Christian Paul sera le 1er signataire de la motion commune de l'aile gauche du PS et des "frondeurs"

Le député de la Nièvre Christian Paul a été désigné, mardi 7 avril, premier signataire de la motion "aile gauche-frondeurs" pour le congrès du PS. Il croit "possible" une "nouvelle majorité pour le Parti socialiste", un parti qu'il entend "revitaliser".

Christian Paul, proche de Martine Aubry, a été désigné mardi soir premier signataire par plusieurs sensibilités, dont le collectif Vive la gauche (les "frondeurs") et les deux courants de l'aile gauche. Il va donc affronter, au nom de sa motion, le suffrage des militants socialistes le 21 mai, tout comme Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire candidat à sa succession et comme la députée Karine Berger, première signataire d'un pôle auto-désigné "les non-alignés".

"Je souhaite construire une nouvelle majorité pour le parti socialiste. Je la crois possible", a déclaré le député de la Nièvre. "Ma mission est de redonner fierté et confiance à tous ceux qui au PS ne se résignent pas, ni aux défaites électorales, ni au rétrécissement de la majorité", a-t-il ajouté. Selon lui, l'accord obtenu sur une motion commune est "la bonne surprise de ce congrès. Cela fait mentir toutes les prophéties selon lesquelles c'était joué d'avance. Tout le monde pariait sur la division. Le PS offrira le visage du débat""J'ai accepté cette mission en disant qu'il n'y aurait pas de déchirement, mais plutôt un PS qui offre le visage du débat", a déclaré Christian Paul. "Nous voulons le réveiller, le revitaliser". Car pour lui, "depuis trois ans, le parti n'a pas trouvé sa juste place entre le parlement et le gouvernement."

"Un signal à l'électorat de Martine Aubry et d'Arnaud Montebourg"


Selon le calendrier du PS, les motions pour le congrès de Poitiers (5 à 7 juin) doivent être déposées d'ici samedi, jour d'un conseil national (parlement) du parti. Les courants de l'aile gauche du Parti socialiste et les "frondeurs", en se mettant d'accord sur une motion commune, estiment avoir réussi un "coup", qui ne laisse pas présager d'un congrès facile pour la majorité. "Ce n'était pas joué d'avance. On a quand même réussi un bon coup", se félicitait mercredi un membre de "Maintenant la gauche", l'un des deux courants de l'aile gauche, qui est parvenu dans la nuit à faire "motion commune" avec l'autre sensibilité, celle de l'ex-ministre Benoît Hamon, Un monde d'avance, et les "frondeurs" de Vive la gauche.

Signe de leur réussite à leurs yeux : le premier signataire de celle-ci est le député Christian Paul, un des animateurs des "frondeurs", ces socialistes qui contestent, au PS, et en particulier à l'Assemblée, la politique économique du gouvernement, en particulier depuis la déroute du parti aux municipales en mars 2014. C'est "un signal à l'électorat de Martine Aubry et d'Arnaud Montebourg", se félicitait-on à l'aile gauche. Car Christian Paul est un proche de Martine Aubry (lorsqu'elle était patronne du PS, il dirigeait le "Laboratoire des idées" en vue du projet du PS pour 2012). Ce député de la Nièvre revendique par ailleurs une "fraternité ancienne" avec son voisin de circonscription Arnaud Montebourg, qu'il a aussi côtoyé au sein du Nouveau parti socialiste au début des années 2000.

Une alliance inespérée il y a encore quelques mois


D'où un "rassemblement plus large qu'escompté" de signataires du texte qui va, au-delà de l'aile gauche traditionnelle, de certains proches de Martine Aubry (Daniel Goldberg), d'Arnaud Montebourg (Aurélie Filippetti, Patrice Pratt), à l'ex-strausskahnien Laurent Baumel... L'alliance des deux "ailes" gauche n'était pas non plus gagnée il y a quelques mois. "Il a fallu rabibocher plusieurs fils", admet un membre de l'une des deux.

En 2012, au congrès de Toulouse, le courant d'Emmanuel Maurel, qui avait fait un score honorable avait peu goûté au fait que Benoît Hamon et ses amis rejoignent la motion majoritaire d'Harlem Désir. Et peu apprécié sa participation au premier gouvernement de Manuel Valls. Benoît Hamon, pourtant poussé par son entourage -depuis l'automne dernier et sa sortie du gouvernement- à postuler au poste de premier secrétaire, tout comme Emmanuel Maurel, ont également mis de coté leurs ambitions personnelles.

Leur motion, "en voie d'être bouclée", demandera des "inflexions fortes pour essayer de sauver le quinquennat", avec des mesures à court terme pour "les plus défavorisés, sur le logement, l'équilibre territorial", selon l'eurodéputé Guillaume Balas, proche de M. Hamon. Le texte veut aussi en finir avec "la stricte allégeance" du parti au gouvernement, selon lui. "Du fait de cette alliance, ce ne sera pas un congrès piloté d'avance. Ce sera un congrès assez dur, avec un vrai débat politique", a confié à l'AFP un conseiller ministériel fin connaisseur du parti.

"A Jean-Christophe Cambadélis, on apporte la preuve non seulement que le congrès n'est pas joué d'avance mais aussi que la situation n'est pas simple pour la majorité sortante", a estimé M. Maurel. Gros bémol à ce stade : Martine Aubry et ses proches n'avaient toujours pas fait connaître leurs intentions, mais n'ont jamais évoqué un rapprochement. "Nous continuons à dialoguer jusqu'à vendredi minuit", date limite de dépôt des motions, a assuré Christian Paul. "C'est mieux si elle en est (de la motion commune), mais ce n''est pas perdu si elle n'en est pas", se rassurait un "hamoniste". "Elle se détermine toujours sur le fond. Je sais, ça agace, c'est embêtant. Mais elle n'a pas encore la motion que je vais proposer, nous sommes en train de l'écrire", a mis en avant sur RTL le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, candidat à sa succession, qui compte bien rallier l'ex-première secrétaire.

Les militants voteront sur les motions dans chaque section le 21 mai. Une troisième motion sera déposée, celle des "non-alignés", animée par la députée des Hautes-Alpes Karine Berger.
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