, le groupe a laissé la porte entrouverte à d'autres propositions éventuelles, dont celle de l'Allemand Siemens.
Alstom va donc mettre en place un comité d'administrateurs indépendants, pour procéder, d'ici fin mai, à "un examen approfondi de l'offre, en tenant compte des intérêts de l'ensemble des parties prenantes, y compris ceux de l'Etat français". D'ici là, Alstom ne pourra pas solliciter d'autres offres, mais le groupe "s'est réservé le droit de répondre à des offres non sollicitées", se laissant ainsi des marges de manœuvres.
Quant au gouvernement, il continue à surveiller de près le dossier. Le groupe français Alstom avait déjà dû être secouru par l'Etat français en 2003-2004.


Explications de Stephane Robert
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